RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Iran : le FBI devenu voyou ? (Consortiumnews)

Le 1er septembre j’avais rédigé un article intitulé «  le FBI devient voyou ». Il s’agissait de montrer que l’unité antiterroriste du FBI était devenue un instigateur de crimes. Le mode opératoire de l’Agence nous rappelle ces plantes carnivores qui adoptent des formes sophistiquées pour attirer leurs proies.

De la même manière, la «  prévention du terrorisme » au FBI consiste à monter des scénarios afin de leurrer des «  terroristes » dans un piège.

L’annonce récente de l’arrestation de l’américano-iranien, Mansor Arbabsiar, ancien vendeur de voitures d’occasion converti au trafic de drogue (et qui a un cousin qui travaille dans la force Quds iranienne, l’unité des opérations spéciales de Gardiens de la Révolution), cadre parfaitement avec ce mode opératoire.

Le Département de Justice (US) affirme qu’Arbabsiar planifiait l’assassinat de l’ambassadeur saoudien à Washington. Dans le même temps le Département assure que, selon le procureur US Preet Bharara, «  pour toute l’opération, les sources confidentielles du gouvernement étaient supervisées et pilotées par des agents fédéraux ».

Dans ce cas précis, la source confidentielle était lui-même un ancien agent de la DEA (Drug Enforcement Agency - police anti-drogue US - NdT) et un criminel condamné. Selon Gareth Porter, on entend l’agent dans un des enregistrements clandestins du FBI, «  induire Arbabsiar à accepter d’assassiner l’ambassadeur saoudien. » Ce qui constitue un piège et c’est illégal.

Les «  pilotes » sont des agents du FBI impliqués eux-mêmes dans la fabrication d’un crime. Ce ainsi que le gouvernement garantit une arrestation.

Comme l’a relevé Glenn Greenwald, «  il est indéniable que le [Département de Justice] obtient d’excellents résultats pour déjouer les complots terroristes qu’il fabrique lui-même ». De plus, sans surprise, Bharara a rappelé que pendant toute l’opération «  terroriste », «  personne n’était réellement en danger. »

La frontière entre criminels et policiers a toujours été poreuse. Et c’est pour cela que tous les grands départements de police ont une unité d’affaires intérieures (une «  police des polices » - NdT). A l’évidence, l’unité anti-terroriste du FBI a franchi cette frontière.

Le précédent ainsi crée est en soi assez lugubre, mais dans ce cas précis, ceux du Département de Justice ont fait bien pire : ils ont accusé un pays étranger, l’Iran, de complicité.

Arbabsiar aurait été recruté par son propre cousin pour contacter un cartel de drogue mexicain pour l’assister dans son projet. Ce qui a provoqué une volée de menaces émises par le gouvernement des Etats-Unis à l’encontre de l’Iran. Le président Obama lui-même a mené l’assaut.

«  Ceci n’est pas uniquement une escalade dangereuse, ceci fait partie d’un comportement inconscient et dangereux de la part du gouvernement iranien, » a dit Obama. «  Même si les dirigeants iraniens n’avaient pas une connaissance détaillée du dossier, tous ceux au sein du gouvernement iranien impliqués dans ce genre d’activité devront rendre des comptes ».

L’Hypocrisie

Puisque le Département de Justice et le FBI ont un tel goût pour imaginer des scénarios criminels, peut-être pourrions-nous faire de même. Imaginons ceci :

 Quelqu’un au sein d’un des nombreux services de renseignement US, peut-être en collaboration avec un pays allié, décide d’assassiner les experts nucléaires iraniens. Ils décident de faire appel à des intermédiaires et partent à la recherche de tueurs à gages. Ils ne vont pas chercher au Mexique, mais plutôt parmi les groupes d’exilés iraniens qui ont les contacts appropriés à l’intérieur de l’Iran.

Peu après, un nombre de scientifiques et d’ingénieurs nucléaires iraniens sont retrouvés morts. Dans la foulée, le président Mahmoud Amadinejad tient une conférence de presse et dit : «  Ceci n’est pas uniquement une escalade dangereuse, ceci fait partie d’un comportement inconscient et dangereux de la part du gouvernement étatsunien... Même si les dirigeants étatsuniens n’avaient pas une connaissance détaillée du dossier, tous ceux au sein du gouvernement étatsunien impliqués dans ce genre d’activité devront rendre des comptes ».

 A présent, nous nous retrouvons dans les entrailles du Pentagone où quelqu’un a dressé une liste de personnes supposément liées à Al Qaeda. Certains noms y figurent à cause de rapports de «  renseignement » qui citent eux-même des informations de seconde et même de troisième main. Certains sont plus fondés.

Un nom est choisi et la localisation approximative de la personne est confiée aux petits génies militaires qui programment un avion sans pilote au-dessus du Golfe Persique. Ensuite, un génie informatique quelconque lance une bombe ailée, à l’aide d’une simple manette de jeu, sur la cible qui se trouve être la maison de quelqu’un. Peut-être tuent-ils la personne visée, peut-être pas. Dans tous les cas, bon nombre d’innocents qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment trouvent la mort, eux.

