RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Exécution de Troy Davis : "Que Dieu vous bénisse"

Condamné à la peine de mort, Troy Davis a été exécuté hier dans la nuit au pénitencier de Jackson en Géorgie (États-Unis). Comble de la cruauté, il a attendu quatre heures dans le couloir de la mort avant de recevoir l’injection létale. Juste avant de mourir, il a clamé son innocence et souhaité que la vérité soit rétablie.

Il y a quelque chose de profondément choquant dans ce qui vient de se passer au pénitencier de Jackson en Géorgie. Troy Davis, condamné à mort pour le meurtre d’un officier de police en 1989, devait initialement être exécuté à 19 h 00 heure locale. Sanglé sur sa chaise dans le couloir de la mort, il attend qu’un bourreau lui administre l’injection mortelle. Une demi-heure plus tard, la Cour suprême de Géorgie annonce qu’elle demande un délai supplémentaire avant de prononcer son verdict. Quatre heures passent, autant dire une éternité. La Cour annonce enfin sa décision. A 23h08, Troy Davis est exécuté par injection létale.

On a du mal à imaginer ce qu’a vécu Troy Davis durant ces longues heures d’attente. Il a forcément pensé qu’il allait s’en sortir, comme les fois précédentes… Le 17 juillet 2007, l’afro-américain bénéficie d’un recours en grâce et est sauvé la veille de son exécution. L’année suivante, son exécution est programmée le 23 septembre 2008 à 19 heures. Deux heures avant l’injection mortelle, la Cour suprême décide d’une suspension provisoire. Un mois plus tard, Troy Davis est une nouvelle fois condamné à mort. Il doit être exécuté le 27 octobre. Le 24, la Cour d’appel suspend encore une fois son exécution. Difficile à concevoir, mais ce processus cruel et profondément inhumain est loin d’être un cas isolé dans les États américains qui appliquent encore la peine de mort.

Hier, la Cour suprême de Géorgie a donc joué à nouveau avec la vie de Troy Davis. Durant quatre heures, ses membres ont hésité, débattu, délibéré, disposant du droit de vie ou de mort sur un homme dont la culpabilité est loin d’être établie. Pendant ce temps-là , Davis est dans le couloir de la mort, suspendu à leur décision. Cette fois-ci, il ne s’en sortira pas.

Doutes sur sa culpabilité

Au-delà de l’aspect inhumain du procédé - dont l’Union européenne a déploré l’exécution - cette nouvelle hésitation dissimule surtout les doutes de la Cour suprême sur la culpabilité de Troy Davis. Et confirme que la Géorgie n’a pas respecté la présomption d’innocence, principe angulaire d’un État de droit selon lequel tout individu est innocent tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée.

Et celle de Troy Davis n’a jamais été prouvée. Aucun élément ne permet aujourd’hui de confirmer l’identité de l’homme qui a assassiné le policier Mark MacPhail sur un parking de Savannah en 1989. Sur les neuf témoins qui avaient reconnu Troy Davis comme l’auteur des coups de feu lors de son procès, sept se sont par la suite rétractés, avouant avoir subi des pressions de la police pour l’accuser. Enfin, à tout cela s’ajoute une absence de preuves matérielles, puisque l’arme du crime n’a jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN relevée.

Dans le couloir de la mort depuis 20 ans

Avec l’énergie du désespoir, l’avocat de Troy Davis, a réclamé une nouvelle suspension de l’exécution en assurant avoir « de nouvelles preuves » exonérant son client. La requête déposée mercredi matin par Me Brian Kammer citait notamment « un faux témoignage » du médecin légiste qui a autopsié le corps du policier décédé. Peine perdue, la requête a été rejetée successivement en première instance, par la Cour suprême de Géorgie et enfin par la Cour suprême des États-Unis. La veille, le comité des grâces de Géorgie avait rejeté un précédent recours, ouvrant la voie à l’exécution.

Troy Davis s’est adressé par écrit à ses partisans depuis le couloir de la mort où il se trouvait depuis 20 ans, affirmant que « le combat pour la justice » ne s’arrêterait pas avec lui. Avant son exécution, il a une nouvelle fois clamé son innocence. « Ce qui est arrivé cette nuit n’est pas de ma faute. Je n’avais pas d’arme », a-t-il répété une dernière fois. « Tout ce que je demande, c’est qu’on se penche à nouveau sur cette affaire pour qu’on découvre enfin la vérité », a-t-il ajouté avant de conclure dignement : « A ceux qui s’apprêtent à m’ôter la vie, que Dieu vous bénisse ».

SOURCE :
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110922150309/justice-pro...

URL de cet article 14689
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
CUBA OU L’INTELLIGENCE POLITIQUE - Réponses à un président des États-Unis (Livre format PDF)
Jacques-François BONALDI
365 JOURS APRÈS Aujourd’hui 22 mars 2017, voilà un an jour pour jour que Barack Obama entrait de son pas caractéristique sur la scène du Grand Théâtre de La Havane pour une première : un président étasunien s’adressant en direct et en personne au peuple cubain. Trois cent soixante-cinq jours après, que reste-t-il de ce qui était le clou de sa visite de deux jours et demi à La Havane ? Pas grand-chose, je le crains… Les événements se déroulent maintenant si vite et tant de choses se sont passées depuis – (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’emprise des multinationales sur l’opinion publique des Etats-Unis est une des choses incroyables du monde occidental. Aucun pays développé n’a réussi à éliminer des média, et avec autant d’efficacité, toute forme d’objectivité - sans même parler de dissidence.

Gore Vidal

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.