11

La démence de masse dans l’establishment occidental

Par où commencer pour analyser la folie des médias grand public en réaction à la réunion Trump-Putin à Helsinki ? En se concentrant sur l’individu, la psychologie a négligé le problème de la folie de masse, qui a maintenant submergé l’establishment américain, ses médias et la plupart de ses filiales européennes. Les individus peuvent être sains d’esprit, mais en tant que troupeau, ils sont prêts à sauter de la falaise.

Depuis deux ans, un certain groupe de pouvoir cherche à expliquer sa perte de pouvoir - ou plutôt sa perte de la Présidence, puisqu’il détient encore une prédominance de pouvoir institutionnel - par la création d’un mythe. Les médias grand public sont connus pour leur comportement grégaire et, dans ce cas, les rédacteurs en chef, les commentateurs et les journalistes se sont convaincus d’une histoire qu’au départ ils ne pouvaient guère prendre au sérieux.

Donald Trump a été élu par la Russie ?

À première vue, c’est grotesque. D’accord, les États-Unis peuvent réussir à truquer des élections au Honduras, ou en Serbie, ou même en Ukraine, mais les États-Unis sont un peu trop grands et complexes pour laisser le choix de la présidence à un barrage de messages électroniques totalement ignorés par la plupart des électeurs. Si tel était le cas, la Russie n’aurait pas besoin d’essayer de "saper notre démocratie". Cela signifierait que notre démocratie était déjà minée, en lambeaux, morte. Un cadavre debout prêt à être renversé par un tweet.

Même si, comme on le prétend sans preuve, une armée de bots russes (encore plus grande que la fameuse armée de bots israélienne) assiégeait les médias sociaux avec ses calomnies contre Hillary Clinton, cela ne pouvait déterminer le résultat d’une élection que dans un environnement de vide, sans aucune autre influence sur le terrain. Mais il s’est passé beaucoup d’autres choses lors de l’élection de 2016, certaines pour Trump et d’autres pour Hillary, et Hillary elle-même a marqué un but décisif contre son camp en dénigrant des millions d’Américains comme "déplorables" parce qu’ils n’entraient pas dans sa clientèle électorale identitaire.

Les Russes n’ont rien pu faire pour faire aimer Trump, et il n’y a pas le moindre indice qu’ils aient essayé. Il est possible que des Russes ont peut-être fait quelque chose pour nuire à Hillary, parce qu’il y avait vraiment de quoi : les courriels de serveurs privés, la fondation Clinton, le meurtre de Moammer Gaddafi, l’appel pour une zone d’interdiction de vol en Syrie (qui impliquait un conflit direct avec l’aviation russe) … ils n’avaient rien à inventer. Tout était là. Il en était de même pour les entourloupes du Comité national démocrate (DNC), sur lequel se concentrent les accusations d’ingérence russe qui aurait faire perdre la Clinton. En effet, obsession avec le DNC sert à faire oublier des choses bien pires.

Quand on y pense, le scandale du DNC s’est concentré sur Debbie Wasserman Schultz, et non sur Hillary elle-même. Les cris sur le "piratage du DNC par les Russes" ont détourné l’attention des accusations beaucoup plus graves contre Hillary Clinton. Les partisans de Bernie Sanders n’avaient pas besoin de ces "révélations" pour cesser d’aimer Hillary ou même pour découvrir que le DNC travaillait contre Bernie. Cela était toujours parfaitement évident

Ainsi, au pire, les "Russes" sont accusés de révéler des faits relativement mineurs concernant la campagne Hillary Clinton. La belle affaire.

Mais c’est suffisant, après deux ans de faux-semblants, pour envoyer l’establishment dans une frénésie d’accusations de "trahison" lorsque Trump fait ce qu’il a dit qu’il ferait pendant sa campagne, à savoir essayer de normaliser les relations avec la Russie.

Cette hystérie ne vient pas seulement du courant dominant américain, mais aussi de l’élite européenne qui a été bien dressée pendant soixante-dix ans en tant que caniches, teckels ou corgis obéissants dans la ménagerie américaine, par le biais d’un contrôle intense par les associations américaines de "coopération" transatlantique. Ils ont fondé leur carrière sur l’illusion de partager l’empire mondial en suivant les caprices des États-Unis au Moyen-Orient et en transformant la mission de leurs forces armées de la défense en unités d’intervention étrangères de l’OTAN sous commandement américain. N’ayant pas réfléchi sérieusement aux implications de cette situation depuis plus d’un demi-siècle, ils paniquent à l’idée d’être abandonnés à leur sort.

