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Des flics devant, des agresseurs dans le dos : la manif du 5 décembre telle que vécue dans le cortège syndical

Lors de la manifestation du 5 décembre 2020 à Paris, le cortège syndical a affronté des violences policières hélas habituelles. Mais, pour la première fois, il a également dû subir l’assaut d’un groupe de manifestants. Agressions verbales, agressions physiques, saccage de matériel, incendie d’une barricade coupant le cortège en deux et facilitant l’attaque policière… Récit complet.

Ce récit a été rédigé à partir des témoignages de 9 manifestantes et manifestants, pour certains membres de la CGT ou de Solidaires, venus de toute la région parisienne et ayant vécu ces événements.

Chaque année, début décembre, les organisations des privé·es d’emploi et précaires (CGT-Chômeurs rebelles, Agir contre le chômage, Apeis, MNCP) et plusieurs syndicats de salarié·es (dont ceux de la CGT, de Solidaires et de la FSU) organisent à Paris une manifestation contre le chômage et la précarité. Celle du samedi 5 décembre 2020 s’inscrivait dans le cadre d’une convergences des luttes à la fois contre la nouvelle « réforme » de l’assurance chômage et contre la Loi de sécurité globale. Cette manifestation était également soutenue par diverses organisations politiques, dont l’Union communiste libertaire. Ses militantes et ses militants étaient présents, aux côtés de leurs camarades de travail, au sein des cortèges syndicaux ou au sein du cortège de l’UCL.

Un rassemblement au Trocadéro et une manifestation unitaire contre cette loi et contre les violences policières avaient déjà rassemblé des milliers de manifestantes et de manifestants les deux samedis précédents. Cette réussite populaire, véritable camouflet pour le pouvoir, n’a pas été du goût du préfet Lallement, qui a tenté de faire interdire la manifestation du 5 décembre. Mais les organisations syndicales ont maintenu leur appel à manifester, même au cas où la manifestation serait interdite. Nouveau camouflet pour le pouvoir, dont la frustration se traduira par une rage répressive d’une rare brutalité.

Préparatifs policiers et syndicaux

Le jour dit, le rendez-vous était donc fixé à la porte des Lilas, pour un départ prévu à 14 heures direction place de la République, selon un parcours imposé par la Préfecture de police.

Le dispositif policier est impressionnant : les rues, exiguës, sont cernées de flics en armure, lourdement armés, de camions et de grilles anti-émeutes. Les flics surveillent jusqu’à l’arrivée des manifestants par les transports en commun, comme ceux cantonnés sur les quais du tramway, au milieu des habitants du quartier, dévisageant chaque personne qui descend d’un train.

Dès 13 heures, dans un froid sec et mordant, les syndicalistes se mettent en place le long de l’avenue Gambetta pour préparer et organiser le cortège : montage des sonos, agencement des camionnettes, déploiement des banderoles, ballons et calicots pour l’expression des revendications et la visibilité du cortège.

Un service d’ordre unitaire CGT-Solidaires est alors constitué. Quel est son rôle ? Il est temps de tordre le cou à certains fantasmes.

Évolution de la conception du SO syndical ces dernières années

Un certain nombre de personnes ont gardé du SO de la CGT une image peu tendre de « gros bras » sectaires datant des années 1970-1980. En réalité, ces dernières années, une mutation s’est engagée, comme en témoigne un militant libertaire : « Il y a désormais du pluralisme ; on voit des femmes prendre des responsabilités de coordination ; il y a coopération avec le SO de Solidaires, comme il y en a eu avec le SO du Comité Adama le 28 novembre. Autant de raisons qui m’ont poussé à accepter d’en être quand mon syndicat me l’a demandé. »

Les membres du SO francilien de la CGT, comme ceux de Solidaires, sont en effet délégués par leur syndicat pour assurer cette tâche. Le 5 décembre, on y trouvait des intermittents du spectacle, des salariés de l’AP-HP, des ouvriers d’imprimerie, des salariés de l’éducation et de la recherche, et des militants des structures interpro locales.

Le mandat du SO n’est pas de « faire la police de la manif », mais de veiller à la sécurité des manifestantes et des manifestants, en prévenant les risques d’accident (mouvements de foule, véhicules...). Il s’assure que le cortège progresse de manière continue : en effet, un cortège n’est jamais plus exposé que lorsqu’il est à l’arrêt. Le SO aide ainsi à l’autoprotection face aux provocations policières et aux éventuelles attaques de groupes hostiles, comme ceux d’extrême droite.

