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L’histoire de l’occupation de la République du Rif par l’Espagne, la France et le Maroc

La France et le royaume alaouite agressent la République du Rif, qui a refusé de se soumettre, exactement le 9 avril 1925. Devant les succès de l’armée de l’émir Abdelkrim Al-Khattabi sur les colonialistes espagnols et surtout sur les positions françaises à la frontière du Rif avec « le Maroc français », la panique gagna très vite Fès et les villes au pied de la chaîne rifaine sous le contrôle de la France.

L’armée française va prêter main-forte à l’armée espagnole, en mobilisant de grands moyens, des bateaux de guerre et des avions, et en procédant à des bombardements, avec usage de bombes toxiques...

Rappelons qu’à la veille de l’entrée officielle de la France dans la guerre du Rif, le Cartel des gauches de tendance colonialiste arrive au pouvoir à Paris. Gaston Doumergue (1924-1931), radical-socialiste, devient le président de la IIIe République, et le ministre de la Guerre était le mathématicien et aviateur Paul Painlevé. Paul Painlevé signe un accord avec le dictateur Primo de Rivera soutenu par le parti africaniste le 17 juin 1925 à Madrid, et le maréchal Pétain est alors désigné le 13 juillet pour mener la guerre hispano-franco-rifaine. En plus de nombreux bataillons militaires espagnols, le maréchal dispose d’un régiment de plus de 100 bataillons sans compter les supplétifs, les harkas du Makhzen, plus de 350 000 hommes. Cette agression française a trouvé en face des combattants rifains déterminés à lutter jusqu’à la mort contre cette horde sauvage hispano-française.

La nuit du 6 au 7 septembre 1925 commença le débarquement franco-espagnol sur la côte d’Alhucemas [Cebadilla, Al-Hoceima] de 16 300 soldats embarqués, 93 navires espagnols et 8 navires de guerre français accostèrent. Ce déploiement militaire est accompagné par un bombardement intensif de la région par environ 88 avions et 12 hydravions, dont plusieurs pilotés par des Américains sous le nom de « l’escadrille chérifienne ». Cette agression n’a pas fait bouger le palais de Rabat. Selon le capitaine Charles Willoughby, officier de renseignement de l’armée étasunienne, au cours de l’été 1925, le gouvernement français a utilisé les pilotes étasuniens afin de pallier les manques de l’armée de l’air française. Mais pendant que les pilotes étasuniens montraient leur efficacité au Maroc, la population américaine s’est opposée à la participation de ces pilotes.

La France s’est engagée officiellement dans la guerre du Rif à partir d’avril 1925, que les Espagnols avaient déclenchée en 1900 sans y parvenir à prendre le dessus. En 1909-1910, les Espagnols avaient déjà subi une série d’humiliantes défaites, dont l’onde de choc s’était répercutée sur le continent après la grande défaite du 21 juillet à Anoual, et celle en décembre 1924, lors du désastre de Chefchaouen. Cette guerre coloniale extrêmement violente marque pourtant une étape décisive dans l’histoire de l’anticolonialisme, dans l’histoire de la France coloniale et celle de l’Espagne et du Maroc. L’émir Abdelkrim Al-Khattabi s’est déclaré l’élève de l’Emir Abdelkader, il avait au sein de son armée, des dizaines d’Algériens descendants de résistants de l’Emir Abdelkader, qui avaient refusé leur incorporation obligatoire dans les rangs de l’armée française durant la guerre 14/19. Leur objectif était de libérer le territoire du Rif et revenir en Algérie chasser le colonialisme français.

