Et POURTANT, ELLE TOURNE !
En
ce
4
juillet
2011,
anniversaire
de
l’avènement
de
la
«
démocratie
en
Amérique
»,
rien
ne
semble
avoir
changé
sous
le
soleil
de
la
Méditerranée
depuis
le
célèbre
procès
de
Galilée.
A
l’époque
,
c’était
l’Église
catholique
qui
imposait
aux
scientifiques
de
«
revoir
leur
façon
de
penser
le
système
solaire
».
Aujourd’hui,
c’est
au
nom
de
la
Torah
que
le
CRIJF
impose
à
Hachette
la
révision
d’un
manuel
d’histoire.
Sous peine d’être qualifié d’« antisémite », Pascal Zachary, coordinateur du nouveau manuel d’histoire contemporaine d’Hachette destiné aux premières S, ES et L, dans le cadre des nouveaux programmes scolaires, vient d’être sommé de modifier le contenu de cet ouvrage scolaire.
Sur son site, le BNVCA [officine sponsorisée par l’Union des Patrons Juifs de France], reproche aux auteurs « d’interpréter les faits historiques », de « tronquer la vérité » et de « prendre parti ». Il a été immédiatement relayé par Richard Pasquier, président du CRIJF, qui impute également à ces mêmes auteurs « une interprétation du conflit israélo-palestinien tout à fait scandaleuse », et demande au ministre de l’Éducation nationale le retrait de ce livre « bourré d’erreurs et de mensonges »
« Un tel manuel est de nature à formater tous les adolescents français à une sorte de palestinisme, qui incite de façon insidieuse à cette haine d’Israël qui depuis 11 ans pousse à l’acte antijuif » .
Le mot « Nakba » [traduit par « catastrophe »] et qui désigne dans le monde arabe l’exode qui a suivi a création de l’État d’Israël en 1948 devra être remplacé par le « mot plus neutre » d’ « exode ». « Il n’y a pas eu que des expulsions mais également de départs volontaires, des gens qui on fuit la guerre ».
On retrouve ici l’art consommé de la subtilité verbale qu’un célèbre nazaréen dénonçait chez certains de ses contemporains, sous le générique de « scribes et pharisiens ».
Ainsi, l’éditeur se voit contraint, sous peine de perdre son marché, de remplacer le « conflit entre deux Nations », par une « expression plus nuancée » dans laquelle « nations » devient « peuples ». On comprend aisément à quel point les mots sont importants à l’heure où de si nombreuses voix s’élèvent, et non des moindres, en Israël même, et en France, pour l’application de la Résolution de l’ONU de 1947 et la reconnaissance de l’État nation palestinien.
Dans le manuel incriminé, les lycéens « risquaient » de devoir se pencher sur la « conquête » ayant « entraîné l’exode ». Après les modifications imposée par la censure, la « conquête » prendra la forme d’ « opération militaire ». Cela vous paraît–il plus « supportable » ?
« On » neutralise, « on » édulcore, pour mieux maintenir les enfants de France dans une « saine ignorance » de la réalité concentrationnaire vécue par le peuple Palestinien.
Cette « domestication des esprits par le langage » illustre à merveille le propos développé en 1947 par Victor Klemperer dans « LTI » [Lingua tertii imperii] et actualisé en 2006 par Éric Hazan dans son « LQR » [Lingua quintae respublicae]
Certains d’entre nous ont encore en mémoire la « saine ignorance » dans laquelle nos instituteurs étaient tenus d’entretenir les « enfants du Maréchal », sous peine de révocation.
C’était l’époque où régnaient en maîtres, sur la presse et la radio [Radio Paris ment, Radio Paris est Allemand …] les censeurs de la « Propagandastaffel » - modèle 1940. Souvenirs de mon enfance, je n’ai pas non plus oublié les « nuances » que les généraux putschistes d’Alger, et leurs « censeurs délégués » en « métropole » imposaient dans les journaux et sur les ondes :
• « guerre coloniale » était remplacé par « opérations de maintien de l’ordre »,
• « torture » par « interrogatoire musclé »,
• « résistant algérien » par « terroriste » ou « fellagha » [« bandit » en arabe (péjoratif) ]…
A l’époque – comme aujourd’hui en Israël – des voix courageuses s’élevèrent, dans toutes les « communautés » vivant alors sur le sol algérien.
« On » fit taire les Alleg, Audin, Eliette Lou, Laban, Maillot, Yveton par la « corvée de bois, le couperet de la guillotine, la baignoire ou les pinces « croco » de la grosse gégène ».
« On », à l’époque, pouvait être ministre de l’intérieur sous Mendès-France, garde des sceaux sous Guy Mollet, garde des sceaux ou premier ministre sous De Gaulle, peu importe : la « Propagandastaffel » - modèle 1950 - assurait la continuité … Et le peuple « Pieds-Noirs » dans sa majorité, se laissa « endormir » par les sirènes de la propagande colonialiste et des factieux de l’OAS …
Il en paya le prix fort en 1962, obligé de choisir entre « la valise ou le cercueil ». Laissant derrière lui ses tombes et la terre de ses ancêtres.