Comment la préfecture s’efforce d’utiliser le "cortège de tête"

Peu avant l’heure de départ prévue, première manipulation policière, désormais habituelle, depuis 2016 : les flics qui stationnent en rang à proximité du cortège syndical, à l’angle de la rue des Tourelles, reculent et disparaissent, laissant un vide à l’avant du cortège. Cet espace permettra la constitution du cortège informel dit « de tête ». Pour celles et ceux des manifestants qui le rejoignent, il s’agit d’occuper un espace libéré des contraintes qu’implique l’action collective et coordonnée des organisations et des collectifs structurés. Espace festif pour les uns, espace offensif pour d’autres, mais aussi, pour certains, espace pour s’accaparer la « direction » de la manifestation.

Depuis 2016, la préfecture a appris comment elle pouvait utiliser le "cortège de tête" pour servir ses objectifs. Sur le plan politique : reléguer symboliquement au second plan les organisatrices et organisateurs de la manifestation, pour mieux invisibiliser leurs revendications et ainsi saper la mobilisation militante des jours précédents sur les lieux de travail et dans les quartiers, mobilisation essentielle pour amener du monde dans la rue. Sur le plan répressif, l’intérêt est de positionner les affrontements entre flics et insurrectionnistes non plus à l’arrière, comme avant 2016, mais à l’avant de la manifestation, pour justifier le blocage des rues et justifier les charges violentes contre l’ensemble du cortège, y compris contre les secteurs ayant fait le choix de l’action non violente.

Un parcours dans des rues étroites

Le cortège finit par s’ébranler peu avant 15 heures. Les manifestants et manifestantes s’élancent dans l’avenue Gambetta, en direction de la place de la République. Les sonos syndicales donnent de la voix. Le carré de tête est en place avec sa banderole unitaire, et les membres du service d’ordre sont prêts à s’interposer face au flics pour empêcher les charges. La foule est très dense, nombreuse, la manifestation progresse très lentement dans l’avenue étroite. Du point de vue de l’affluence, c’est une réussite. Arrivé au niveau de la rue Haxo, près du métro Saint-Fargeau, le service d’ordre unitaire CGT-Solidaires aide un collectif de teufeurs à insérer son gigantesque camion dans la foule, pour constituer un pôle festif au milieu du cortège des organisations. Des jeunes manifestantes et manifestants dansent au son de la techno dans un moment joyeux et bienvenu.

En queue de cortège, les organisations politiques, dont l’UCL, attendent le démarrage.

Les syndicalistes estiment que les violences policières pourraient survenir à proximité du commissariat du 20e ou bien à l’arrivée sur la place de la République. Mais le coup fourré de Lallement adviendra bien plus vite, 600 mètres à peine après le départ du cortège.

Un incendie est allumé devant l’EHPAD

Le parcours imposé par la préfecture amène le cortège à longer un EHPAD, au 161 de l’avenue Gambetta. Il est plus de 16 heures quand l’avant du cortège syndical commence à arriver à sa hauteur, précédé par le cortège « de tête ». Les soignants, mais aussi les résidentes et les résidents, nous saluent aux fenêtres. Le bâtiment contigu, au numéro 159, est couvert d’échafaudages. Alors que le quartier est quadrillé par les flics, le chantier n’est pourtant pas sécurisé. Tout y est librement disponible : barrières métalliques, matériaux de construction, matériels divers et panneaux d’isolants : très légers, très gros, transportables à bouts de bras, et très combustibles...

Le piège est tendu. La ficelle est bien grosse, mais des manifestants du cortège de tête se font avoir. Le chantier est pillé. Un incendie est allumé sur la voie, entravant la manifestation, devant l’EHPAD... Pour décider où la manifestation s’arrêtera et décider, eux, où auront lieu les affrontements, les flics n’ont plus qu’à sortir et exhiber un groupe isolé de BRAVM jusque-là planqué dans les rues attenantes.

L’attaque des flics

Les premières charges policières sont violentes, visant d’abord le cortège de tête. Aux coups de matraque s’ajoutent les tirs de grenades lacrymogènes, rendant la rue irrespirable. « Ça brûlait à proximité et, avec les nuages de gaz, les soignants de l’EHPAD étaient affolés. Ils se sont précipités pour fermer les fenêtres et faire reculer les résidents dans les chambres », raconte un syndicaliste CGT du 93. Quelques manifestants répondent par des tirs de fusées et des pétards. Puis le cortège de tête se disperse face aux assauts policiers, qui atteignent bientôt les premières positions syndicalistes. Plusieurs jeunes militants de la CGT, qui ne constituent pourtant aucune « menace », hormis le fait qu’ils tiennent la ligne et refusent de reculer, sont violemment agressés et matraqués par les flics.