L’élite occidentale souffre maintenant de démence auto-infligée.

Donald Trump est tout sauf éloquent, maniant la langue avec un vocabulaire restreint et répétitif, mais ce qu’il a dit lors de sa conférence de presse à Helsinki était honnête et même courageux. Avec toute la meute à ses trousses, il a refusé et à juste titre de cautionner les "constatations" des services de renseignement américains, quatorze ans après que ces mêmes services "ont constaté" que l’Irak regorgeait d’armes de destruction massive. Que pouvait-il faire d’autre ?

Mais pour les médias grand public, "l’histoire" au sommet d’Helsinki, la seule qu’il fallait raconter au public, était la réaction de Trump à l’accusation d’ingérence russe dans notre démocratie. Avez-vous été élu ou non grâce à des pirates russes ? Tout ce qu’ils voulaient, c’était une réponse par oui ou par non. La réponse ne pouvait pas être oui. Alors ils ont pu rédiger leurs articles à l’avance.

Quiconque a fréquenté les journalistes grand public, en particulier ceux qui couvrent les "grands sujets" sur les affaires internationales, est conscient de leur conformisme obligatoire, à quelques exceptions près. Pour obtenir l’emploi, il faut avoir des "sources" importantes, c’est-à-dire de bonnes relations avec des porte-parole du gouvernement qui sont prêts à vous dire ce qu’est "l’histoire", souvent sans être identifiés. Une fois que les journalistes savent ce qu’est "l’histoire", la concurrence s’installe : la concurrence sur la façon de la raconter. Cela conduit à une escalade de rhétorique, de variations sur le thème : "Le Président a trahi notre grand pays à l’ennemi russe. Trahison !"

Ce refrain démentiel sur le "piratage russe" a empêché les médias grand public de faire leur travail. Sans même mentionner, et encore moins analyser, les vrais enjeux du sommet. Pour trouver une analyse, il faut aller en ligne, loin des fausses nouvelles officielles, vers des reportages indépendants. Par exemple, le site "The Moon of Alabama" offre une interprétation intelligente (VF - NdR) de la stratégie Trump, qui sonne infiniment plus plausible que "l’histoire". Bref, Trump tente d’éloigner la Russie de la Chine, dans une version inversée de la stratégie de Kissinger il y a quarante ans pour éloigner la Chine de la Russie, évitant ainsi une alliance continentale contre les Etats-Unis. Cela risque fort de ne pas fonctionner parce que les États-Unis se sont montrés si peu dignes de confiance que les Russes prudents sont très peu susceptibles d’abandonner leur alliance avec la Chine pour du vent. Mais c’est tout à fait logique en tant qu’explication de la politique de Trump, contrairement à ce que nous avons entendu de la part des sénateurs et commentateurs sur CNN.

Ces gens ne semblent avoir aucune idée de ce qu’est la diplomatie. Ils ne peuvent pas concevoir des accords qui seraient bénéfiques pour les deux parties. Non, ça doit être un jeu à somme nulle, le gagnant prend tout. S’ils gagnent, nous perdons, et vice versa.

De plus, ils n’ont aucune idée du tort causé aux deux parties si elles n’arrivent pas à trouver un accord. Ils n’ont pas de projet, pas de stratégie. Ils détestent Trump, point.

Celui-ci semble totalement isolé, et tous les matins je regarde les nouvelles pour vérifier s’il a été assassiné.

Pour nos moralistes manichéens, il est inimaginable que Poutine soit aussi sous le feu des tirs chez lui pour n’avoir pas reproché au président des États-Unis les violations des droits de l’homme à Guantanamo, les frappes de drones meurtrières contre des citoyens sans défense dans tout le Moyen-Orient, la destruction de la Libye en violation du mandat de l’ONU, l’ingérence dans les élections d’innombrables pays par des "organisations non gouvernementales" financées par le gouvernement (la National Endowment of Democracy), l’espionnage électronique mondial, les invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, sans parler de la plus grande population carcérale du monde et des massacres réguliers d’écoliers. Mais les diplomates russes savent être polis.

