Notre langue c’est comme notre mère. On est nés dedans et elle nous a élevés, elle nous a formés et, bien sûr, nous l’avons transformée. Mais qu’on lui ait déjà infligé des cicatrices n’est pas une raison pour décider subitement, par exemple, de la tatouer de force sous prétexte que c’est à la mode.
Notre langue c’est comme un arbre tutélaire tout tordu qui était là bien avant nous et qui nous survivra probablement. Magnifique, racines profondes, branches erratiques et écorce craquelée, il est plein de défauts et continuera d’en produire, mais vouloir le mettre à l’équerre ce serait le tuer.
Quels inconscients cuistres passablement ignares et présomptueux peuvent décider un beau matin de scarifier leur mère et d’inciser leur nom mal écrit sur les arbres en prétendant que « c’est normal, les choses évoluent » ? Il confondent la lente évolution naturelle et leur égocentrique vandalisme.
L. A. (Écolier du précédent millénaire.)
(N. B. : en grammaire du français « masculin » ne signifie pas « mâle », il remplace aussi le genre « neutre », ni masculin, ni féminin, qui n’existe pas spécifiquement dans cette langue et qui sinon y ferait gravement défaut. La bonne idée serait peut-être de faire éclore un genre neutre, mais ça ne peut pas être fait par décret, il faudrait que les poêtes et les écrivains s’y mettent pour que peut-être dans une ou deux générations….)