La majeure partie des manifestants du cortège de tête ne réussiront pas à dépasser le point de blocage situé au niveau de l’immeuble en chantier. Ils et elles se mettent alors à refluer vers le cortège syndical unitaire, dans une cohue aggravée par l’air saturé de gaz et l’exiguïté de la rue.

La situation est dangereuse : avec le reflux désordonné du cortège de tête, avec la panique provoquée par les attaques des flics, et avec la poussée inexorable, derrière, des milliers de manifestants du cortège syndical qui avancent avec leurs véhicules, les risques de piétinement sont grands. Le SO se resserre alors au milieu de la voie, pour dégager les espaces sur les côtés, invitant les manifestants à les contourner. Un militant CGT, en première ligne du cortège syndical, raconte : « Ils venaient vers nous en courant. Certains avaient du mal à respirer à cause du gaz et toussaient. Les flics étaient derrière eux. On leur criait de nous contourner et de passer par les côtés, pour aller se mettre derrière nous. »

L’objectif est de permettre aux manifestants du cortège de tête de venir s’abriter dans le cortège syndical, derrière le service d’ordre qui se prépare alors à faire bloc face aux flics.

Confusion, incompréhension et agressions verbales

Faute de connaître les stratégies de rue des syndicalistes, la manœuvre n’est pas comprise par tous les manifestants qui fuient la police. Sous le coup du stress, certains exigent à tue-tête que le SO recule, ce qui est techniquement impossible.

A ce moment-là, les dérapages commencent. Aux injonctions inquiètes, mais compréhensibles, viennent s’ajouter des insultes en destination des syndicalistes, à la charge politique bien plus lourde : « pédés », « collabos », « putes »... « Il y a un gars qui nous a traités de “bouffeurs de merguez” aussi. C’est un classique cette insulte-là. Moi elle me fait rire, je suis végétarien », s’amuse un syndicaliste CGT. Homophobie, sectarisme, misogynie et mépris de classe, tout y est. Comme un écho à des insultes lancées le samedi précédent, auxquelles s’étaient ajoutées des insultes racistes : des camarades du SO unitaire s’étant alors fait traiter de « sales négros » par certains manifestants...

Alors que l’ensemble du cortège de tête a reflué ou s’est dispersé, les forces anti-émeutes atteignent enfin le cortège syndical. « On a d’abord reçu 4 ou 5 grenades lacrymo, raconte un militant. On ne voyait plus rien tellement il y avait de gaz. Un groupe de BRAVM est monté face à nous. Mais on a tenu bon. On a fait bloc, on a tenu la ligne, et ils ont dû reculer. »

Tenir la ligne et ne jamais reculer, malgré l’air saturé de gaz et la violence des charges : stratégie payante pour tenir la rue. Le cortège reprend alors sa progression à mesure que les flics reculent. A ce moment-là, l’avant du cortège syndical a dépassé le point de blocage situé au niveau de l’immeuble en chantier et de l’EHPAD, et se dirige en direction de la station de métro Pelleport. Les syndicalistes positionnés à l’avant du cortège s’apprêtent à emmener l’ensemble de la manifestation vers la place de la République. Une série de prises de paroles y est prévue.

Premier coup de poignard dans le dos

C’est alors qu’un premier coup de poignard sera planté dans le dos des manifestants par un petit groupe, coup de poignard qui scellera le sort de cette manifestation-là, mais aussi de la suivante.

Après s’être abrités dans le cortège syndical pendant que le service d’ordre unitaire faisait bloc face à la police, un groupe de manifestants entreprend d’attiser l’incendie au niveau de l’immeuble en chantier et de construire une barricade avec le matériel disponible. L’effet est désastreux : le cortège syndical est à présent coupé en deux. L’avant, avec le camion plateau pour les prises de paroles, le carré de tête et le service d’ordre unitaire, se retrouve coupé de la majeure partie du cortège syndical, restée coincée en arrière, bloquée par la barricade, sans aucune possibilité d’avancer. « Le cortège s’est arrêté un peu avant que nous arrivions au métro Saint-Fargeau. Nous sommes restés immobilisés au moins quarante-cinq minutes, peut-être plus, raconte une syndicaliste CGT du Val-de-Marne. En avançant un peu, j’ai vu plus loin de la fumée. Le carré de tête avait pu avancer mais le cortège, lui, est resté coincé par une barricade et un incendie. »

Une barricade – censée séparer les manifestants et le pouvoir – a donc été montée par un petit groupe à l’intérieur même du cortège syndical ! Une incroyable inconséquence qui, d’un symbole de résistance, a fait un symbole de division du mouvement social.