Après quelques dizaines d’attaques de ce genre, le président de l’Afghanistan ou peut-être du Pakistan tient une conférence de presse et déclare : «  Ceci n’est pas uniquement une escalade dangereuse, ceci fait partie d’un comportement inconscient et dangereux de la part du gouvernement étatsunien... Même si les dirigeants étatsuniens n’avaient pas une connaissance détaillée du dossier, tous ceux au sein du gouvernement étatsunien impliqués dans ce genre d’activité devront rendre des comptes ». 

On pourrait continuer ainsi longtemps. Le fait est que le Président Obama et toute la flopée de politiciens et officiels US qui ont publiquement exprimé leur indignation devant l’implication supposée de l’Iran dans un complot visant à pénétrer un territoire étranger dans le but d’assassiner quelqu’un, entreront dans l’histoire comme une belle bande d’hypocrites. Chose qui n’a pas vraiment l’air de les préoccuper.

Petits Mondes

Pourquoi nos dirigeants politiques agissent-ils avec autant de duplicité et d’hypocrisie ? Pour tenter d’y répondre il faut se souvenir qu’ils vivent dans un monde restreint et clos.

Leur monde à eux n’est pas un monde fait de débats publics et vigoureux entre différents points de vue. Leur monde est celui d’exigences et d’opinions exprimées par des groupes d’intérêt qui sont eux-mêmes auto-centrés sur leurs objectifs et indifférents à la morale et même à la vérité en dehors de leur propre sphère d’action. Voici deux exemples :

 Un de ces groupes auto-centrés est celui de la communauté des forces de l’ordre qui, si on leur donne l’occasion, se comporteront d’une manière autoritaire sans égards pour les règlements et procédures qui limitent leur pouvoir.

Les attaques du 11 Septembre a crée justement une de ces occasions pour ce groupe pour pouvoir justifier ses actions en violation de la Constitution. Ce comportement a été de fait encouragé par un grand nombre de politiciens impatients de complaire à une population dont la majorité se soucie peu de ses droits qui sont rarement exercés dans la vie quotidienne - une majorité qui commet donc l’erreur de croire que le sacrifice de ces droits renforce sa sécurité.

 Un autre de ces groupes est celui des Sionistes et leurs partisans qui sont instinctivement autoritaires dans leur comportement et donc parfaitement disposés à violer la Constitution pour atteindre leurs objectifs. Et un des ces objectifs est la destruction de l’Iran.

C’est avec leurs encouragements que de plus en plus de membres du Congrès se joignent à la meute anti-iranienne. C’est avec leurs encouragements qu’on trouve, en arrière-plan des dénonciations télévisées contre l’Iran, des officiels du Trésor US connus pour leur soutien à Israël.

Ces officiels sont chargés d’instaurer des sanctions contre la banque centrale iranienne dans l’espoir de détruire l’économie du pays. Les justifications avancées pour ces mesures relèvent d’une mauvaise plaisanterie mais cela ne les dérange nullement.

Derrière tout ceci se trouve le problème général de réussir, d’un côté, à faire comprendre au public, tout occupé à ses activités quotidiennes, que ce que racontent les médias et le gouvernement n’est pas forcément vrai. En fait, c’est même le plus souvent faux.

Et, d’un autre côté, que les conséquences de suivre aveuglément ces joueurs de flûte peut provoquer de nombreux morts et d’immenses destructions. Il suffit de se souvenir du Vietnam et de l’Irak. Mais beaucoup ne se souviennent pas et on pourrait être amené à penser que ce comportement autodestructeur se poursuivra pendant des générations.

Lawrence Davidson

Professeur d’histoire à West Chester University en Pennsylvanie. Auteur de «  Foreign Policy Inc. : Privatizing America’s National Interest » ; «  America’s Palestine : Popular and Offical Perceptions from Balfour to Israeli Statehood » ; et «  Islamic Fundamentalism. »

http://consortiumnews.com/2011/10/17/did-fbi-go-rogue-on-iran/

Traduction «  d’où vient cette sensation de déjà vu ? » par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.

URL de cet article 14881
   
Le Grand Marché Transatlantique : La menace sur les peuples d’Europe
Raoul Marc JENNAR
« Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire. » Ces mots confiés par David Rockefeller au magazine américain Newsweek, le 1 février 1999, fournissent la clé pour comprendre ce qui se passe depuis une trentaine d’années et qu’on appelle « mondialisation néolibérale ». Déléguer au secteur privé la maîtrise des choix ou, pour l’exprimer à la manière pudique de journaux comme Le Monde ou Les Echos, « redéfinir le périmètre de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le déficit de l’Etat était l’objet même de spéculations. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or chaque emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’Etat, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans des conditions toujours plus défavorables.

Karl Marx
La lutte des classes en France. 1850

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.