Je souhaite profondément que les citoyens Israéliens, dans leur majorité, retiennent cette leçon de l’histoire et trouvent, tant qu’il en est encore temps, les ressources nécessaires pour faire taire leurs « faucons »
Comme le rappelle fort justement Pascal Zachary, ce professeur d’histoire Nancéen, obligé – à l’instar de Galileo Galilei – de se soumettre aux exigences des délégués français de la censure militaire israélienne, « ces sujets [sont] sensibles car ils touchent la mémoire collective, il faut toujours se rappeler que l’enseignement est un enjeu. »
Souvenons nous de Jaurès, au printemps 1905, dans les Arènes de Béziers, présentant la guerre comme « suprême diversion à la révolution sociale » … moins de dix ans avant l’hécatombe de la première guerre mondiale.
Le prix payé – en millions de victimes – par « les peuples de toutes les nations », dégagea un excellent retour sur investissement pour les marchands de canons, et autres « cent familles », synarchie … etc. , tous ancêtres de l’oligarchie financière qui continue, aujourd’hui, de mettre la planète à feu et à sang.
Et ceux-ci, quelle que soit leur « communauté d’origine », qu’ils jouent à la City, à Wall Street ou à Tel Aviv Stock Exchange [fondée dès 1935 par la Anglo-Palestine Bank], savent fort bien laisser de côté les leurres idéologiques, religieux ou publicitaires qu’ils réservent à « la grande foule » et instillent, dès le plus jeune âge, dans nos « cerveaux disponibles ».
Serait-ce là « l’enjeu » ?
Dans mon dernier « papier », dédié à Jean-Marie Darmian, maire de Créon, en Gironde, je constatais la résurgence du sentiment patriotique en réaction à l’effacement des cultures nationales qu’impose la mondialisation.
Nous avons d’abord assisté, pendant la première moitié du XX° siècle, à l’éradication du domaine yiddish de notre patrimoine culturel européen. Cette perte sèche, les peuples d’Europe la doivent à l’action conjointe :
• des promoteurs de « la solution finale » : la synarchie instigatrice du III° Reich
• et de ceux du « foyer national juif en Palestine » : l’oligarchie, instrumentalisant l’empire anglo-américain et la « déclaration Balfour »
[ Lettre ouverte adressée par Lord Balfour, ministre des affaires étrangères de sa gracieuse majesté, à Lord Lionel Walter Rothschild, banquier, publiée le 2 novembre 1917.
Parmi les raisons évoquées par les historiens pour justifier la décision de Lord Balfour, citons notamment :
• Créer un prétexte altruiste pour préempter la Palestine face à la France
• Protéger les routes commerciales de l’Empire britannique
• Favoriser le recrutement des Juifs de Russie pour la guerre mondiale, plutôt que pour la révolution bolchévique.
• Créer un « état tampon » entre Suez et le Liban français, afin d’avoir un « état ami » dans le monde Arabe, en cas de troubles postérieurs.
• Sauvegarder le canal de Suez …
En 1945, la violence du « traitement » qu’avaient eu à subir les juifs d’Europe, jeta un bon nombre d’entre les survivants dans les bras de ce projet colonialiste mis au point par l’impérialisme anglo-
américain ]
Trente ans ont suffi ensuite, pour transformer la partie ouest de l’Allemagne, en vitrine de Ford, de Général Motors, de Coca-Cola et de Mac Do.
Puis est venu le tour de « l’effacement des traces » en RDA, en Tchécoslovaquie, et en Yougoslavie.
[ Ces deux derniers états–nations avaient été constitués en 1918 et s’étaient alliés à la France de 1925 à 1938, date à laquelle ils furent « sacrifiés » à Munich par Chamberlain et Daladier. ]
Le mouvement s’est accéléré récemment avec l’attaque frontale contre les pays constitutifs du berceau des civilisations euro–méditerranéennes : Grèce et Portugal, d’abord, les Italiens et les Espagnols prenant conscience que leur tour est venu.
Comment ne pas percevoir la convergence entre :
• La violence de l’accaparement des ressources économiques, humaines et culturelles par l’oligarchie nazie dans l’Europe occupée par le III° Reich ...
• La mise en coupe réglée du patrimoine économique, immobilier, et humain de la RDA par la Treuhandanstalt
• La situation actuelle de la Grèce, sommée de brader ses entreprises publiques, son patrimoine historique et foncier, et de réduire de 50% le revenu disponible de ses habitants, sous prétexte de rembourser la « dette budgétaire ».
En imposant sa loi des marchés, l’oligarchie de la finance efface l’Histoire dans laquelle les peuples avaient « pris la forme sujet » ...