Cependant, si Trump réussit à faire un "deal", il peut y avoir des perdants - pas les Etats-Unis, ni la Russie, mais des tiers. Lorsque deux grandes puissances s’entendent, c’est souvent aux dépens de quelqu’un d’autre. Les Européens de l’Ouest ont peur que ce soit à leur dépens, mais ces craintes sont sans fondement. Tout ce que Poutine veut, ce sont des relations normales avec l’Occident, ce qui n’est pas grand-chose à demander.

Au contraire, le candidat en tête de liste pour payer le prix sont les Palestiniens, ou même l’Iran, de manière marginale. Lors de la conférence de presse, interrogé sur les domaines possibles de coopération entre les deux puissances nucléaires, Trump a suggéré que les deux pourraient convenir d’aider Israël :

"Nous avons parlé avec Bibi Netanyahu. Ils aimeraient faire certaines choses à l’égard de la Syrie, en ce qui concerne la sécurité d’Israël. À cet égard, nous aimerions absolument travailler pour aider Israël. Israël travaillera avec nous. Ainsi, les deux pays travailleraient ensemble."

En termes politiques, Trump sait où se trouve le pouvoir politique et compte sur l’influence du lobby pro-israélien, qui reconnaît la défaite en Syrie et l’influence croissante de la Russie, pour se sauver des impérialistes libéraux - un pari audacieux, mais il n’a pas beaucoup de choix.

Sur un autre sujet, Trump a dit que "nos militaires" s’entendent avec les Russes "mieux que nos politiciens". Il s’agit d’un autre pari audacieux, sur le réalisme militaire qui pourrait en quelque sorte neutraliser le complexe militaro-industriel-congressionnel qui fait pression pour obtenir de plus en plus d’armes.

En bref, la seule chance de mettre fin à la menace de guerre nucléaire peut dépendre du soutien d’Israël et du Pentagone à Trump !

Les globalistes néolibéraux hystériques semblent avoir exclu toute autre possibilité - et peut-être même celle-ci.

"Le dialogue constructif entre les Etats-Unis et la Russie offre l’opportunité d’ouvrir de nouvelles voies vers la paix et la stabilité dans notre monde" a déclaré Trump "Je préfère prendre un risque politique dans la poursuite de la paix plutôt que de risquer la paix dans la poursuite de la politique".

C’est plus que ce que ses ennemis politiques peuvent prétendre.

Diana Johnstone

Traduction "est-ce la presse qui empire de jour en jour ou est-ce moi qui lis de mieux en mieux entre leurs lignes ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

20/07/2018 23:48 par Zlatan...

juste un petit problème
Dans le préambule de ce texte il est écrit : "la réunion Trump-Putin"
je pense qu’il s’agit là d’une erreur

Cordialement

21/07/2018 10:09 par legrandsoir

Laquelle ?

22/07/2018 16:24 par Pelo Pincho

Voici la source originale que Le Grand Soir oublie systématiquement de signaler :

Donald Trump was Elected by Russia ? Mass Dementia in the Western Establishment
https://www.globalresearch.ca/donald-trump-was-elected-by-russia-mass-dementia-in-the-western-establishment/5648031

Merci de faire un effort d’honnêteté intellectuelle,
Sinon belle traduction, merci !
Pelopincho

22/07/2018 23:09 par legrandsoir

L’article nous a été envoyé directement par l’auteure.
Il a probablement été traduit avant sa publication en anglais.
A part ça, nous signalons toujours les sources (lorsque nous les connaissons).

