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Des paroles... et des actes

Une fois les faits condamnés, ce qui est un impératif moral et civique catégorique,… il s’agit de comprendre comment notre société peut produire de tels évènements. C’est tout le sens de cet écrit.

Ces tragiques évènements de Toulouse ne sont pas un fait divers… Ils plongent leurs racines au plus profond de ce qui est notre société. Tout acte de violence publique - et même souvent privée - est forcément la résultante des forces qui agitent notre société.

La difficulté réside, quand on veut en faire l’analyse, à éviter les préjugés, les idées toutes faites, voire les fantasmes qui circulent et qui aboutissent à des conclusions rapides et erronées… cet article n’est d’ailleurs pas à l’abri de ce genre de dérive,… chacun/e en jugera . La difficulté est accrue lorsque l’on se place en pleine campagne électorale durant laquelle tous les coups sont permis, la désinformation courante, l’amalgame simpliste et les enjeux politiciens considérables.

D’UN BILAN DESASTREUX …

Il est un fait incontestable, c’est que, un des enjeux de cette campagne, porte sur l’appréciation d’un bilan présidentiel qui a duré cinq ans,… et ceci est d’autant plus vrai et indispensable que celui qui a occupé cette fonction est aujourd’hui candidat.

Passer à côté d’une analyse détaillée de ce qu’a été cette présidence est donc impossible.

Ce bilan, sur le plan politique, économique, social et même éthique est loin d’être positif. De l’épisode du Fouquet’s aux dernières déclarations scandaleuses du président-candidat, ces cinq années ont été ponctuées, de scandales, népotisme, mais aussi plus grave encore d’un véritable démantèlement d’acquis économiques et sociaux qui faisaient quasiment partie de notre patrimoine et constituait le tissu économique et social : démantèlement des services publics, atteinte au système des retraites, liquidation du système de santé, plus aggravation de la situation de l’emploi, du logement,… accroissement des inégalités.

Au nom d’un libéralisme débridé, d’une modernité trompeuse, de choix politiques délibérément favorables aux plus riches, le président-candidat ne peut que présenter un bilan désastreux à ceux dont il a l’outrecuidance de se qualifier de Président/candidat du peuple ( ?).

Alliant une maladresse coupable à une vulgarité et une inculture affligeantes, il a fini par donner une image sur le plan national, mais aussi international, catastrophique. Image aggravée par un entourage de groupies et courtisans qui le concurrence dans le domaine de la vulgarité et de l’incompétence.

L’argument de la crise financière dont il fait un usage abusif pour justifier son bilan, fait de moins en moins illusion ; en effet outre le fait qu’il est un des artisans de la déréglementation économique en Europe, il a montré qu’il était plus prompt à trouver une solution pour les banques que pour les problèmes sociaux qui s’aggravent, conséquences de sa politique.

… A UNE CAMPAGNE ELECTORALE OUTRANCIERE

Dans ces conditions, il a vite compris qu’il fallait trouver un nouvel axe pour sa campagne électorale et passer sous silence un bilan qui l’a conduit à un seuil d’impopularité jamais atteint, par un Président, sous la 5e République.

La frange de la population qui a été la plus atteinte par ses « réformes », sont les classes populaires,… qu’il avait réussi à séduire, en partie, lors de son élection.

Réflexe classique : jouer sur la peur qui peut être payante lors d’une consultation électorale… l’expérience l’a abondamment prouvé, en France comme à l’étranger, jouer sur la stigmatisation de l’autre, trouver un bouc émissaire. Le problème c’est que ce créneau est largement occupé par le Front National depuis des années. C’est donc à une surenchère sur les thèses du Front National que le candidat-président se livre depuis quelques semaines.

Cette surenchère a donné peu à peu naissance à une véritable escalade d’outrances, de propos scandaleux,… au point que les observateurs politiques en France, et même à l’étranger, se sont demandé qui était le plus à droite, le FN ou le Président de la République.

