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EN FINIR AVEC LA CORRECTIONNALISATION DU VIOL

La correctionnalisation du viol, la négation d’un crime

En 1987, j’ai été victime de viol. Battue jusqu’à l’évanouissement (provoqué par strangulation). Inconscience de plusieurs heures. Vagues souvenirs de ce qui s’est passé par la suite. Ma fuite de l’appartement dans lequel j’avais été violée. Ma course folle dans les escaliers et les couloirs. Mes hurlements et le tapage sur les portes des voisins. Enfin une dame qui m’ouvre la porte. Des policiers dans l’appartement dans lequel j’avais été violée. Mon visage méconnaissable en passant devant le miroir. Mon pantalon déchiré gisant sur le sol. Ma culotte. Le sang.

Autres flash. Le commissariat (comment suis-je arrivée là  ?). Audition devant deux policiers : un homme et une femme. Mes gémissements et cris douloureux lors de l’examen gynécologique à l’hôpital et puis plus rien… Je ne me rappelle pas la fin de l’examen, a-t-elle eue lieu alors que j’étais consciente ? Je saurais 24 ans plus tard que je suis restée 3 jours à l’hôpital. Un vague souvenir de la confrontation avec le violeur (Comment s’appelait-il déjà  ?). Et surtout des souvenirs du « gentil » juge d’instruction qui va tout faire pour me convaincre d’accepter la correctionnalisation.

En réalité, il ne prononcera jamais ce mot. Il me dit simplement que c’est mieux pour moi que le viol soit jugé dans un autre tribunal que la Cour d’Assises. Que la Cour d’Assises, je ne la supporterais pas, parce que très impressionnante, que l’avocat de l’auteur va me poser beaucoup de questions etc. Je ne comprenais pas ce que cela impliquerait la transformation du crime en agression sexuelle. Que le violeur serait lavé de son crime puisque considéré par la justice comme un délinquant. Je ne savais pas non plus que dans ce tribunal la peine maximale encourue était de 5 ans au lieu de 15 ans en Cour d’Assises. Je me souviens très bien lui avoir répondu que l’avocat de la défense pouvait me poser toutes les questions qu’il souhaitait que je n’avais rien à me reprocher (comme si les victimes de viol avaient quelque chose à se reprocher). Puis, il me parle de l’enquête de voisinage (enquête de personnalité), impérative dès qu’il y a procès en Cour d’Assises. Idem je lui réponds que l’enquête révélera que je suis une fille « sage », n’ayant même jamais eu de flirt. Puis tout à coup je pose une question qui va tout changer : Est-ce que les voisins vont savoir ce qui m’ait arrivé ? Et, sans hésitation il me confirme que oui. Voilà comment il obtient mon accord pour correctionnaliser le viol. Je ne voulais pas que les gens sachent. Je ne voulais pas que mes parents sachent que les voisins savaient… La culture de « l’honneur » que le juge connaissait bien et dont il a profité pour me faire admettre la correctionnalisation.

Le procès a lieu 8 mois plus tard. Je suis seule. L’auteur est évidement assisté d’un avocat. L’audience va durer quelques minutes. Retour pour le prononcé de la peine : 4 ans de prison ! La peine maximale n’a pas été prononcée parce qu’il y avait une « excuse » psychiatrique.

JUSTICE A-ETE RENDUE ?

LIRE LA SUITE http://lacorrectionnalisationduviol.wordpress.com/le-viol-est-il-toujours-un-crimela-correctionnalisation-la-negation-dun-crime/

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