Nous saluons avec un profond respect le départ du géant de la révolution cubaine, le commandant Fidel Castro. Il a été pendant près de soixante ans un leader, un inspirateur, un homme de convictions qui, jusqu’au dernier moment de son existence, a cru qu’un autre monde était possible.
Pour nous, peuples du Tiers-Monde, qui avons connu le génocide, l’esclavagisme, le colonialisme, qui subissons actuellement le néocolonialisme, peuples dominés du monde, exploités, martyrisés, expropriés, dépouillés de notre richesse, de notre mémoire, nous pour qui la vie constitue une vallée de larmes, un perpétuel combat, Fidel reste et restera l’allié fondamental, l’ami loyal, la conscience révolutionnaire qui a osé dire à la face de l’Empire que ces gens du Tiers-Monde, ces damnés de la terre ont droit à la nourriture, à l’éducation, à la santé, aux richesses produites par leur terre, bref à une existence humaine et digne.
Cette vérité-là, pourtant toute simple, toute évidente, on nous fait croire qu’elle est irréalisable, qu’elle est l’apanage des utopistes, des romantiques, des rêveurs, que l’on devait se résigner au contraire à accepter le monde tel qu’il est, c’est-à-dire où 1% d’individus possède plus de la moitié de la richesse de l’humanité, où la destruction de l’environnement devient un fait divers, où des guerres incessantes et la destruction de pays entiers, pour le moindre prétexte, constituent la norme, où des chefs d’État ignares et fascistes deviennent les porte-parole de courants idéologiques qui proclament ouvertement l’oppression sociale et la supériorité raciale.
Ce monde-là, Fidel a fait le choix de ne pas l’accepter comme une fatalité, une réalité insurmontable. C’est pourquoi, la révolution cubaine a été, dès le début, une révolution profondément sociale : les priorités données à l’éducation, à la santé, au logement, aux coopératives ouvrières et paysannes sont des choix d’un État qui prend à cœur la dignité de son peuple et qui croit profondément à son avenir.
Si l’Occident, par le biais de sa grande presse, ne fait que débiter mensonges et calomnies sur la révolution cubaine, c’est pour faire méconnaitre cet aspect social de la révolution.
Si l’Occident étiquette le gouvernement cubain de dictatorial, c’est pour faire oublier qu’il a été, lui, l’Occident le « civilisateur », pendant plus d’un siècle, le principal générateur et supporteur de régimes sanguinaires en Afrique, en Amérique latine, aux Antilles, en Asie.
S’il accuse la révolution cubaine de violer les droits humains, c’est pour camoufler le fait que sa domination impérialiste sur les peuples du Sud est fondée sur le non-respect, les massacres, les assassinats, sur la violation des droits humains les plus fondamentaux : droits à un salaire décent, à se syndiquer, au respect de la culture et de la religion de chaque pays, droit de choisir des dirigeants politiques qui ne soient pas asservis à la domination étrangère, etc.
Si l’Occident exige de Cuba des réformes et l’ouverture sociale, comme si Cuba n’était pas capable de réformes et d’ouverture, c’est pour mieux introduire dans le pays ses hommes de main, ses politiciens de pacotille, ses gérants des intérêts de compagnies multinationales.
C’est ce défi d’être maitre chez lui, de refuser de marchander sa dignité et son autonomie qui fait du peuple cubain un peuple à abattre, comme nous Haïtiens étions un peuple à abattre après notre indépendance.
Face à cette audace de la dignité, l’impérialisme ne pardonne pas : Fidel a survécu à 600 tentatives d’assassinat ; un cruel embargo, immoral et illégal, tente depuis plus de 55 ans d’écraser l’économie de l’île, d’empêcher aux enfants, aux personnes âgées d’avoir accès aux médicaments, de ne donner d’autres choix au gouvernement que d’acheter à des prix exorbitants sur le marché international des matériaux de construction, des véhicules, etc.
Malgré tout, la révolution cubaine a survécu. Elle a, devant la pire adversité, face au monstre impérial, transformé la société, faire de Cuba un modèle de résistance, de dignité. Et ce qui historiquement sera l’un des plus grands héritages de cette révolution, c’est son soutien inconditionnel aux peuples en lutte, sa grande contribution dans le démantèlement du système raciste de l’apartheid, dans l’alphabétisation des centaines de milliers d’enfants, dans la lutte contre la maladie, les épidémies qui ravagent hommes,
femmes, enfants dans les quartiers les plus pauvres de l’Amérique latine, des Antilles et d’Afrique. Cuba est toujours le premier pays à soutenir le peuple haïtien dans ses nombreuses péripéties et catastrophes, et cela de manière désintéressée. Une aide non militarisée, non redevable.
L’avenir de la révolution cubaine, ses grandes réalisations, son idéal ne dépendent pas uniquement du peuple cubain, de ses choix face au chant des sirènes, il dépend de nous aussi peuples dominés du Sud, de notre volonté à relever le défi de transformer nos sociétés, de rester, par ce fait même, solidaires au peuple cubain.
Fidel restera un héros de l’humanité souffrante. Saluons donc le passage de ce grand homme qui aura marqué l’humanité de sa vision, de son humanité, de son incommensurable solidarité.
Le peuple haïtien vient de perdre un grand allié.
Hasta la victoria siempre commandante !
Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’occupation d’Haïti
REHMONCO
Pour authentification,
Renel Exantus
Ricardo Gustave
Contact : rehmoncohaiti1915@gmail.com