Que le Front National se livre à de telles outrances, on ne peut pas dire que c’est normal, mais on en a l’habitude et le combattre est devenu une nécessité politique. Mais qu’un parti de droite, qui se réclame de la République et se dise « droite républicaine » mette ses pas dans celui d’un tel parti et même essaye d’en faire plus pour lui subtiliser des électeurs, en dit long sur son éthique et le sens qu’il donne au mot « valeurs ».

De deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une simple attitude opportuniste, purement électoraliste, ou bien cela reflète la vraie nature de ce mouvement. Dans les deux cas la situation est grave, non seulement pour l’UMP, mais de manière générale pour la politique en France. En effet, c’est le Président de la République, avec son poids institutionnel qui parle en ces termes, et ce n’est pas rien aux yeux de millions de citoyens qui, fragilisés par une situation économique et sociale difficile, peuvent être influencés par un discours décomplexés en matière de racisme, d’exclusion, de violence… le 20e siècle est plein de ce genre d’exemple.

Or il y a des mots qui, indirectement, tuent, des attitudes qui incitent, qui permettent le passage à l’acte, qui libèrent des pulsions de mort pour soi (suicide) ou pour les autres (crimes).

Ce ne sont pas celles et ceux qui prononcent ces mots, qui ont ces attitudes qui sont directement responsables des évènements qu’ils déclenchent,… mais ils en portent une grande part de responsabilité.

C’est ce même mécanisme qui est à l’origine de l’assassinat de Jean JAURES en 1914, ou même du suicide de Roger SALENGRO en 1936.

Il y a aujourd’hui en France une atmosphère délétère sur fond de crise politique et sociale. Notre société est fracturée, divisée. Une partie de la population, une partie de la jeunesse, est strictement exclue du lien social et cherche par d’autres voies un autre sens à son existence. Le développement du communautarisme n’est qu’une conséquence de cet effondrement du lien social, d’une disparition des repères qu’offraient les valeurs de la République. Il est en passe de signer l’échec de l’intégration républicaine.

La marchandisation des activités économiques et sociales a entraîné la perte de sens du service public et de la solidarité et a détruit les valeurs humanistes qui fondaient/fondent la République. L’argent et la recherche frénétique du profit ne font pas bon ménage avec la morale et la solidarité.

L’Ecole de la République, principal facteur d’intégration, est aujourd’hui en perdition… méprisée par le pouvoir en place elle est soumise à des critères de rentabilité et de réduction de moyens qui ne lui permettent plus de jouer son rôle. Les familles, éclatées, écartelées, par les difficultés de la vie, le chômage ; les enseignants méprisés, traités de fainéants et de privilégiés par le pouvoir, ne peuvent plus remplir leur rôle.

La barrières morales, éthiques sautent les unes après les autres… l’abject devient possible.

Le débat politique qui devrait, en principe, permettre de dépasser cette situation, au contraire envenime, divise, fragilise, utilise les peurs, les fantasmes, les angoisses pour s’attirer les bonnes grâces et les voix des électeurs déboussolés. La classe politique transforme le débat politique en une « foire d’empoigne » où tous les coups sont permis, toutes les outrances tolérées…

La barbarie - comme le 20e siècle nous l’a montre - n’est pas un évènement extérieur à la société, pas plus qu’une création extraterrestre et extra humaine mais peut se produit dans n’importe quelle société constituée par des individus comme tout un chacun. C’est une chose que l’on a aujourd’hui oubliée.

«  La France par sa générosité s’est enjuivée » Radio Paris 1942

« La France par sa générosité est en train de s’islamiser » Front National 2012

Ca ne vous donne pas à réfléchir ?

Patrick MIGNARD

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En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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Il n’y a pas de pays musulman plus intégriste que l’Arabie Saoudite (...) et pourtant c’est à la fois un ami et un pays important pour les Etats-Unis. (...) Nous ne devons nous opposer à l’intégrisme que dans la mesure exacte où nos intérêts nationaux l’exigent.

James Baker
Ministre des Affaires Etrangères des Etats-Unis, 1996

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