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L’altercalendrier 2006, par Thierry Brun, Patrick Piro, Dante Sanjurjo et Michel Soudais.




Politis, 22 décembre 2005.


Plusieurs forums sociaux animeront cette nouvelle année. Le calendrier européen sera aussi très présent puisque l’Union n’a pas renoncé à libéraliser ses services. Enfin, les dossiers du nucléaire et des OGM seront un enjeu pour les mouvements écologistes.


Après son retour à Porto Alegre, l’an dernier, le Forum social mondial se délocalise à nouveau, mais sur plusieurs sites cette fois. On parle donc de FSM « polycentrique », avec un rendez-vous en Amérique, un autre en Afrique, un dernier en Asie. L’Europe, elle, aura son propre forum social, en avril, à Athènes. Le polycentrisme permet de renforcer les regroupements continentaux, et facilite la participation de militants dont tous ne peuvent pas financer un voyage à l’autre bout du monde chaque année. Le Forum social mondial se réunifiera pour la prochaine édition, prévue au Kenya, et pour la suivante, en 2008, à Porto Alegre.

En attendant, quel est le programme pour cette année ?


Dans la capitale du Venezuela, Caracas, des dizaines de milliers de participants échangeront et débattront, du 24 au 29 janvier, autour de six axes thématiques : « Pouvoir, politique et luttes pour l’émancipation sociale » ; « Stratégies impérialistes et la résistance des peuples » ; « Ressources et droits pour la vie : alternatives au modèle prédateur de civilisation » ; « Diversités, identités et cosmovisions en mouvement » ; « Travail, exploitation et marchandisation de la vie » ; « Communication, culture et éducation : dynamiques et alternatives pour la démocratisation ».
www.forosocialmundial.org.ve


­ Du 19 au 23 janvier, dans la capitale malienne, Bamako, le FSM, après le contre-sommet France-Afrique de l’automne dernier, sera une nouvelle occasion pour le mouvement social africain de se structurer ­ avec cependant une faible présence des Marocains, qui tiennent leur propre Forum social national du 27 au 29 janvier. Plus de deux cents organisations sont déjà inscrites. Quels seront les thèmes de ce FSM en Afrique ? Ils seront au nombre de dix, de « Guerre et militarisation, sécurité et paix » à « Libéralisme mondialisé : apartheid à l’échelle mondiale et paupérisation », en passant par « Agressions contre les sociétés paysannes », « Alliance entre le patriarcat et le néolibéralisme » ou « Destruction des écosystèmes, diversité biologique et contrôle des ressources ».
www.fsmmali.org


­ Le FSM de Karachi, au Pakistan, qui devait se tenir aux mêmes dates, a été repoussé à cause de problèmes d’organisation, et devrait se tenir en mars. A noter qu’après l’Inde, qui a accueilli le FSM, en 2004, à Mumbai, c’est le « frère ennemi » pakistanais qui sera à l’honneur. Les mouvements sociaux se situent au-delà des conflits étatiques.
www.wsf2006karachi.org


Le futur selon Davos

Les « global leaders » ont décidé de « maîtriser notre futur » (« Mastering our Future ») lors du prochain Forum économique mondial de Davos (Suisse). Ce rendez-vous annuel, qui aura lieu du 25 au 29 janvier 2006, en même temps que les forums sociaux mondiaux qu’il a suscités contre lui, rassemblera l’élite économique mondiale. Chefs de grandes entreprises, multinationales, industries, médias, chefs d’État, scientifiques, et quelques ONG invitées pour l’image discuteront de la bonne marche du libéralisme et orienteront les futures décisions du G8, sommet des pays riches.

Les mouvements altermondialistes suisses feront face à une police omniprésente, qui bénéficiera du renfort de la police allemande et de près de 5 000 militaires. Des organisations politiques et l’association Attac Suisse organiseront le 27 janvier « L’autre Davos » à Zurich, un espace de réflexion et de débat international auquel participeront Nahla Chahal, sociologue, coordinatrice de la Campagne civile internationale de protection du peuple palestinien, Tania Quiroz, militante de la coalition contre la privatisation de l’eau en Bolivie, et Jay Arena, militant antiguerre et syndical de base, représentant d’une coalition luttant pour une reconstruction autodéterminée après la catastrophe de la Nouvelle-Orléans. Associations et mouvements ont prévu une mobilisation à Bâle, le 28 janvier, dont le slogan sera : « Le futur est entre nos mains... »
www.suisse.attac.org


Bolkestein revient

Le mot d’ordre est d’ores et déjà lancé par des mouvements sociaux et syndicaux en France. La petite union syndicale Solidaires, dont la proximité avec les altermondialistes européens n’est plus à démontrer, a donné le ton : « Il est clair qu’il y a urgence à relancer le processus de mobilisation » contre le projet de « directive sur les services dans le marché intérieur », directive qui porte le nom de son auteur, Frits Bolkestein. Des mouvements sociaux et altermondialistes européens, des organisations syndicales et quelques partis politiques à gauche ont lancé le principe d’une manifestation européenne contre cette directive à Strasbourg le samedi 11 février. Les alters comptent sur une forte mobilisation, qui viendra avant le vote de la directive de libéralisation des services en première lecture au Parlement européen, le 14 février.