Le processus de réécriture est lancé, déjà leurs chiens de garde ne nous concèdent plus que quelques pièces momifiées dans les vitrines des collectionneurs, magnats du luxe ou du pétrole ... Avec le projet de « Maison de l’Histoire de France » et son OPA sur l’hôtel de Soubise, le « Sharkoland » n’est pas en reste.
Car il s’agit bien d’un vrai projet de « [contre]révolution culturelle », les maoïstes diabolisés du 22 mars 1968 ayant été, depuis, recyclés par la classe dominante.
La maîtrise de la langue est stratégique de ce point de vue. La langue maternelle toujours potentiellement porteuse d’un héritage émotionnel et donc de la mémoire collective, ne doit plus être le lieu de la transmission intergénérationnelle.
Les mass media, toujours mieux « contrôlés », sont prioritaires dans ce rôle, sous réserve que le service public de l’enseignement s’effondre. C’est donc cette mission qui est aujourd’hui dévolue aux divers ministres qui se succèdent rue de Grenelle et rue Descartes. Elle permet, a posteriori, d’en comprendre le choix :
Luc Chatel : né aux États-Unis, dans une famille d’industriels, scolarisé dans l’enseignement privé [Jésuites]. Il fait ses débuts professionnels chez L’Oréal, parrainé en politique par Gérard Longuet, ancien du mouvement Occident – mouvement d’extrême droite - avec Devedjian, Madelin et Novelli.
Valérie Pécresse : Scolarisée dans des institutions privées de l’enseignement catholique, à Neuilly et Versailles, elle est la fille d’un cadre dirigeant du groupe Bolloré.
En totale convergence avec Ernest A. Sellière, un autre Neuilléen, elle s’est illustrée récemment dans une défense et illustration du « globish », cette novlangue héritée du « Wall street engliche », et appelée à se généraliser dans toutes les « zones » colonisées par l’empire financier mondial.
L’entreprise de déstabilisation de l’Éducation Nationale, de l’Université et de la Recherche, est à la fois, violente et globale. L’aspect budgétaire, pour en être l’outil fondamental, deviendrait presque un prétexte, tant la soumission de l’intelligence collective au pouvoir des marchés financiers s’impose comme essentielle au « détricotage » de ces institutions.
Aux yeux des « maîtres du monde », l’enseignement constitue un triple enjeu :
• Limiter la transmission des savoirs scientifiques à leur seule vocation d’être « capitalisés par les systèmes de connaissance » propriétés de l’oligarchie.
• Mettre la mémoire collective sous contrôle, c’est-à-dire, pour reprendre les termes utilisés par le CRIJF et le BNVCA, « interpréter les faits historiques », « tronquer la vérité » et « prendre parti ».
• Restreindre l’enseignement des lettres françaises, classiques et modernes, puisque celles-ci n’ont guère plus d’intérêt que « La Princesse de Clèves » … Vue de l’Élysée, la langue de Molière n’a pas d’autre statut que celui de langue vernaculaire !
N.B. : D’après mon vieux « Gaffiot » de 1934, édité – déjà – par Hachette. « vernaculus, a, um : 1 relatif aux esclaves nés dans la maison, … 2 qui est du pays, indigène, national … »
On ne s’étonnera donc pas de voir Luc Chatel, petit doigt sur la couture du pantalon, soumettre l’ensemble de nos manuels scolaires à la « vigilance » des délégués français de la censure militaire israélienne ; jouant sa part, dans le concert de l’abandon de la souveraineté nationale. Parmi toutes les organisations du syndicalisme enseignant, y en aura-t-il une qui – éventuellement – s’en « indignera » ?
Pour faire bonne mesure, le ministre serait bien inspiré de soumettre la révision des manuels traitant de la seconde guerre mondiale, aux héritiers de Louis Renault et François Lehideux …
Et de faire vérifier les chapitres relatifs aux « évènements d’Algérie » par une commission « ad hoc » réunissant le général Aussaresses, Jean Marie Le Pen, quelques anciens d’ « Occident », et les héritiers spirituels de Guy Mollet et François Mitterrand !
La lutte pour la survie de l’humanité passe ici, entre autres, par la défense de la francophonie et de la diversité linguistique et culturelle. N’hésitez pas à jeter un œil à l’excellent manifeste de l’association « COURRIEL » pour la défense de la langue française.
De même la défense de l’École de la République et de l’Université n’est pas qu’un problème corporatiste. Elles sont constitutives de l’identité de la France, au sens où l’entend Fernand Braudel. L’historien lorrain censuré nous a prévenus : nous devons toujours garder à l’esprit que « l’enseignement est un enjeu ».
A défaut d’une réaction à la hauteur de cet enjeu, nous pourrions bien, dans quelques mois, sous une présidence « de gôche »… ou pas, nous retrouver à la Bastille, et entonner, avec Riccardo Muti : « O, mia scuola, bella e perduta ! »