Si on m’avait dit il y a dix ans que je me passionnerais comme un malade pour la natation de compétition, j’aurais bien rigolé. Et pourtant c’est le cas car mes deux dernières filles, sans que je leur demande rien, se sont lancées dans la belle aventure, la plus jeune évoluant au plus haut niveau chez les moins de 15 ans (https://www.youtube.com/channel/UCUWg3HojWVPQRL05q1kJDZw/videos). Maxime Vivas, qui connaît bien Théophraste et qui s’est pris au jeu, préside la section senior du club des admirateurs de Rébecca.
Récemment, celle-ci a fait partie de la sélection française des 13/15 ans aux Jeux méditerranées de Limassol. Elle en est revenue avec quatre médailles, trois de bronze et une d’argent, terminant deuxième dans un 200 4 nages d’anthologie (stratosphérique, comme il faut dire quand on commente le sport de haut niveau). Elle qui est encore plus à gauche et encore plus internationaliste que ses parents, a exprimé à cette occasion le regret de n’avoir pas fait jouer la Marseillaise. Récemment, aux championnats de France élite, Rébecca a nagé un relais contre la meilleure nageuse de France. J’avais anticipé en me demandant ce qui pourrait bien se passer dans sa tête en cette circonstance (http://bernard-gensane.over-blog.com/2018/05/tous-derriere-rebecca-gensane.html).
La compétition sportive nous mène vers ces délires et, en même temps (oui, je sais), procure des émotions sans pareil. Lorsqu’Umtiti a marqué contre la Belgique, il a probablement doublé sa valeur marchande. Mais, sur le moment, il n’a vécu que l’immense joie procurée par son coup de tête victorieux.
Contre de telles émotions, on ne peut rien même quand, comme moi et tous les autres parents, on se contente de s’user les fesses pendant des heures sur des gradins inconfortables dans des piscines surchauffées. Ce que l’on ne peut pas savoir, même si on le sait empiriquement, c’est que, derrière une performance d’exception, relativement ou dans l’absolu, il y a 10, 12, 15 heures de nage par semaine (une séance de deux heures = 4500 à 6000 mètres), une préparation physique à sec très exigeante, des sacrifices : aucune sortie, très peu d’écran, des stages durant les petites vacances où l’entrainement est doublé etc. L’année prochaine, Rébecca sera en seconde. Elle se lèvera (moi aussi) deux fois par semaine à 5 heures du matin pour aller s’entraîner deux heures avant les cours. C’est le lot de tous les sportifs de haut niveau, de France et d’ailleurs.
Quand le gosse monte sur un podium ou, simplement, quand il se retourne juste après l’arrivée pour regarder l’affichage électronique et constater qu’il a battu sa meilleure performance, ce qu’il éprouve est irrépressible. Le père peut très bien avoir lu, au moment de leur publication, les livres que Jean-Marie Brohm a publiés il y a trente ou quarante ans, en adhérant à la plupart de ses thèses, rien n’y fait, il est en pleine empathie.