22/07/2018 19:01 par Grand-mère Michelle

De toute évidence, D.Trump est un type instable, pas très "futé", en tout cas peu et/ou mal informé (car s’informer correctement prend bcp de temps, que son intense activité, de représentation de sa petite personne, ne lui laisse pas), par ailleurs influençable et sans bcp de suite dans les idées.
Mais croire qu’un président, fût-il celui des États-Unis ou de la Russie, "préside" réellement aux destinées de son pays (et du monde globalisé) me semble aussi fort naïf : ces élus du peuple doivent obéir prioritairement aux instances, politiques et économiques, qui ont permis leur élection.
C’est pourquoi j’ai été stupéfaite de son récent positionnement "d’homme de paix", lors de sa rencontre avec Vl.Poutine(qui a dû en être tout aussi surpris !) Sous ce joli,poli, discours appelant à "la paix et la stabilité dans notre monde", je soupçonne une entente entre lui et le "complexe militaro-industriel-congressionnel qui fait pression pour VENDRE(et non pas OBTENIR comme vous l’écrivez précautionneusement) de plus en plus d’armes".
Car, pour les deux guerres mondiales et la guerre froide qui s’en est suivie(guerre entre deux systèmes, gagnée par le capitalisme sur le communisme), comme pour toutes les guerres, le "nerf" a toujours été le pouvoir et/de l’argent.
L’actuelle "guerre commerciale", qui dit enfin son nom, causée par le dynamisme et les nouvelles forces des pays émergents, va prendre en compte la raréfaction des ressources énergétiques, l’affaiblissement des ressources humaines et environnementales, et la "nouvelle conscience" des populations informées, pour livrer des batailles qui, soyons-en sûrs, seront aussi destructrices et mortifères que les précédentes. Le problème étant que ce seront surtout nos droits et nos libertés(à nous, les "occidentaux" qui vivons en paix) qui vont en pâtir.
En effet, le "réalisme militaire" est à présent, non seulement de détruire des régions entières(comme le moyen-orient) afin de les reconstruire en y consolidant ses "parts de marché", mais aussi de répandre la peur et l’angoisse(du "terrorisme", des "migrants", des "voleurs et cambrioleurs", des "maladies et poisons", des "hackeurs", etc...) afin de vendre toute la technologie qui protégera les gentils consommateurs dociles, et ainsi de continuer à les surveiller et les maintenir en esclavage pour produire cette technologie... et toute la merde qui nous nourrit et nous abrutit...
Trump et Poutine vont bientôt mourir(comme vous et moi), peut-être même avec le prix Nobel de la Paix, mais que restera-t-il de l’actuel sursaut citoyen qui s’inquiète de la survie des futures générations d’humains, de bêtes et de plantes ?
ATTENTION : quand les puissant-e-s ont l’air de s’entendre, ça ne présage rien de bon pour les peuples qu’ils/elles oppriment !
Quand l’Europe va-t-elle s’imposer en tant qu’entité politique puissamment démocratique(à l’écoute des citoyen-ne-s) ?
Quand l’Afrique va-t-elle s’unir pour organiser la gestion de ses formidables ressources(au profit des peuples qui l’habitent) ?
Quand cesserons-nous de croire que nous avons besoin de ces super-puissances fourbes et intrigantes ?
Combien de temps perdrons-nous encore à les suivre dans leur folie paranoïaque et destructrice ?
Pendant combien de temps laisserons-nous encore le Marché nous dicter sa loi ?
Quand serons-nous enfin, chacun, chacune, des humains, respectueux les un-e-s des autres et de tout ce qui vit autour de nous, libres et solidaires, plutôt que des troupeaux de moutons bêlants, apeurés autour de leurs bergers politiques ou religieux qui ne pensent qu’à les tondre, les traire et les bouffer !?

22/07/2018 23:54 par Dominique

La psychopathie dans notre société n’est pas limitée aux seules élites occidentales mais touche son ensemble. Vu le succès des formations politiques d’extrême-droite et comment même les syndicats défendent les places de travail dans l’industrie d’armement ou dans des multinationales championnes de l’évasion fiscale (elles appellent cela de l’optimisation et c’est légal sauf pour les prolétaires), des pots de vin et parfois (souvent ?) de pratiques encore bien pires que ça, il est évident que peu nombreux sont celles et ceux qui y échappent totalement.

De Le narcissisme pathologique de la civilisation par Nicolas Casaux :

« Les psychopathes ne ressentent rien pour les autres mais seulement pour eux. Ils ressentent bien biologiquement des émotions mais psychologiquement les troubles caractériels de leur maladie viennent troubler et altérer le ressenti de ces émotions. Ils n’ont aucun sentiment envers les autres. Toute émotion est ramenée à eux de n’importe quelle façon. Les autres ne sont que des objets qui servent à assouvir leurs envies. Ce problème d’absence d’empathie explique pourquoi ils n’ont aucune morale et donc aucune limite à faire du mal à autrui physiquement et moralement. D’où leur dangerosité. »

« […] aucune limite à faire du mal à autrui physiquement et moralement ». On ne saurait mieux décrire le comportement de la civilisation industrielle vis-à-vis des humains comme des non-humains. D’où l’exploitation organisée de l’être humain par l’être humain. D’où la « sixième extinction de masse » (expression digne de la novlangue orwellienne que l’on utilise pour désigner la destruction ou l’extermination massive des espèces vivantes par la civilisation industrielle).