L’histoire en a voulu autrement, le palais de Rabat, toujours de connivence avec les colonialistes français, a même empêché des Marocains volontaires à rejoindre le Rif. Les colonialistes, mis en échec par les combattants rifains, n’hésitèrent pas à employer les armes chimiques pour anéantir la résistance et le peuple rifains. Les gaz de combat sont utilisés par les Espagnols et les Français sous le commandement du sinistre maréchal Lyautey, qui devient (Sidi Belyaut) au centre de Casablanca. Ainsi, les combattants rifains sont vaincus par les armes chimiques, le Rif est annexé par le Maroc, un territoire (Ceuta et Melilla) occupé à nos jours par le colonialisme espagnol. Les témoignages des victimes sont à ce jour consignés : « Il tombait quelque chose comme du soufre. Les gens devenaient aveugles. Leur peau se noircissait et ils la perdaient. Le bétail gonflait et, ensuite, mourait. Soudainement, les plantes séchaient. Durant des semaines, on ne pouvait pas boire l’eau des ruisseaux. On me disait que l’eau était empoisonnée. » Mohammed Faraji, 91 ans, était un adolescent quand, dans les années vingt, l’armée espagnole conquit le Rif, mais il se souvient encore clairement du rahj (poison) que jetaient les avions ennemis sur les villages du nord du Maroc. Un autre témoignage, celui d’un haut officier colonialiste : « J’ai toujours été réfractaire à l’utilisation de gaz asphyxiants contre les indigènes, mais après ce qu’ils ont fait et à la bataille d’Anoual, je vais les employer avec une vraie délectation », écrivait dans un télégramme le général Dámaso Berenguer, haut-commissaire espagnol à Tétouan, le 12 août 1921. Ces gaz toxiques et les armes chimiques ont été employés contre des combattants d’un homme contre lequel la France et l’Espagne mobilisèrent plus d’un million d’hommes sous la direction du maréchal Pétain.

Mais la braise de la résistance rifaine ne s’est pas éteinte. En 1958, voyant que les Rifains ont abrité l’état-major de l’ALN ainsi que les membres du FLN, le palais de Rabat bombarde avec l’aide de l’aviation française le territoire du Rif, provoquant la mort de dizaines de milliers de victimes, tuées sur ordre du prince Moulay Hassan. « L’armée de la libération » commençait ses opérations armées contre la colonisation étrangère le 2 octobre 1955 sous la direction de Abbas Lamsaadi. A ce moment-là, les Marocains du parti de l’indépendance (Istiqlal) et d’autres qui ont été parmi les membres du « mouvement national » étaient contre l’armée de la libération et préféraient les négociations avec les colons. El-Mehdi Ben Berka demanda plusieurs fois à Abbas Lamsaadi d’arrêter les opérations armées. Ce dernier refusa et voulut vraiment continuer la résistance armée si les colons ne comprenaient que la langue des armes.

Le 28 juin 1956, Abbas Lamsaadi est assassiné par trois individus à Ain Aïcha, dans la province de Taounate. Entre les 20 et 30 août 1955, les membres du « mouvement national » marocain négociaient le traité d’Aix-les-Bains pour arriver vers un pouvoir supervisé par la France coloniale, et alors annoncer une indépendance qui n’existe pas réellement. Le Rif dans ce contexte a été saigné à blanc et payé un lourd tribut vis-à-vis de la monarchie. L’une de ces horreurs est bien sûr la répression sanglante, par le roi Mohammed V, du soulèvement rifain de 1958, deux années après ladite indépendance, par l’entremise du général Oufkir et du prince Moulay Hassan, le futur roi Hassan II. Répression qui fit des milliers de morts. La période trouble de l’indépendance en 1956, obtenue auprès des Français, mais toujours pas auprès des Espagnols, qui contrôlaient alors le Rif et le Sahara Occidental. Une période d’incertitude et de tensions autonomistes rifaines qui déboucha sur la terrible et sanglante mise au pas de 1958. Aujourd’hui, le peuple rifain est toujours sous occupation maroco-espagnole, son territoire est réservé par la nomenklatura marocaine à la culture et la production du cannabis qui est supervisé et protégé par les services marocains. Le chômage explose dans le Rif, les jeunes et les adultes sont contraints à se livrer à la contrebande pour survivre. La braise de la résistance rougeoie toujours, les vétérans n’ont pas oublié à apprendre à leurs enfants que le Rif est un Etat, une République sous occupation marocaine.

Communiqué de l’émir Abdelkrim Al-Khattabi sur le projet de Constitution marocaine de 1962

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