Harry Roselmack : une minorité à respecter.

En ces temps d’ordre moral larvé, d’intouchabilité des minorités, les humoristes et les pamphlétaires marchent sur des oeufs. Doouuucement sur les arabes, les juifs, les homos, les nains, les trisomiques, les vieux, les flics, les Corses, les blondes, les gros, les sourds, les rouquins, les fonctionnaires, Jésus, etc.

On ronge donc son frein en silence pendant le JT de 20 H sur TF1 quand Harry Roselmack nous débite qu’il a neigé en Savoie : reportage de Jean-Edouard Dugland (Là , Harry Roselmack baisse un coup les paupières) et de Bénédicte Potiche). Des pluies torrentielles (notez le mot) ont provoqué des inondations au Texas : reportage de Duchnock, mouvement des paupières, etc.). Le TGV Tours/Bordeaux accuse 6 H de retard : reportage, voyageurs otages (notez le mot), explications du PDG de la SNCF, avis d’un prof de sciences po spécialiste des caténaires. Un enfant sauvé de la noyade dans le bassin du jardin du Luxembourg (Dugland, Potiche, Duchnock et tous les promeneurs qui ont tous assisté à la scène). La mère sanglote. Un médecin en blouse blanche dit que le « pronostic vital » (notez l’expression) n’est pas engagé.

Il est 20H20, on râle (en silence, because total respect pour les minorités télévisuelles) quand il passe enfin à la politique française : Manuel Valls a causé et Fillon s’est déplacé en province (notez le mot).

20H25, politique internationale : deux présidents en Côte-d’Ivoire dont un gentil et un méchant que l’ONU va chasser*.

Enfin il termine son JT (sic) « Merci de l’avoir suivi » (notez la formule) avec un bon sourire.

Et nous, pauvres pommes, on n’a même pas le droit de balancer une pantoufle sur l’écran, de peur d’être stigmatisés par les bien-pensants, sous prétexte que Roselmack est chauve.

Théophraste R.

* L’ONU chasse tous les méchants d’Afrique (Arabie Saoudite, Qatar, Maroc …) et rappelons-nous comment elle balaya l’apartheid et ne laissa pas Idi Amin Dada et Bokassa régner plus d’une semaine. En Amérique latine aussi elle fit des merveilles, au grand dam de tous les Pinochet du coin.