RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Israël, un Etat de vol à main armée (Haaretz)

Ce qui est étonnant, c’est qu’il y ait encore des gens pour faire mine d’être surpris en apprenant la réussite d’un nouveau vol à main armée, ce que le jargon officiel appelle « une déclaration de transfert de terres sous propriété d’Etat ». Les mêmes font mine d’être surpris à l’annonce que le ministère de la Défense aura la part du lion dans le prochain budget, au détriment de l’Education, qui va subir les coupes les plus importantes de son histoire.

Notre régime repose sur trois piliers : le vol de terres accompagné de l’expulsion de ceux qui y vivent ; l’entretien d’une bande de gardes du corps sécurisant le pillage –« l’armée », dans notre argot local ; l’éradication des acquis sociaux, en même temps que l’effacement de tout principe de solidarité collective.

Sans ces trois fondements, ce ne serait pas notre régime. Mais quand on s’arrête aux détails, aux seuls épisodes, on exprime sa surprise, et on perd la vision générale du tableau. On oublie que c’est cela, le régime dans lequel Israël vit.

S’il n’y avait pas eu au mois de juin cette affaire des trois adolescents enlevés au niveau du Gush Etzion (colonie adjacente à Jérusalem, NDLR) puis assassinés, l’armée aurait trouvé un autre prétexte pour lancer la construction d’une nouvelle méga-colonie, et, à travers ce développement, créer encore plus d’enclaves (palestiniennes) et de prisons à ciel ouvert (autre principe fondamental de notre régime).

Si la guerre contre Gaza n’avait pas été menée, les molosses qui nous dirigent auraient trouvé d’autres moyens pour persuader le gouvernement de remplir leurs caisses. Mais quand bien même il n’aurait pas ouvert les cordons de sa bourse après les opérations militaires, le gouvernement n’aurait pas pour autant adopté une politique moins inégalitaire en termes socio-économiques.

Dans un monde idéal, toutes les victimes de notre régime devraient s’unir, et exiger le changement. Dans un univers encore plus parfait et plus rationnel, les victimes ne se contenteraient pas d’exiger le changement, elles l’imposeraient. Mais dans le monde réel, c’est aux Palestiniens, que nous, Israéliens, faisons porter le fardeau de cette exigence de changement.

N’attendons rien, par les temps qui courent, des citoyens juifs israéliens (à l’exception d’une poignée de militants de gauche). Nous les juifs, bénéficions de l’existence de ce régime, y compris lorsque la nouvelle religion est l’enrichissement d’une minorité de privilégiés, là où la majorité se bat pour joindre les deux bouts chaque mois. Notre Etat-providence réservé aux juifs connaît la prospérité dans ce que les colons appellent la Judée-Samarie (Cisjordanie occupée, NDLR), alias le YOSH, son acronyme hébraïque.

Le YOSH incarne le rêve d’une promotion socio-économique individuelle pour tous les juifs en Israël, c’est-à-dire de gens qui souffrent eux-mêmes des politiques anti-sociales de leur gouvernement. Mais faites vos bagages et partez quelques kilomètres plus loin dans les colonies ou dans de petites localités de la Galilée, et vous constaterez qu’il n’y est plus question de politiques d’austérité.

La claire conscience qu’il est possible à un individu d’augmenter facilement son propre niveau de vie annihile la capacité des juifs à engager une action collective pour le mieux-être. C’est dans un tel contexte que s’est formée dans notre pays l’alliance entre le parti Yesh Atid, qui a tiré sa force du mouvement de protestation contre les prix des loyers, et le parti Habayit Hayehudi, dont le fonds de commerce électoral repose sur le « rêve » d’un chez soi de charme en Cisjordanie. N’oublions pas le troisième pilier cité plus haut, et on observera comment tout cela prend forme, en béton armé.

Les dirigeants militaires d’aujourd’hui sont des futurs patrons de multinationales, fabricants d’armements, exportateurs, et instructeurs des armées de tyrans milliardaires dans le monde. Leur job actuel, temporaire, qui consiste à protéger le vol des terres palestiniennes, est la garantie de la prospérité de chaque membre de cette influente camarilla. Le désir d’en être, et la possibilité effective d’en être, compensent les dégâts de la politique anti-sociale du gouvernement.

Les Palestiniens sont le seul groupe du pays –entre la mer et le Jourdain- à souffrir des trois piliers à la base de ce régime. Ce sont les seuls aussi à résister et à se battre pour le changement. Ce faisant, ils luttent également pour les intérêts à long terme de la population juive. Cette résistance, nous refusons d’en voir le caractère fondamental et global, et la traitons comme s’il s’agissait d’autant de détails et d’épisodes, qu’alors nous condamnons et réprimons : « jets de pierre », « terrorisme », « émeutes », « provocations », « « roquettes Ghassam », « attaques par tunnel », « Nations-Unies », « infiltrés », « BDS » ou encore « construction de logements sans permis ».

Pour nos chefs sécuritaires, tout est pareillement dangereux, et ils n’ont pas tort. Discuter des « détails » -ou plus exactement des forces et faiblesses, voire de la moralité de tel ou tel aspect de la lutte- est légitime, mais ne doit pas nous faire perdre de vue le tableau d’ensemble. Les Palestiniens se défendent contre une bande de voleurs armés.

Amira Hass

2 septembre 2014

http://www.haaretz.com/misc/article-print-page/.premium-1.613551?trail...

Traduction CAPJPO-EuroPalestine

»» http://www.europalestine.com/spip.php++cs_INTERRO++article9853
URL de cet article 26850
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Israël, parlons-en !
Michel COLLON
PRESENTATION : Voilà qui peut paraître étrange tant les médias nous parlent d’Israël. Mais les raisons du conflit sont-elles claires ? Israël : terre sans peuple pour un peuple sans terre ? Démocratie en légitime défense ou Etat d’apartheid ? Choc des civilisations, conflit religieux ou enjeu pétrolier ? Pourquoi une solution paraît-elle impossible ? Michel Collon a interrogé 20 témoins et spécialistes. Israéliens et Arabes, juifs et musulmans, Européens et Américains. Chacun éclaire une question (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il y a un sacré paquet de connards à Cuba - comme partout. Mais la différence à Cuba, c’est qu’ils ne sont pas au pouvoir.

Jose G. Perez

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.