Il y a les "nouveaux philosophes", il y aussi les "nouveaux journalistes", ceux qu’un groupe comme Reworld entend former à sa botte : surtout pas de carte de presse, car cela risquerait de donner "des droits" à ceux qui doivent rester subordonnés, et s’assurer eux-mêmes d’un troupeau de pigistes malléables et aplatis, ou jetables selon humeur d’en haut.
Les plus intéressants à recruter sont les "chargés de contenus" (voir image LGS ci-dessus...). Des "chargés de contenus" !!!
En être arrivés là révèle encore mieux la totale déculturation imposée par les "normes" capitalistes de la mal-information.
Car en totalisant tous ses titres, Reworld est lu, ou plutôt avalé, par des millions de Français.
Ce qui explique en partie beaucoup de résultats électoraux, notamment l’abstention de masse.
Il s’agit d’une modélisation totalitaire du monde, qui emprisonne et barricade les esprits.
Les détails de fonctionnement apparaissent clairement dans un article édifiant de Arrêt sur image,"Reworld, ou le cauchemar de l’avenir du journalisme".
Les principaux et substantiels co-rédacteurs sont les marques commerciales elle-mêmes, dont les pubs, moyennant accréditation sonnante et trébuchante, sont digérées et transformées en "contenus" par les petites mains de la Maison-mère.
En finalisant son rachat de Mondadori France (Grazia, Closer, Science & Vie...), le groupe Reworld Media est devenu, le 31 juillet, le premier groupe de presse magazine français en nombre de journaux détenus. Mais alors que Reworld se présente souvent comme un modèle d’innovation, ses coulisses ressemblent surtout à un cauchemar où rédacteurs délocalisés, robots et "autoentrepreneurs" exploités produisent à la chaîne de la " junk news", emballée dans un sabir de start-up nation.
Les meilleurs "contenus" sont, entre autres, les "événements" organisés par les chargés de recherches ad hoc. Une trouvaille rémunératrice (pour les patrons) sont les "Awards de l’innovation" :
Auto Moto, par exemple, s’est mis à attribuer ses "Awards de l’innovation", récompensant des équipementiers et constructeurs jugés innovants. La subtilité : les marques paient pour concourir. Un ticket d’entrée de l’ordre de quelques milliers d’euros mais qui, multiplié par le nombre de participants, finit par faire du chiffre. La bonne idée a été recyclée à l’infini. Maison & Travaux remet également ses "Awards de l’innovation" (félicitations à Leroy Merlin et Butagaz qui ont remporté la timbale cette année), quant à Marie France, elle remet son "Grand prix du bien-être" - car rappelle-t-elle "ce territoire du bien-être reste toujours aussi précieux pour nos lecteurs et les marques". Pour être sûr de ne vexer personne, Marie France a inventé... 14 trophées différents, allant du "Prix Nettoyant visage" au "Prix Compléments alimentaires"
Avec lien vers le compte-rendu illustré de la cérémonie.
Un journalisme de grande distribution de drogues, en somme, et de l’anesthésie générale durable, aux frais des anesthésiés.