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Faire entendre la République !

Jeudi dernier une bande de sauvageons en survêtement Lacoste a fait irruption chez moi. Ils m’ont attaché sur une chaise, ont allumé la télé et ont mis la deuxième chaîne. Là , ils m’ont lancé un regard froid et m’ont dit : « tu as voté Chirac, tu dois payer ! On t’a condamné à 120 minutes de Raffarin. » J’avais vaguement entendu parler d’incivilités en banlieue, mais j’étais loin de soupçonner des actes d’un telle violence.

L’ouverture des hostilités s’est faite à 20h55, Raffarin a dit qu’il allait exposer sa "gouvernance".

20h56, une minute d’émission, les mots "insécurité"
et "immigration " ont été lachés. 20h58, application d’un fond sonore, c’est du Johnny Hallyday.

20h59, Raffarin attaque bille en tête : " Je suis un laboureur ". J’étais prévenu et ça allait durer 120 minutes.

Je m’en fous je vais porter plainte.

Depuis ce jeudi noir, j’ai Raffarin qui me susurre à l’oreille "J’ai mes rondeurs, mais j’ai du caractère."

Vous savez ce que c’est le caractère de Raffarin, vous l’avez lu le projet de loi Sarkosy :

 rejet de la présomption d’innocence
 garde à vue de 96 heures
 impossibilité de parler à un avocat avant 36 heures pour les suspectés de viol ou de violence
 suppression du droit au silence
 prolongation de la garde à vue pour les mineurs de 16 à 18 ans
 recul du pouvoir judiciaire
 écoutes téléphoniques
 délation
 fichage
 perquisition de nuit
 prélèvement d’ADN
 confiscation de la voiture des gitans mal garés
 pénalisation de la mendicité
 pénalisation des regroupement des jeunes des cités dans les cités
 pénalisation de l’ « incitation à des relations sexuelles »
une jolie fille te demande du feu dans la rue, tu dois porter plainte, elle risque six mois de taule.

Et l’émission ne faisait que commencer, Raffarin m’a pris par la main et m’a dit :
« notre route est droite mais la pente est forte. La force vive est libérée et la société française est ouverte et bleue, dans une prison adossée à la colline car dans la guerre il y a toujours une part de la folie des hommes, Barbara, tu sais moi je suis un pragmatique. Il faut maîtriser notre vitesse avec des leviers pour ne pas se prendre les pieds dans les tapis car je n’aime pas beaucoup ne pas être dans le logiciel central moi-même. Non je ne fais pas cela parce que c’est une promesse, mais parce que c’est bon pour la France. Je crois à la baisse des impôts et je les baisserai autant que je pourrai car je méprise l’Europe et les pauvres et quoi qu’il arrive on ne s’arrête pas, on ne recule pas, on avance. Car comme on dit dans le Poitou-Charente, si tu avances quand je recules, comment veux-tu petit citoyen français du bas, comment veux-tu ? »

Le lendemain, quinze ados paumés d’Argenteuil ont été condamnés à une peine de 5 à 12 ans de prison pour avoir violé une fille de 15 ans et pour que la république se fasse entendre jusque dans la cité.
Quand ils sortiront, ils n’auront toujours rien compris, ils seront déjà vieux et sans avenir. Ils pourront ainsi devenir enfin républicains. Et puis ça tombe bien, lundi, le ministère de la justice lance une campagne de communication de 2,3 millions d’euros pour recruter pour les prisons des surveillants, des administrateurs, des conseillers d’insertion et de probation.
« probation » du latin « probatio » de « probare » signifiant « prouver » en latin. Ah bin à 2,3 millions d’euros, faut pas gâcher.

Alors si je les retrouve, les petits saligauds qui m’ont forcé à regarder Raffarin pendant 2 heures, je les fous en taule et je leur paie la télé pour qu’ils comprennent enfin que la terre est basse mais qu’elle est fertile et je peux te dire qu’elle va s’faire entendre la République dans leur tête de p’tits cons.

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Philippe Bordas. Forcenés. Paris, Fayard 2008.
Bernard GENSANE
Ce très beau livre, qui montre à quel point le cyclisme relève du génie populaire et comment il a pu devenir une « province naturelle de la littérature française », me donne l’occasion d’évoquer des ouvrages qui m’ont, ces dernières années, aidé à réfléchir sur la pratique du vélo, sur le cyclisme professionnel et la place du sport dans notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit le sport (l’argent, en soi, n’est rien), c’est le sport qui pourrit l’argent. La première étape du premier (…)
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Ceux qui n’ont pas le courage de lutter devraient au moins avoir la décence de se taire.

José Marti

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