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Hommage aux résistants : honteuse mascarade à la cascade du Bois de Boulogne !

Le dimanche 18 août, le Pôle de Renaissance Communiste en France s’est rendu, comme il en a coutume, à la commémoration du martyr des fusillés de la cascade du Bois de Boulogne.

35 résistants assassinés le 18 aout 1944 !
35 résistants, communistes, chrétiens ou gaullistes, pour la plupart à peine majeurs, sont en effet tombés sous les balles nazies en ce lieu, victimes d’un informateur qui avait profité velléités d’unification trans-partisane des différents réseaux de résistance pour les faire tomber dans un guet-appens.

Dans un cadre cruellement bucolique, ils devaient être fusillés le 18 août 1944 par des troupes du Reich rendues encore plus impitoyables par la déroute qu’ils commençaient à deviner inéluctable. La jeunesse de la plupart de ces martyrs, l’ampleur de leur sacrifice, la terrible ironie qui les vit être assassinés si peu de temps avant la Libération, mais surtout leur volonté de mettre en sourdine des différends politiques majeurs pour le bien commun font de leur sacrifice un exemple édifiant méritant, à notre sens, d’être commémoré tous les ans. Ils sont l’illustration idéale d’un esprit du temps que Louis Aragon a si bien retranscrit dans son célèbre poème “La rose et le réséda".

Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
A la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat

De l’immonde récupération xénophobe...

Malheureusement, les autres organisations n’avaient, semble-t-il, pas le même respect envers le sacrifice de ces héros que nous-mêmes. Force est ainsi de constater que seules la section du 92 du PCF et notre organisation ont estimé opportun de participer à la commémoration de cette tragique exécution, qui ne concerne pourtant pas les seuls résistants communistes. Et nous ajouterons que, quand bien même l’intégralité des fusillés auraient été membres des FTP, leur combat pour la libération de notre pays du joug fasciste mérite l’hommage de quiconque se prétend patriote ou un tant soit peu humaniste, à défaut de marxiste. Malgré les tentatives d’effacement du rôle primordial de la résistance communiste, l’indifférence générale qui règne autour de cette commémoration révèle, s’il en était encore besoin, que les véritables patriotes ne sont pas ceux qu’on croit. Socialistes comme républicains, en passant par l’extrême droite pourtant si prompte habituellement à donner dans le trémolo chauvin et l’apologie militariste lorsqu’il s’agit de stigmatiser les immigrés et leur religion réelle ou supposée, la plupart des organisations politiques locales n’ont donné aucun signe de vie.

Pourtant, de religion, il allait contre toute attente en être question, et pas pour saluer les militants des JOC fusillés. A l’issue d’un discours de facture classique sur l’héroïsme des résistants assassinés, le 1er adjoint à la mairie de Boulogne (LR) nous a gratifiés d’un parallèle plus que douteux entre leur lutte contre l’occupation nazie et celle que les générations d’aujourd’hui auraient à mener contre « le totalitarisme islamique » (sic !).

Ce petit bout de phrase, qui n’a semble-t-il pas choqué l’assistance, nous a plongés dans un état de sidération totale, tant par la vulgarité de son électoralisme (il est de notoriété publique que la critique de l’islam plait à l’électeur de droite moyen, mais était-ce bien le moment pour grappiller des voix ?) que par les nombreux travestissements auquel il procédait. D’abord, en utilisant la notion de totalitarisme, l’amalgame éculé de l’essayiste réactionnaire Hannah Arendt entre le nazisme et le communisme, lors d’une commémoration célébrant le sacrifice de résistants communistes tombés sous les balles nazies. Il parait réellement ubuesque d’utiliser ce concept dans une situation où le caractère antagonique de ces deux projets politiques se révèle aussi clairement ! Employer ce terme en cette occasion revient à insulter les militants communistes des FTP tombés en 1944 pour nous délivrer de la dictature fasciste. Ensuite, en profitant de l’hommage rendu à une jeunesse résistante pour stigmatiser les musulmans, sous couvert de lutte contre le terrorisme (là encore, on peine à voir le rapport immédiat entre la question du terrorisme et la lutte contre le fascisme). Il est bien évident que la comparaison entre une occupation et un pillage bien réels de la France par les nazis et les attentats terroristes qui la frappent occasionnellement ne tient absolument pas la route. Si Daesh faisait flotter son drapeau sur notre pays, avait mis en place un gouvernement fantoche zélé anticipant ses moindres demandes, avait organisé un pillage généralisé de l’industrie française, cela se saurait ! L’emploi du terme « islamique » et non « islamiste » montre que ce n’est pas l’idéologie politique réactionnaire qui est en cause, mais la religion musulmane en son entier, dont il est sous-entendu qu’elle est intégralement partisane du meurtre de masse. En outre, il nous semble particulièrement déplacé de profiter d’une apologie des résistants qui nous ont libéré d’un occupant raciste, bien connu pour avoir désigné une minorité religieuse en bouc émissaire avec toutes les conséquences tragiques que nous connaissons, pour proférer soi-même des propos stigmatisant envers une minorité religieuse subissant de plus en plus d’agressions à caractère raciste. Le discours de cet élu de la République rappelait, en l’occurrence, davantage le dangereux irrationalisme des bourreaux que le courage humaniste des héros !

... à la propagande européiste !