La psychopathie de la culture dominante repose sur une forme de trouble narcissique, cet « amour excessif (de l’image) de soi, associant survalorisation de soi et dévalorisation de l’autre ». Sans cette dévalorisation de l’autre, cette absence d’empathie, de préoccupation pour l’autre, pour les autres (espèces vivantes), nous ne serions pas, en tant que culture, en train de dévaster la planète et d’exterminer ses habitants non humains. Sans cette absence d’empathie, de préoccupation pour l’autre, pour les autres (êtres humains), nous ne serions pas, en tant que culture, en train d’asservir et d’exploiter notre prochain de manière systémique. Une des principales raisons pour lesquelles nous en sommes rendus dans la situation désastreuse où nous sommes aujourd’hui correspond donc au narcissisme et à la psychopathie culturels de la civilisation industrielle. C’est parce que, de manière systémique (culturelle), nous ne nous soucions pas des autres (êtres humains ou espèces non humaines), mais seulement de nous-mêmes (l’individualisme de nos sociétés modernes), que nous les exploitons ou que nous les détruisons.

Ce genre de pensée est très répandue. Ici c’est la faute des russes si le clan financier a perdu la main au profit du clan industriel, mais aucun de ses deux clans, par ailleurs intimement liés (les marchands d’armes et leurs clients furent les premiers clients des banques et cette alliance est telle que les débuts de la révolution industrielle fut financée par les bénéfices tirés de la guerre de l’opium). Écoutez des politiques discuter du fléau de la drogue, ils vont vous dire que c’est la faute des dealers de rues, surtout si ceux-ci sont noirs, et il va se trouver des opportunistes comme en Suisse il y a quelques semaines un certain Fernand Melgard, cinéaste en manque de notoriété auteur de films sur la migration qui manquent totalement de mise en perspective et donc qui ne sont que du voyeurisme, qui a fait un foin pas possible en s’alliant à la droite. Résultat, état d’urgence à Lausanne avec des flics partout qui harcèlent encore plus les plus démunis. Quand vous rappelez à ces gens le rôles de la Suisse qui, entre autre, vend des armes de guerre qui se retrouvent dans toutes les zones de conflit et que donc ils feraient mieux de lever le secret d’état afin que les flics puissent faire leur travail de façon efficace et arrêtez les gros dealers et de libéraliser les drogues afin de pouvoir les taxer et ainsi prendre la mafia au porte-monnaie, ils vous répondent tous partis confondus : "Vous avez raison (sic ! je n’en attendais même pas autant de la part de ces gens). Mais c’est utopique !" et continue à discuter de plus de répression dans les rues. Ce fut une discussion très intéressante qui m’a confirmé à quelle point beaucoup de gens (il n’y avait pas que des politiques) se sont simplement assis sur l’utopie, ont tiré la chasse d’eau après s’être relevés et ont fermé la porte en partant. Par contre, désigner des boucs émissaires, ça ils savent faire.

Dans ce contexte, la vie de Fidel Castro est remarquable. Vu sur une pancarte à Cuba : "Combattre l’impossible et vaincre."
Je ne sais pas si c’était sa devise - s’il en avait une, mais sa vie remarquable nous montre que c’est possible, que c’est possible ici et maintenant.

23/07/2018 14:19 par Assimbonanga

« Informer n’est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
France Inter ne semble pas franchement frappée par cette évidente devise. Ce matin, un entrefilet vite-fait nous a signalé l’arrivée en Europe de Steve Banon, un émissaire de Trump, un facho de première catégorie. Mais France Inter n’en a pas fait ses gros titres et n’a pas sonné le tocsin. Pourtant tous les indices concordent. Ce mec est en cheville avec les Le Pen, il est bel et bien en soutien de l’extrême-droite européenne mais France Inter continue d’employer le pudique adjectif de "populiste". Il faut croire que prononcer le mot "fasciste" n’est plus possible ni décent. Cachez cette vérité que nous ne saurions voir !
Alors, faut pas s’étonner que France Inter (et ses semblables : France télévision, France Info, Arte...) ne puissent pas dire qu’en Amérique Latine la "jeunesse rebelle qui se soulève contre les dictateurs" est en réalité de nature fascisante et putchiste. Nos grandes radios et télés de gauche n’osent plus dire la vérité dans son réalisme. On est tombé bien bas.
« Informer n’est pas une liberté pour la presse mais un devoir »