En France, le Collectif du 29 mai a de son côté édité une carte pétition et annoncé de nouvelles réunions publiques unitaires qui feront écho à celles menées avec succès pendant la campagne référendaire. Loin d’être enterré, le projet de directive Bolkestein a poursuivi sans encombres son parcours institutionnel. Le texte a été quelque peu amendé par la commission du marché intérieur du Parlement européen, mais l’essentiel n’a pas été touché. Ainsi, le principe du pays d’origine retenu pour l’application du droit du travail porte désormais le nom de « clause du marché intérieur ». De plus, le prestataire de service n’est pas obligé d’informer l’État où il exerce et n’est pas obligé d’avoir un représentant dans le pays concerné. Aucune clarification n’a été apportée sur les services publics, excepté la santé et l’audiovisuel, qui sont exclus du champ d’application de la directive. La directive Bolkestein, modifiée à la marge, suit un processus complexe de codécision entre le Parlement européen et le Conseil, qui pourrait aboutir à une adoption en l’état d’un texte préparé par les libéraux et amendé en trompe-l’oeil par eux.


Contre-forum de l’eau

Du 14 au 17 mars, la société civile organise un « contre-forum » en opposition au 4e Forum mondial de l’eau organisé du 16 au 22 mars par les gouvernements et les entreprises, alors que partout dans le monde s’étend le recours à la privatisation des services de l’eau, aux mains de multinationales (surtout françaises). Deux grosses écuries associatives nord-américaines sont aux commandes, Public Citizen et Conseil des Canadiens, avec notamment une séance du « tribunal mondial de l’eau » (étude de cas bolivien ou argentin).
Association pour le contrat mondial de l’eau, 01 53 25 10 40 (Fondation France Libertés)
www.acme-eau.com


Athènes, capitale de l’autre monde

Après le premier Forum social européen de Florence (2002), puis ceux de Paris-Saint-Denis (2003) et de Londres (2004), le prochain rendez-vous des mouvements altermondialistes du Vieux Continent aura lieu à Athènes (Grèce), du 6 au 9 avril. Ce sera l’occasion de voir si ceux-ci sont capables de relancer une dynamique après le succès mitigé du rendez-vous londonien, où un certain nombre de divergences étaient apparues. Ce Forum social sera aussi le premier organisé après la mise en échec par les Français, puis les Néerlandais, du projet libéral de Traité constitutionnel européen, dont on peut craindre cependant qu’il ne soit pas définitivement enterré. Il servira peut-être, enfin, de cadre à la coordination des luttes contre le projet de directive de libéralisation des services qui prévoit d’imposer le principe du pays d’origine (directive Bolkestein). Mais les autres thèmes récurrents des forums sociaux européens, comme l’immigration, la lutte contre l’impérialisme ou le sexisme, seront sans doute à l’ordre du jour. Le programme, cependant, ne sera pas disponible avant la mi-janvier.
Attac France, Tel. : 01 41 58 17 40. Des informations devraient bientôt être disponibles sur athens.fse-esf.org


Mouvement international anti-OGM

Le 8 avril se tiendra la Journée internationale d’opposition collective aux OGM (Jigmod), grand événement mondial contre les organismes transgéniques (vidéo-conférences, appel de personnalités scientifiques, etc.), coordonné dans une trentaine de pays. Le Jigmod a un objectif classique d’information des populations, particulièrement dans les pays où l’opinion est relativement indifférente (les États-Unis), mais souhaite également et surtout établir une jonction solide entre les mouvements qui ciblent l’interdiction des cultures (faucheurs volontaires, paysans de Via Campesina, élus locaux) et ceux qui s’attachent à bannir les aliments OGM (Greenpeace). Un vaste front, de la fourche à la fourchette. Une dizaine de points de contact en France.
Confédération paysanne, altercampagne@free.fr. Tel. : 01 43 62 04 04.


Tchernobyl, vingt ans après

­ Les 15 et 16 avril, les mouvements associatifs français organisent une manifestation internationale à Cherbourg, à l’occasion du 20e anniversaire de l’explosion du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl (26 avril 1986). Elle sera l’occasion d’exprimer l’opposition au lancement du réacteur EPR à Flamanville.
www.stop-epr.org Tel. : 02 33 88 09 06.


­ Du 6 au 8 mai, les 2es Rencontres internationales pour le désarmement nucléaire, biologique et chimique, à Saintes.
Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, www.acdn.net (cliquez sur « 2e RID-NBC »).


