L’ordre fasciste peut fasciner les foules

Europe : l’état d’exception se prépare

L’ordre apporte la « troisième voie », qui va « réparer » la société et la « débarrasser des fléaux qui l’ont minée », des étrangers, des déviants et, aussi, des ennemis du capitalisme ; ces contestataires de l’inégalité naturelle entre les hommes, les communistes et ceux qui leur ressemblent...

La « démocratie » est à la peine dans ses bastions, elle ne fait plus que balbutier. En revanche, elle grossit, elle grossit la bête immonde. Elle dévore les cerveaux un à un, avant de les engouffrer par fournées entières et les mettre en rang. En vérité, elle est toujours disponible, en arrière-plan, menaçante, partout elle tisse sa toile. Quand tout va bien pour le grand capital, elle est contenue dans le folklore de la « démocratie », sous formes de groupes pittoresques. Le jour venu, si rien ne va plus, elle prend les devants de la scène.

Quand les certitudes s’effondrent, quand les espoirs sont refroidis, quand les solidarités se délitent, quand les égoïsmes gagnent les chaumières, quand les clercs trahissent et que les syndicats ne peuvent plus jouer aux pompiers, quand il ne reste plus que le délire après la mort de la raison, quand les haines balaient les restes d’humanité, quand la poésie déserte le quotidien, la bête se fait père et mère de la désespérance. Alors, l’ordre fasciste peut fasciner les foules. Ces foules que lui a déjà préparées l’entreprise de décérébration, menée par les tout-puissants appareils idéologiques du système. L’ordre apporte la « troisième voie », qui va « réparer » la société et la « débarrasser des fléaux qui l’ont minée », des étrangers, des déviants et, aussi, des ennemis du capitalisme ; ces contestataires de l’inégalité naturelle entre les hommes, les communistes et ceux qui leur ressemblent.

Le but, empêcher toute alternative au système économique régnant et mettre les populations au garde-à-vous. Le spectacle occupera les « analystes » qui ne verront pas ou ne voudront pas voir le fascisme tel qu’il est « un état d’exception accepté du capitaliste ». Un expédient providentiel quand la « démocratie » ne peut plus embrigader et devient un danger mortel. Un moyen de rétablir les conditions d’une accumulation sans contraintes, grâce aux remises en cause autoritaires, violentes le cas échéant, de la législation sur les horaires de travail, les congés (week-ends, jours fériés, maladie…), l’assurance sociale, les pensions de retraites, les clauses de licenciement et le reste. A l’appareil policier prêt à l’emploi se joindront les militants-miliciens qui assureront l’hégémonie du discours et sa présence musclée. Pratiquement, le processus est en cours en Europe. Par petites touches, les dernières défenses populaires sont neutralisées, la décomposition sociale est à l’œuvre et les actes ostentatoires des fascistes sont rentrés dans la chronique. Le racisme contre les minorités visibles donne au citoyen lambda le sentiment de ne pas être le dernier. Musulmans en général, Nord-Africains en particulier, Turcs, Roms, serviront d’exutoire aux exclus qui y trouvent les responsables de leur malheur. Avant de réaliser qu’il est le dindon de la farce et qu’il est la cible principale de l’entreprise qu’il a contribué à asseoir pour « réduire les déficits publics », « mettre le peuple au travail », « libérer l’entreprise », « rompre avec l’Etat providence », « rétablir la sécurité », « nettoyer le pays des indésirables », autant de slogans qui dévoileront leur réalité profonde.

Ahmed Halfaoui

 http://www.lesdebats.com/editions/240613/les%20debats.htm

COMMENTAIRES  

03/07/2013 08:21 par babelouest

Quand les Etats-Unis sont venus chercher Cuba, nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains.

Viktor Dedaj

Nous sommes tous cubains ! Et fiers de l’être !

03/07/2013 09:01 par Marissé

Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n’ai pas de haine pour les hommes
Que je n’assaille personne mais que
Si j’ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !

Mahmoud Darwich, Inscris « Je suis Arabe

...et nous sommes tous Palestiniens. marissé.

03/07/2013 17:10 par Dwaabala

Vision pessimiste, peut-être trop, enfin elle change de l’enthousiasme visionnaire et révolutionnaire assez répandu quoique fortement minoritaire en fin de compte, qui accompagnait la dernière élection présidentielle il y a 14 ou 15 mois mais qu’on n’entend plus guère s’exprimer.
Il doit bien rester au coeur du peuple de France quelque chose qui échappe au consensus médiatique qui a pour première fonction de faire accroire que chacun ne vit et ne peut vivre que dans son atmosphère.
Et puis, si enthousiasme fasciste réel il y a, pourquoi l’adage selon lequel l’histoire avance toujours par son mauvais côté ne s’appliquerait-il pas aussi à l’autre côté ?

04/07/2013 20:25 par papillon

L’homme, ce faible qui n’arrive même a se connaitre et paradoxalement trouve la force pour partir en conquête au fin de notre propre univers. Il n’arrive pas a relever le mystère entourant la naissance de l’empire universel et le mystère de sa disparition.

Les hommes libres ont toujours pensé au bien être de la société dont ils dépendent et ont toujours contribué de leurs énergies révolutionnaire pour imposer le justice, la sureté. Les libres ont la nostalgie des années de lumières ou des hommes ont réussi a construire un ordre universelle équilibré pour s’éviter la disparition.

L’action sociale demeure spontanée et ce que nous voyons se dérouler chez nous et dans le monde sont les ingrédients a un grand évènement historique : la chute inévitable de l’empire. La chute n’est pas un mystère, le mystère est dans les masses. Quand le danger de la faim ou l’insécurité deviennent perceptibles, l’homme instinctivement agira pour instaurer l’ordre : comme en 1789 ou hier en Égypte.

L’arrogant se préoccupe de la liste des proies éventuelles mais ils est gêné de trouver la suivante. Les amérindiens sont hors liste.

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