Il est des gens qui dorlotent la mort comme on essuie la poussière d’un meuble avec un plumeau.
Des gens qui citent de mémoire le tableau terrible et magnifique de Picasso. Je veux parler de Guernica, bien entendu ! Ah, disent-ils, ah Guernica ! C’est un tableau pour dénoncer les bombes faschistes qui se sont abatues sur le village de Guernica. Ah, Guernica ! C’est l’une des plus belles oeuvres de Picasso.
Ah, disent-il... Et ils palabrent ainsi, fins connaisseurs, tout en s’identifiant à l’oeuvre, du moins en apparence. Ah, Guernica !!!
Tous ces hypocrites de bas-étages se gossent sur la mort passée, poussière des souvenirs et des prises de conscience faciles désormais. Au nom de l’art, de la culture, de la connaissance, de l’opinion stéréotypé, vaste foutoir des choses apprises par coeur pour paraître intelligent en public.
Demandez à ces bien-pensants de réagir de même aux massacres de Gaza, aux massacres du Honduras, et aux prochaines atrocités qui se préparent dans l’ombre... Ils décamperont bien loin, en oubliant Guernica. Avec une pirouette et quelques excuses. Trop facilement.
Il est des gens qui dorlotent la mort comme on essuie la poussière d’un meuble avec un plumeau, et qui ferment les yeux devant les mêmes atrocités.
Ah Guernica ! Picasso lui, n’avait pas fermé les yeux...
Lou Florian