Influencée par le recul de Marina, le rejet du PSDB et l’approbation des progrès sociaux de ces dernières années, la population se rend aux urnes
Plus de 142 millions de personnes sont appelés à voter dimanche. Les 26 États et le District fédéral vont élire les députés des États et de la Fédération, les sénateurs et les gouverneurs. La course à l’élection la plus importante, bien sûr, est celle pour la présidence de la République. Les derniers sondages publiés avant le premier tour donnent l’avantage à Dilma Rousseff (PT – Parti des travailleurs) candidate à sa réélection, avec 40% des voix. Puis vient Marina Silva (PSB – Parti socialiste brésilien), avec 25%, et Aécio Neves (PSDB – Parti social démocrate brésilien, au pouvoir de 1995-2001 avec Fernando Henrique Cardoso NDT), avec 20%.
La possibilité d’une victoire de Dilma au premier tour n’a jamais été aussi proche. Lorsque l’on considère uniquement les votes valides (à l’exclusion des votes blancs et nuls), le PT apparaît avec 45% des voix. Pour gagner les élections dès dimanche, Dilma a besoin de 5% supplémentaires, et de dépasser le total des voix de tous ses adversaires. Il existe encore un pourcentage de près de 10% d’électeurs qui se déclarent indécis ou qui n’ont pas répondu aux sondages électoraux. Cette situation donne une marge pour un retournement de situation qui verrait Aécio rattraper Marina, ou une élection de Dilma au premier tour.
Les reculades de Marina.
Le politologue et professeur Valdir Pucci estime que la forte baisse de Marina, de près de dix points dans les sondages, est principalement due aux reculs et aux incertitudes générées par la candidate elle-même. « Il y a une volonté de changement dans la société qui est réelle, et Marina a essayé de canaliser ce sentiment en proposant une nouvelle politique. Mais comme elle n’a pas maintenu fermement ses propositions, une partie de l’électorat a douté du potentiel et de la qualité du changement qu’elle proposait ».
Le principal recul de Marina a concerné les modifications dans son programme des politiques d’inclusion des personnes LGBT. En moins de 24 heures, la candidate a retiré sa proposition en faveur du mariage entre les personnes de même sexe. Marina a également été accusée d’avoir plagié le PSDB en reproduisant des extraits du Plan des Droits de l’Homme élaboré par le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso (1995-2001).
Les dégâts causés, combinés avec une faible structure de campagne dans les États, peut compromettre la présence de Marina Silva au second tour. « On ne sait plus qui va faire face à Dilma », déclare Valdir Pucci. Opposée auparavant à certaines alliances de son parti, comme à São Paulo, Marina a dû faire machine arrière. Son comité de campagne a fait imprimer plus de 70 millions de prospectus avec la photo de Marina et d’Alckmin (PSDB) au verso, pour les distribuer dans les prochains jours. Les régions du Sud-Est et du Sud sont les endroits où la candidate a le plus perdu d’intentions de votes.
Le progrès social et le rejet des tucanos (le toucan est le symbole du PSDB NDT).
Dilma Rousseff, qui a cru un moment voir venir une dure défaite électorale, surfe à nouveau sur une grande vague de favoritisme. L’approbation de son gouvernement atteint près de 40%, le meilleur niveau depuis l’année dernière. Par ailleurs, dans la confrontation électorale avec ses concurrents, Rousseff a pu démontrer comment les politiques sociales de son gouvernement et de celui de Lula (2003-2010) ont réussi à réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière. Les programmes d’Aécio Neves et de Marina Silva reprennent le modèle économique néolibéral avec la réduction des dépenses et la compression des salaires, mesures très exploités par la campagne du PT, et contribuant à démolir les candidatures adverses.
La campagne du premier tour a également confirmé une tendance qui devrait se renforcer dans les années à venir : le rejet du PSDB par la majorité de la population. Si la présence de Marina au second tour à la place d’Aécio devait se confirmer, le parti de se dernier pourrait se retrouver simple puissance régionale, et ne gouverner que deux ou trois États, mettant fin à un cycle dans l’histoire politique brésilienne des dernières décennies.
Pedro Rafael Vilela
Traduit par Lucien pour Si le Brésil m’était traduit...