23/07/2018 23:40 par legrandsoir

Examinons par exemple les sempiternelles accusations d’atteintes à la « liberté de la presse » (au Venezuela). Dans un pays où l’écrasante majorité des médias est entre les mains de l’opposition (et quelle opposition !), une telle accusation s’appuie sur rien, et ne peut que s’appuyer sur rien. Le seul (mauvais) exemple qu’ils ont à nous offrir - lorsqu’ils daignent nous en offrir un - est celui de la « fermeture de la chaîne de télévision RCTV ». Une chaîne qui a activement participé à un coup d’état contre un président élu, et à qui le gouvernement vénézuélien décide de ne pas renouveler le bail d’exploitation des ondes hertziennes. Ce qui veut dire en clair que cette chaîne émet encore, mais via le câble et le satellite. Ce qui veut dire que la chaîne n’a pas été « fermée » mais que, eu égard à ses tendances avérées à commettre des actes qualifiables de « crime » dans probablement n’importe quel pays du monde, eh bien ma foi il a été considéré que le susdit comportement était en quelque sorte comme qui dirait « en contradiction » avec le contrat du bail de location des dites ondes hertziennes (domaine public par définition) offertes par le gouvernement. Le même gouvernement que la chaîne RCTV a justement tenté de renverser par la force. En un mot comme en cent : le gouvernement vénézuélien, dans la mesure où la totalité de la rédaction de RCTV ne s’est pas retrouvée au fond d’une oubliette, a pris une décision d’une « gentillesse » tout à fait inhabituelle, pour ne pas dire incongrue...

Vous louez un appartement à quelqu’un. Ce quelqu’un tente de vous tuer (littéralement). Au lieu d’appeler la police, vous lui envoyez une lettre recommandée pour l’informer que son bail de location ne sera pas renouvelé. Franchement, existe-t-il un autre pays au monde où les choses se seraient déroulées ainsi ?

Tout ça, « ils » le savent. Mais peu « leur » importe. A « leurs » yeux, le non-renouvellement du bail est un acte impardonnable. Plus impardonnable encore que la participation d’un média à un coup d’état. Ce qui sous-entend que les médias tolèrent parfaitement l’idée qu’un média puisse participer à un coup d’état contre un gouvernement démocratiquement élu. Ce qui veut dire que ça ne les gêne pas plus que ça. Ce qui veut dire qu’ils en seraient capables.

Suis-je le seul à sentir ce vent mauvais qui se lève ?

https://www.legrandsoir.info/ce-dangereux-vent-de-folie-qui-souffle-sur-les-medias-ou-les-revelations-post-mortem-de-chavez.html

23/07/2018 17:09 par Grand-mère Michelle

@Dominique

Entièrement d’accord avec votre analyse du phénomène actuel de l’attachement à "l’image que l’on donne de soi" plutôt qu’à "la réalisation de soi", si habilement utilisé par nos dirigeant-e-s pour nous faire faire ce qu’ils/elles veulent.

Sur la question des pathologies généralisées qui permettent à de vrais cinglés de s’imposer en "maîtres du monde" (Hitler était typiquement un paranoïaque profond : ayant peur d’être soumis à l’un ou l’autre pouvoir, il ne pouvait s’imaginer que de TOUT dominer, contrôler), je voudrais signaler ce que je considère comme la principale faiblesse "d’esprit" du genre humain, que ce soit au niveau individuel ou de celui du "groupe" : la peur de manquer(du nécessaire vital-ce qui conduit à la souffrance et à la mort) et de mourir(de disparaître-d’où le succès des religions du Livre, qui promettent la "vie éternelle" et même la "résurrection").
Cette faille, cette sourde peur, qu’on peut considérer comme une composante de l’être humain plutôt que comme une maladie, relève surtout de sa part animale(mammifère), inconsciente, d’être vivant dans un monde particulièrement cruel(car la vie se nourrit de la vie).
C’est aussi cette peur qui a fait de l’être humain un "être social" se regroupant en diverses sociétés, ce qui lui a permis de subsister malgré le peu de défenses dont il était pourvu(découverte de la nécessité de la solidarité).

À noter que "l’économie", qui nous gouverne aujourd’hui et nous impose notre modus vivendi, fut, au départ, le moyen d’économiser(entasser, conserver), dans les moments d’abondance, les différents biens qui auraient pu manquer en périodes de disette.