Nous n’étions cependant pas au bout de nos peines. A succédé à notre démagogue raciste le maire de Chelles, lui aussi d’obédience LR. Ce dernier, vraisemblablement extralucide, nous a informés que les résistants qui avaient donné leur vie n’avaient qu’un souhait au cœur : l’union de l’Europe, pour que la France et l’Allemagne puissent mettre leurs petits différends mesquins de côté et se fédérer dans la joie, l’alégresse et la concurrence libre et non faussée. Passons rapidement sur la vulgarité d’un élu qui utilise un hommage à des martyrs de la Résistance pour parler de sujets annexes n’ayant aucun rapport immédiat avec le thème de l’évènement. Ce qui frappe encore ici, c’est l’inculture crasse de cet élu qui refuse de voir que la notion de la Grande Europe n’était pas un espoir de cette jeunesse – morte au contraire pour la souveraineté de son pays – mais qu’elle était en revanche un élément central de la propagande nazie et pétainiste. Les FTP et les FFI combattaient les thuriféraires de l’Europe unie sous le giron d’un Reich hégémonique. A cette alliance continentale exterministe, raciale et réactionnaire, ils préféraient l’Etat-Nation issu des Lumières et de la Révolution jacobine. Au fédéralisme européen, ils opposaient l’indépendance nationale et la souveraineté populaire, à tel point qu’ils sont morts pour la faire prévaloir. Autant de concepts progressistes que l’Union Européenne n’a cessé de fouler aux pieds depuis sa création, en bonne héritière du projet de la Grande Europe.

en passant par la minoration de la Résistance

Jamais deux sans trois. Le mot de la fin était laissé à Anne Hidalgo, en qualité de maire de Paris. Cette dernière était déterminée à respecter la nouvelle norme de récupération politique grossière établie par ses deux prédécesseurs. En effet, évoquant le jeune âge de la majorité des fusillés de la Cascade, elle s’est fendue d’un discours lénifiant sur le caractère profondément généreux de la jeunesse, qui n’a de cesse de mener les combats fondamentaux de son époque. Et quel objectif plus noble à notre époque que celui de « sauver la planète » ? Anne Hidalgo a en effet, toute honte bue, explicitement comparé les résistants de la Cascade du bois de Boulogne, brutalement assassinés pour avoir mené une lutte armée contre le fascisme, à l’inénarrable Greta Thunberg, la lycéenne suédoise qui voyage en bateau pour faire la morale aux grands de ce monde – qui la reçoivent par ailleurs fort courtoisement ! Les jeunes résistants ont dû lutter clandestinement, bravant les risques de torture et de mort, face à deux Etats profondément hostiles où l’intégralité des media légaux déversait sans discontinuer un discours en tout point contraire avec ce pour quoi ils prenaient les armes. Greta Thunberg, au contraire, n’est qu’une adolescente faisant office de porte-parole d’un discours dominant on ne peut plus consensuel. Bien loin de risquer sa vie, elle reçoit pour sa dissidence les subsides d’une association aux financement flous, lui permettant de garantir un train de vie confortable. Quand ces jeunes résistants combattaient pour l’intérêt général, se plaçaient résolument sous le signe du collectif, Mlle Thunberg moralise et demeure incapable de concevoir la chose publique sous un autre angle que celui de la morale individuelle, de concevoir la lutte politique sous un autre aspect que celui de la consommation vertueuse. En un mot, son ignorance intégrale des questions de production, de classes sociales, de souveraineté de l’Etat, qui furent au cœur du combat des fusillés de la Cascade. Cette comparaison indigne n’a pas lieu d’être. Plus fondamentalement, si le combat pour la préservation du milieu naturel intéresse tout socialiste conséquent, n’oublions pas non plus que le pouvoir nazi, par haine de la Modernité, a exalté la pureté de la nature contre l’industrie corruptrice et le droit des animaux. N’oublions pas que c’est Pétain, et non Duclos ou De Gaulle, qui a faite sienne la phrase d’Emmanuel Berl selon laquelle « La terre, elle ne ment pas ». N’oublions pas que, Pétain comme les nazis, n’ont pas hésité à embrigader la jeunesse, à la flatter, à faire appel justement à cette « soif d’action » tant vantée par Hidalgo.

Se souvenir du sacrifice des résistants et poursuivre leurs combats

Le PRCF ne peut que déplorer le manque d’humilité du personnel politique présent, qui n’a eu de cesse de détourner l’hommage aux martyrs de la Résistance en une plateforme permettant de flatter les présupposés idéologiques de son électorat. N’ayons pas peur des mots, il s’agit d’une attitude profondément vulgaire, insultant en réalité la mémoire des combattants censés être honorés. Le PRCF constate aussi avec effarement que dans leur inculture crasse, les politiciens bourgeois ont systématiquement vanté des concepts réactionnaires, relevant davantage de l’idéologie nazie que du combat progressiste de la Résistance : racisme, européisme, embrigadement de la jeunesse, écologisme réactionnaire. Cela s’inscrit dans un climat plus global de fascisation, actuellement à l’œuvre à l’échelle mondiale et particulièrement préoccupant. Fidèles quant à nous à la mémoire de ces résistants, à leur combat pour la souveraineté nationale et l’émancipation du genre humain, aux convictions communistes de certains d’entre eux, nous désirons simplement, en guise de conclusion, appeler le lecteur à se souvenir de leur sacrifice.

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