Ce qui est intéressant avec ce Coronavirus, c’est que comme chacun se sent en danger dans son intégrité physique (peur de la maladie, une peur des plus basiques), on commence à avoir des réactions viscérales assez représentatives du degré de solidarité et d’organisation dont est capable notre société du spectacle permanent : il ne doit pas y avoir trop de temps de pause ou d’ennui, afin de ne pas trop penser. Les petites sorties sur les balcons (pour ceux qui en ont) à heure fixe avec un verre à la main, voici l’acte révolutionnaire qu’on attend de la population.
"Dans l’idée de Gramsci, le vrai révolutionnaire, le militant ou simplement le citoyen vraiment politisé, agit de façon intrinsèque et indissociable, À LA FOIS avec le pessimisme de l’intelligence, c’est—à-dire, la lucidité dans l’analyse des difficultés et des incertitudes d’une situation, ET l’optimisme de la volonté, c’est-à-dire l’effort d’évaluation des possibles positifs, et la détermination à engager une action efficace pour renverser l’état de choses."
Très juste : on gardera la volonté et l’optimisme pour ne pas céder une once de terrain dans cette grande guerre mondialisée contre la conscience humaine, pour continuer à être présent au monde, s’informer correctement, convaincre et mobiliser ses proches, dénoncer la vacuité de ces petits actes (qui ne forment jamais aucune grande rivière ou prise de conscience générale, une fois la crise passée ; où sont les Charlies aujourd’hui ? La mode de "Je suis..." étant passé, on privilégie les flash mob et maintenant les apéros virtuels).
Mais aussi l’intelligence aiguisée et sans complaisance pour continuer à rigoler de ceux et celles qui tombent toujours dans le panneau du fun et de l’amusement pour faire passer l’amère pillule de la vérité. Que tous les balcons et fenêtres de France à la fin du confinement affichent et exigent la démission puis le jugement de Macron et de son gouvernement actuel et un changement de système politique. Une sortie de l’UE, une démocratie plus effective. etc..
C’est le moment pour les ignorants de lire l’Avenir en commun, ils se rendront compte que ce qu’ils ont rejeté il y a trois ans aurait permis de ne pas s’enfoncer davantage dans le deshonneur. Mais maintenant que le moment LFI a passé et mal tourné (on ne les a pas ménagé, opération de destruction concertée et haro sur le Méluche ; mais ses dirigeants ont aussi déconné, mal pensé leurs stratégies, trop joué sur l’effet d’adhésion affective ; on se retrouve désormais avec les restes bancales et peu convaincants d’un mouvement politique pourtant ancré bien à gauche et prometteur, mais c’est un autre débat...)-
Sinon pour dépasser le sujet des sinistres journées de confinement, on est en droit de se demander, et après ?? Est-ce que cette opération de confinement, suite à une gestion dramatique de la santé par les pouvoirs publics, sera étendue, deviendra une habitude ? Est.ce que le télétravail va devenir la norme pour la petite bourgeoisie ? L’enseignement en ligne pour toute l’EN ?? Parce que s’il s’agit de communiquer uniquement par Internet pour débattre sur des sujets de société, on peut s’attendre à un autre type de confinement virtuel, avec plus de censure et de difficultés de connexions.
Le pouvoir aurait beau jeu de dire qu’il n’y a plus d’opposition à sa politique, puisqu’il n’y a plus de Gilets jaunes sur les ronds-points.
Faudrait s’extraire de cette romantisation du confinement - la rerereredécouverte de son intimité, sa bibliothèque, ses photos de famille, comme pendant un joli dimanche un peu plus long. Je trouve que cette nouvelle manière de contraindre les corps et les esprits par la peur, la loi instrumentalisée et la force est effrayante, pas du tout cool pour le coup !