­ Du 28 au 30 juillet : second Festival « Stop Bure » devant le site d’enfouissement des déchets nucléaires (Meuse).
www.sortirdunucleaire.org,
burestop@free.fr., Tél. : 03 83 42 40 90.


OMC : une nouvelle échéance

L’accord conclu à Hong-Kong par les 149 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a prévu une nouvelle échéance le 30 avril pour mettre au point les modalités de la libéralisation des marchés agricoles et industriels et ainsi parachever cet accord, au plus tard le 31 juillet 2006. Pour les pays riches, il s’agit de clore le cycle de négociation de Doha à la fin de l’année 2006. Les ONG réunies dans Coordination SUD, un collectif regroupant 120 ONG françaises, ont exprimé leur « profonde déception » face à la déclaration adoptée par l’OMC à Hong-Kong, estimant qu’elle ne lutte pas contre le sous-développement et organise une « guerre agricole mondiale ».


Vigilance autour du traité

Malgré un vote contre lui en France et aux Pays-Bas, le traité constitutionnel sera l’objet de nouvelles discussions européennes. Ce texte qui avait provoqué contre lui une forte mobilisation du mouvement altermondialiste européen lors de la campagne référendaire française a été ratifié par quatorze pays. Mais les chefs d’État et de gouvernement des 25 ont prévu de consacrer leur sommet de juin prochain, sous présidence autrichienne, aux suites à donner à cette interruption du processus de ratification. Et les deux grands groupes du Parlement, le Parti populaire européen (PPE, droite) et le groupe socialiste, n’ont pas renoncé à l’actuel projet de traité constitutionnel. Les parlementaires européens et nationaux ont l’intention d’ouvrir un débat au printemps 2006, avant la session de juin du Conseil européen, afin d’entendre les analyses des Parlements français et néerlandais sur les résultats négatifs des référendums. Le sommet européen constituera sans doute un temps fort pour les opposants au traité constitutionnel.

Les collectifs du 29 mai ont de leur côté lancé un appel européen intitulé : « La parole aux citoyennes et aux citoyens de toute l’Europe ! », indiquant qu’après le succès du « non » en France et aux Pays-Bas « les exigences des citoyennes et des citoyens doivent être entendues, à commencer par le retrait total du projet de constitution européenne ».


De la mobilisation à l’alternative

Qui dit altermondialisation dit contestation, mais aussi proposition. Des chercheurs s’intéressent en particulier aux expériences et à l’expertise accumulées au niveau local en matière d’alternatives économiques. Ils se réuniront les 1er et 2 juin pour les 6es Rencontres internationales du Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire, à l’Institut d’études politiques de Grenoble, sur le thème : « Économie sociale et solidaire et Europe : quel avenir ? » « La participation des organisations d’économie sociale et solidaire à la promotion d’un développement démocratique et solidaire européen, expliquent-ils, est soumise à de fortes tensions, entre la perspective de promouvoir un autre modèle de production et d’échange, la pression concurrentielle du marché, et le risque d’instrumentalisation palliative. Comment ces organisations réagissent-elles face à ces pressions et aux courants dominants qui les portent ? »
colloqueESgrenoble@iep.upmf-grenoble.fr., Tel. : 04 76 82 60 64.


Pour une économie plurielle

Passerelle entre représentants de l’économie sociale et défenseurs des services publics, le Centre international de recherches et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative (Ciriec International) organise du 19 au 21 juin, à Istanbul (Turquie), un congrès pour débattre sur les conditions et les conséquences de la mondialisation. Intitulé du rendez-vous : « L’économie publique, sociale et coopérative dans le contexte de la globalisation : au service d’une économie plus responsable et plus solidaire. »
www.ulg.ac.be/ciriec, Tel. : 00 32 4 366 27 46.


Climat international

Trois rendez-vous internationaux importants, dont les dates ne sont pas encore fixées, mais auxquels les mouvements associatifs se préparent : au printemps, à Bonn, réunion annuelle des techniciens et scientifiques du monde pour préparer les prochaines échéances internationales sur le dérèglement climatique. En juin, élaboration du deuxième programme européen sur ce sujet. Et, en fin d’année, à Nairobi (Kenya), deuxième rencontre des parties prenantes du protocole de Kyoto.
Réseau action climat France, www.rac-f.org, 01 48 58 83 92.


Thierry Brun, Patrick Piro, Dante Sanjurjo et Michel Soudais.

 Source : Politis www.politis.fr


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Éric Laurent. Le scandale des délocalisations.
Bernard GENSANE
Ce livre remarquable est bien la preuve que, pour l’hyperbourgeoisie, la crise n’est pas le problème, c’est la solution. Éric Laurent n’appartient pas à la gauche. Il est parfois complaisant (voir ses livres sur Hassan II ou Konan Bédié). Mais dans le métier, on dit de lui qu’il est un " journaliste d’investigation " , c’est-à -dire … un journaliste. Un vrai. Sa dénonciation des délocalisations, par les patronats étatsunien et français en particulier, est puissamment (…)
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