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Des paroles aux actes : le contraste entre Chavez et Obama

Ses ennemis l’appellent tyran ou dictateur, il n’est ni l’un ni l’autre. Hugo Chavez est l’infatigable champion des pauvres et un chrétien socialiste engagé. Et la seule différence entre le christianisme de Chavez et celui de Barack Obama, c’est que Chavez passe des paroles aux actes.

Par exemple, ce mardi, Chavez a usé des pouvoirs autorisés par la constitution pour décréter le "droit à un refuge digne" et rendre ainsi permanent, légal, le droit à un logement "digne et humain" pour tous les vénézuéliens. Le parlement vénézuélien a approuvé "la loi d’habilitation" controversée (et temporaire) parce que le pays fait face à une crise du logement sans précédent à la suite des inondations massives de décembre 2010. (1)

Plus de 125.000 personnes ont perdu leur maison dans ce désastre, ce qui exigeait une réponse rapide du gouvernement. Chavez s’est aussitôt lancé dans l’action, en transformant le palais présidentiel en refuge pour sans-abris (photo), tout en donnant le coup d’envoi d’une campagne de construction de logements permanents pour les victimes. Et il vient de créer une loi décisive qui va obliger tout gouvernement à venir en aide aux sans-abris.

Quel contraste entre la réponse de Chavez et celle d’Obama lors de la marée noire provoquée par la British Petroleum, cette compagnie autorisée à dévaster l’environnement et à détruire le milieu de vie des gens sans aucune conséquence. Obama a même offert une couverture au géant pétrolier en prenant la pose sur une plage de Louisiane pour dire "je ressens votre douleur" et participé à une campagne de relations publiques destinée à éloigner la rage populaire de BP. Donc, maintenant que sont dévastées les industries du poisson et de la crevette, que des estuaires sensibles et des écosystèmes sont détruits, le niveau de toxines dans le sang des personnes vivant sur place a explosé et le pire de tout, c’est que BP s’en est tiré impunément. Merci, Barack.

Imaginons une seconde ce qui se serait passé si Chavez avait été au pouvoir. Les opérations de BP aux États-Unis auraient été stoppées net, ses avoirs saisis, et Tony Hayward et ses complices jetés en prison. Il y a un problème ?

La semaine dernière, tandis qu’Obama chantait les louanges de la "dérégulation" dans les pages éditoriales du Wall Street Journal (".. les règles ont dépassé la mesure, alourdissant de manière non raisonnable les affaires " et ce poids freine l’innovation et a un impact négatif sur la croissance et sur l’emploi...") et tandis que la première dame, Michelle Obama vantait les "saines nourritures" pour le géant alimentaire Walmart dans les médias nationaux, Chavez était en train de transformer les refuges en "institutions d’État" pour garantir que les gens aient un toit pour vivre pendant qu’ils se remettent sur pied.

La nouvelle loi stipule que ces personnes doivent recevoir une aide alimentaire et une assistance médicale (au Vénézuéla les citoyens disposent d’une couverture universelle de soins) mais aussi des "moyens d’étudier, de pensions et d’allocations spéciales" selon les besoins de chacun.

Ces nouvelles aides de l’État mises en place par Chavez visent avant tout "les personnes les plus vulnérables : enfants, adolescents, personnes âgées, handicaps, et femmes enceintes."

"La question n’est pas de savoir si le gouvernement le veut ou pas" , a déclaré Chavez, "dorénavant, c’est une obligation légale."

Bien joué. Et comment Washington a-t-il réagi aux programmes d’urgence et aux nouvelles lois ? Voici un extrait d’un article d’Eva Golinger qui en dit long :

" Cette semaine des dirigeants de l’opposition vont rencontrer leurs homologues à Washington. Ils ont déjà déclaré que leur mission est de chercher davantage de soutien pour chasser le Président Chavez du pouvoir. Malheureusement leurs actions antidémocratiques sont déjà les bienvenues au Capitole. La représentante Connie Mack (R-FL), à présent chef du sous-comité des Relations Étrangères pour l’Hémisphère Occidental, a annoncé dès le premier jour de session du congrès, que son seul objectif pour l’année était de placer le Venezuela sur la liste des "États soutenant le terrorisme". La Représentante Ileana Ros-Lehtinen (R-FL), à présent chef du Comité des Relations Extérieures, a appuyé cet objectif, allant même jusqu’à souhaiter publiquement l’" assassinat de Fidel Castro ou de tout autre leader répressif" comme Hugo Chavez." (2)

Surpris ? Pourquoi ? Tout leader étranger qui tente de contrôler les ressources de son pays, d’améliorer les droits de l’homme ou de répartir la richesse nationale plus également entre les citoyens, n’est-il pas de facto l’ennemi des États-Unis ? Les gens pensaient que les choses pouvaient changer sous Obama, mais ils avaient tort. Il est aussi mauvais que Bush.

Texte original (anglais) : Walking the Walk : The Contrast between Chavez and Obama, By MIKE WHITNEY - CENTRE FOR RESEARCH ON GLOBALIZATION, January 27th 2011, http://venezuelanalysis.com/analysis/5961

Traduction (français) : Thierry Deronne, pour La revolución Vive http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1422&lang=fr

Notes :

(1) En 2007 le président vénézuélien a recouru un temps à ce même droit qu’offre la constitution et dont ses prédécesseurs avaient usé. Et déjà les grands médias avaient dénoncé "le dictateur" . Un simple suivi aurait montré que les décrets ne visèrent en réalité que l’accélération du développement par la nationalisation de secteurs stratégiques (sidérurgie, ciment, télécommunications..). En 2011, alors qu’il s’agit de garantir rapidement le droit au logement pour les plus pauvres à la suite d’inondations catastrophiques, les médias martèlent de nouveau le thème de la "dictature" . Sur cet aspect récurrent de la désinformation, lire "Chavez déraperait-il ?" , http://membres.multimania.fr/resoarchives/2007/doc%202007/fevr-mars/HD50_p90.pdf

(2) Voir l’article "Quelques points sur les "i" à propos du Venezuela et de Hugo Chavez" de Eva Golinger, http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1402&lang=fr

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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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