En d’autres temps, des hordes sauvages(comme celles qui ont envahi l’actuelle Hongrie) se contentaient de s’approprier d’autres territoires lorsque ceux qu’ils occupaient ne leur semblaient plus en mesure d’assurer leur sécurité d’existence et de reproduction.
Plus récemment, nous avons vu l’action colonisatrice de nombreux pays désireux de s’assurer plus de prospérité(car, pour ne pas risquer de manquer, il vaut mieux avoir toujours plus).
Cependant, si des chefs de bandes ou d’États "exaltés, galvanisants", ont pu exercer ces sombres œuvres toujours prédatrices et dévastatrices, c’est bien parce qu’ils furent suivis et encouragés par des populations apeurées qui leur faisaient confiance(j’en reviens à mes petits moutons).
Pourtant, après les horreurs ultimes de la seconde guerre mondiale, dévoilées grâce au formidable "boum" des moyens de communication(qui a permis l’ouverture des consciences et le développement des intelligences), il fut décidé "PLUS JAMAIS ÇA".
Hélas, si les grandes puissances qui avaient pris cette bonne résolution ont cessé de se faire la guerre, elles n’ont pas arrêté pour autant de développer un arsenal "de dissuasion" allègrement utilisé offensivement ailleurs, tout en opprimant leurs propres populations(avec des taxes et des mensonges) et en les divisant(les plus ou moins riches versus les plus ou moins pauvres) afin de les rendre toujours plus corvéables, dociles et consentants, partenaires des plus indignes projets, des plus néfastes négligences, avec pour seule promesse de "garantir leur sécurité" !
Et ça marche... dans une certaine mesure...
Car nous sommes nombreux-ses, nous qui avons compris que tout ce qui vit est inter-dépendant et qui, plus que notre propre disparition, craignons la disparition de la Vie. Puissions-nous nous rassembler pour résister à la folie destructrice et manipulatrice de ceux et celles qui, stupidement, nous dirigent vers l’anéantissement(en se réservant une petite place sur Mars !).

25/07/2018 21:52 par alain harrison

Une convergence est sans doute en voie de réalisation, c’est ce que me fait ressentir l’ensemble des commentaires.
Maintenant, concevoir le passage du système vers la Démocratie participative, le lieu du changement de paradigme écolo-social-économique. Liberté, Égalité, Humanité (de l’hominisation à l’humanisation, Edgar Morin), d’où la nécessité de l’Éducation juste, dans le sens de justesse à la lumière des avancés de la Connaissance (Jacquard : oui a toute les connaissances, non à toutes réalisations__discernement).

31/07/2018 17:33 par grand-mere Michelle

@Alain Harrisson

Desolée, Alain, je ne constate aucune convergence d’action, même s’il existe en effet une convergence d’idées : je vois, de par le monde, une myriade d’initiatives d’individus ou de groupes plus ou moins importants(en nombre) constitués en ong, asbl ou en plate-formes, qui s’activent chacun de leur côté, tout en privilégiant leur renommée et leur récolte de fonds, et négligent de s’associer...
De sorte que nous nous retrouvons bien souvent avec 6 ou 7 pétitions pour la même cause(par ex : le drame des abeilles, le combat contre les TTIP/CETA et autres contrats commerciaux de libre-échange, etc...), ou 3/4 manifestations à des dates différentes pour soutenir les réfugiés/sans papiers, ou contre le racisme et la xenophobie(par ex à Bxl)
De plus, bien souvent, ces groupes citoyens sont infiltrés/téléguidés/récupérés par des groupes politiques en recherche de sympatisants(surtout en période d’élections !) et se dissolvent après d’amères déceptions...
Comment une opinion convergente sur des sujets aussi essentiels peut-elle faire valoir sa crédibilité (en nombre et en sincérité) en agissant de manière aussi dispersée ?
Nous sommes probablement des milliards à vouloir les mêmes, justes choses, qui nous sauveraient de l’effondrement, de la barbarie et de l’anéantissement, réalisables en une génération par une simple volonté politique, mais... n’oublions pas que l’Empire divise pour régner...
Comment donc pourrions-nous nous rassembler, et crier d’une seule voix notre volonté pour la faire entendre jusqu’aux Nations Unies(qui devraient nous écouter et nous suivre)

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft : Diffusion du contenu autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
 Contact |   Faire un don