Jeaninne Añez a pris le pouvoir en rompant tout le processus de succession constitutionnelle (elle n’était présidente d’aucun organe de l’État, le quorum des deux tiers des parlementaires n’était pas atteint pour sa nomination, sans compter que le Congrès a encore moins accepté la démission forcée d’Evo Morales). Elle a pris le pouvoir sous la promesse de « convoquer des élections libres et transparentes » avant le 22 janvier prochain, mais il ne reste qu’à peine un mois pour conclure la période constitutionnelle du gouvernement défenestré, et il n’y a toujours pas de date pour les élections, et l’usurpatrice s’installe au pouvoir.
Elle est arrivée au pouvoir par la force. Un soldat lui a remis l’« écharpe présidentielle ». Elle est responsable des 36 indigènes tués par balle alors qu’ils résistaient au coup d’État. Elle a libéré un grand nombre de prisonniers « blancs » qui avaient été condamnés et a persécuté et emprisonné tous ceux qui ont exprimé leur sympathie pour Evo Morales.
Elle a changé de manière substantielle la politique des relations internationales de la Bolivie. Maintenant, les États-Unis et Israël sont les nouveaux « amis » de la Bolivie. Elle a expulsé les médecins cubains et ne reconnaît pas le gouvernement du Venezuela.
Elle a placé sa famille, ses amis et les amis de ses amis ou de ses complices, à des postes stratégiques au sein de l’État plurinational et des entreprises publiques. Outre le népotisme, l’inexpérience est la règle dans l’administration « transitoire » actuelle.
Elle a ordonné la délivrance d’un mandat d’arrêt contre Evo Morales, chef de la campagne électorale du Mouvement vers le Socialisme (MAS), pour crimes de « sédition, terrorisme et financement du terrorisme », sur base de l’enregistrement d’une conversation téléphonique trafiquée. Elle emprisonne ou persécute les principaux dirigeants du MAS ainsi que la majorité des ministres, vice-ministres et autorités publiques du gouvernement d’Evo Morales.
Pour l’instant, il semble que le seul bastion de la résistance bolivienne au coup d’État et à la dictature soit le « territoire du Chapare », dans la province de Cochabamba, où se trouve le noyau central du MAS. Et une intervention de la police militaire est annoncée dans le Chapare.
Le Pouvoir Législatif (contrôlé numériquement, mais pas idéologiquement par le MAS) a trouvé un « consensus » avec le gouvernement usurpateur, et appuyé par la communauté internationale, a déjà désigné les nouvelles autorités électorales du pays. Celles-ci ont nommé comme Président du Collège Électoral... un ami public de Carlos Mesa, le candidat qui a perdu lors des précédentes élections face à Morales, et qui a fomenté le coup d’État.
Ils ont organisé un coup d’État pour arriver au pouvoir. Ils ont massacré des indigènes dans deux villes qui résistaient au coup d’État. Ils ont persécuté ou emprisonné tous leurs opposants. Ils ont lancé un mandat d’arrêt contre le chef de la campagne électorale du MAS et ont emprisonné ses dirigeants. Ils cherchent à affaiblir et/ou à neutraliser le MAS (le seul parti politique ayant une structure qui leur tiendrait tête lors des « prochaines élections »).
Ils modifient les relations internationales et renforcent leurs liens avec les gouvernements américain et israélien. Ils se partagent l’administration des entreprises publiques stratégiques du pays... Croyez-vous encore que les putschistes quitteront le pouvoir de bon gré ? Croyez-vous que celui qui tue pour y arriver partira sans tuer ? Croyez-vous encore que la Bolivie s’en sortira sans la rue ? Quelle sera la situation juridique de la Bolivie à 0h du matin le 23 janvier prochain ?
Source : TeleSur / Traduction : Venesol
On ne va pas perdre avec des votes ce que l’on a gagné avec des fusils. Eloy Alfaro