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Grèce : Il fut un temps, où il y avait une classe moyenne...

Comment un éditorialiste grec de droite voit la décomposition actuelle de ce qu’il nomme pudiquement le centre en référence aux deux artisans de la politique dite néolibérale qui a ravagé ce pays et l’a conduit au rang de protectorat des poids lourds européens, balayant au passage toutes les règles démocratiques minimales auxquelles on est en droit de s’attendre même dans un système capitaliste.

Une leçon qui devrait être éclairante pour une dite classe moyenne des pays non encore touchés à ce point, qui n’aurait pas encore compris à quelle sauce elle sera dévorée par le grand Capital quant son heure sera venue.

Ce que les résultats de l’élection de la semaine dernière a rendu tout à fait clair, c’est le fait que le centre politique a implosé, avec les partis de gauche et de droite [*] emménageant dans les dépouilles. Par extension, cela reflète également l’érosion progressive de la classe moyenne du pays, qui a toujours soutenu les partis du centre, les moteurs passés à savoir le Pasok du centre-gauche et la Nouvelle Démocratie du centre-droit [*].

Tous deux ont perdu quelque trois millions de voix au profit d’autres partis. C’est plus de la moitié de l’électorat. Et avec la classe moyenne perdant du terrain, le pays va progressivement perdre de sa cohésion sociale, avec tout ce que cela implique pour la stabilité à long terme d’un pays.

Les choses ne s’amélioreront pas de sitôt, peu importe qui forme le gouvernement. Selon l’Autorité Hellénique de la Statistique, le taux de chômage était à 21,7% en février, avec 922 personnes par jour ayant perdu leur emploi au cours de la dernière année.

Avec la Grèce entrant dans sa cinquième année de récession, le message est fort et clair : l’austérité prolongée tue la classe moyenne et sans elle il ne peut pas, par définition, exister de terrain d’entente politique. Elle sera progressivement réduite à l’insignifiance, avec ses jours de domination relégués à un lointain souvenir.

Les anciens membres de la classe moyenne qui ont maintenant été réduits à une quasi pauvreté sont en train de trouver le message de partis plus radicaux beaucoup plus attractif qu’ils ne l’auraient fait, s’ils avaient senti un semblant de stabilité financière.

Et qui pourrait les en blâmer s’ils s’accrochent, en désespoir de cause, à tout message qui pourrait leur offrir un peu de répit, fut-il populiste ou erroné ? Peu importe la stratégie ou quels détours les partis du centre poursuivront, la Nouvelle Démocratie et le Pasok verront leurs taux d’approbation diminuer encore à moins qu’il n’y ait un retour à la stabilité financière.

Cela pourra prendre des années à se réaliser. Cela pourra prendre encore plus longtemps avant que la classe moyenne ne puisse se réaffirmer. Jusqu’à ce moment-là , le pendule va osciller de droite à gauche et les voix représentant le centre ne seront guère plus qu’un murmure.

Athens News - Éditorial, le 11 mai 2012.

Note :

[*] Tout le monde aura bien évidemment compris que ce que l’auteur nomme le centre-droit désigne en fait la droite, ce qu’il qualifie pudiquement de droite l’extrême droite et la classe moyenne la frange supérieure de la classe laborieuse.

Source : Once upon a time, there was a middle class ...

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La Chine sans œillères
Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, (…)
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Viktor Dedaj

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