
Je me permets de vous envoyer quelques lignes sur l’événement créé par la mort d’André Glucksmann suscitant de la part des médias des commentaires aussi nombreux que variés, notamment celui d’Emmanuel Macron qui est pour le moins "hérissant" de la part d’un jeune homme qui, hormis être le produit et le perroquet d’un ultralibéralisme qui mène le monde dans le mur, n’hésite pas, en bon communicant, à faire preuve d’un cynisme bien de son époque !
"On l’a oublié aujourd’hui mais il y a eu un vrai combat intellectuel dans le monde critique, dans le monde politique et universitaire français quand il s’agissait de parler des régimes totalitaires en particulier du communisme, et il a fait partie de ces philosophes courageux qui se sont engagés dans la vie de la cité, dans ce combat, et qui ont éclairé très tôt. C’est un vrai esprit critique en même temps qu’une conscience qui disparaît", a déclaré le ministre de l’Economie Emmanuel Macron.
"Combat intellectuel, critique des régimes totalitaires, philosophes courageux, esprit critique, conscience, etc." On rêve !
André Glucksmann après avoir été pour fut contre tout ce pourquoi il avait été pour ! C’était sa façon d’être engagé ! Son sens de la provocation, du bon usage de la communication, sa façon de s’habiller, de se coiffer, de se comporter en rejetant négligemment quelques mèches rebelles (?!) qui certes tombaient - non sans recherche - firent grande impression sur ma génération qui fut aussi la sienne !
Mon admiration fut totalement déçue lorsque le philosophe et poète afghan Sayd Bahodine Majrouh fut assassiné en février 1988 à Peshawar. Pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer, j’ai bien connu un de ses fils qui s’était élevé contre la récupération qu’en fit alors André Glucksmann dans Le Monde demandant au quotidien de faire quelques mises au point car Glucksmann se targuait d’avoir connu son père et d’être un ami.
Je ne reviens pas sur l’engagement du même, en 2007, pour Nicolas Sarkozy ni sur sa vision de mai 68 !
"Toute un longue vie d’errance à travers océans
et plaines, vallées et hautes cimes,
j’ai parcouru, traversé et vu germer
quelques vérités.
Avec la première un chemin va
jusqu’aux rivages perdus de l’existence :
Il passe inévitablement
par l’enfer.
Dans la seconde, l’enfer c’est le Moi.
[...]
Si on y allait droit peut-être
y trouverait-on la droite issue pour en sortir.
Mais les vivants n’y vont pas droit.
Ils n’aiment guère aller ainsi et cherchent
à l’éviter, et cherchent
les voies qui se détournent,
les chemins tortueux.
Ils créent et ils se créent
leur propre labyrinthe.
Ils deviennent leur choix.
Ils résident en permanence chez eux :
aux mégapoles de l’enfer."
(Le Voyageur de Minuit, Ego Monstre I, texte français Serge Sautreau, éd. Phébus, p. 21-22).
Sayd Bahodine Majrouh connaissait bien les hommes lui qui savait que l’ultime courage est de donner sa vie pour que l’homme se libère des chaînes de la concupiscence, de l’intolérance et du fanatisme.