Tir de fusée et de pétards sur la banderole syndicale

Un groupe (le même ?) va également viser, non pas les flics, mais l’avant du cortège syndical « Ils ont tiré une petite fusée et lancé des pétards en visant le carré de tête. C’est tombé près de la banderole unitaire », raconte une camarade de SUD-Éducation. Les militantes et les militants de Solidaires, qui sécurisent ce secteur du carré de tête, se trouvent à proximité des tirs. Personne ne sera blessé et l’incident restera sans conséquences. Mais, là encore, le symbole est très lourd.

Il est environ 17 heures, la nuit tombe et la situation va se tendre, cette fois à l’arrière du défilé. Plusieurs organisations politiques, qui piétinent depuis des heures à quelques dizaines de mètres du point de départ, à l’instar de l’UCL, décident de dissoudre leurs cortèges quand il devient clair que la manifestation ne pourra pas atteindre son but initial. Le cortège syndical, bloqué par la barricade, commence également à se disperser. Malgré cela, la violence des flics va se déchaîner.

Nouvel assaut des flics

Les flics sont positionnés dans la rue des Tourelles, dans la rue Henri-Dubouillon, dans la rue Haxo et dans la rue Saint-Fargeau. Lallement tient sa revanche. De nouvelles charges, assorties de tirs de lacrymo et de grenades de désencerclement, sont alors lancées dans l’avenue Gambetta contre le cortège syndical bloqué par la barricade. Nouveaux mouvements de foule et nouveaux reflux. Les cortèges de la FSU et de Solidaires réussissent à évacuer les lieux, malgré le chaos. Le cortège de la CGT se trouve ce jour-là positionné plus en avant. Il y a là, à l’arrêt, la camionnette de l’union départementale du 93, celle de la CGT-Intérim, une de l’union locale picarde de Santerre et enfin une camionnette de l’union régionale Île-de-France. Autrement dit, les camionnettes des organisations CGT du département le plus pauvre d’Île-de-France, des travailleuses et travailleurs parmi les plus précaires, d’une union locale d’une petite ville descendue à la manif francilienne et de la structure chargée d’organiser la solidarité interpro à l’échelle régionale.

Autour, restent une trentaine de militantes et de militants CGT, initialement chargé·es de l’animation du cortège : « Nous avons essuyé de nombreux tirs de lacrymo, sans aucun équipement de protection. C’était chaotique. Il semblait évident qu’on ne pourrait pas poursuivre la manif comme prévu. La plupart des manifestant·es remontaient vers la porte des Lilas. Comme les charges, les tirs de lacrymo et les grenades de désencerclement se poursuivaient, nous avons dû faire reculer les camionnettes, puis nous avons tenté de leur faire faire demi-tour. »

Deuxième coup de poignard dans le dos

Le second coup de poignard dans le dos sera porté à ce moment-là par un groupe de manifestants (les mêmes ?) qui déferlent sur ce qui reste du cortège CGT et s’en prend physiquement aux syndicalistes, alors même que les flics se déchaînent à coups de matraque. La trentaine de syndicalistes sont littéralement nassés (!) par ce groupe. Les insultes pleuvent : « Ils et elles nous ont crié que nous étions des traîtres, des flics, raconte l’une des syndiquées nassées, que la CGT c’était pire que la préfecture de police, qu’on s’était mis d’accord avec elle pour faire foirer la manif. » Les syndiqués sont bousculés, certaines et certains sont frappés et giflés. Un groupe parmi les agresseurs entreprend de bloquer les camions, pour les empêcher de fuir les flics et les contraindre à rester au milieu des affrontements. Ils entreprennent également de faire exploser leurs vitres à coups de marteau. Les camionnettes de l’UL de Santerre et de l’UD 93 réussissent à traverser, non sans dégâts. Restent celles de l’URIF et de la CGT-Intérim, coincées dans une double nasse, concentrique : celle des agresseurs cagoulés, et celle des flics qui entre-temps s’est étendue tout autour.

De nouvelles charges policières sont lancées. Les syndicalistes restants et les deux dernières camionnettes réussissent à se dégager et se réfugier dans une cité HLM voisine, au numéro 211 de l’avenue Gambetta « Nous avons finalement réussi à entrer dans un parking en plein air, au pied de bâtiments d’habitation. Nous avons garé les véhicules le plus loin possible, puis nous avons attendu que le SO de tête nous rejoigne pour pouvoir évacuer. » Abri de fortune dans la tempête de violences.

Les flics finissent le travail

Le SO syndical unitaire réussit finalement à rejoindre les manifestants restés coincés dans la nasse des flics, en se frayant un chemin par les rues voisines. Quand les militants du SO arrivent, ils assistent à une scène chaotique, une vision d’effondrement et de monde totalitaire : dans une lumière crépusculaire, des rangs de flics en armure, bloquant toutes les rues, tabassent les manifestant·es qui cherchent à fuir les lieux, alors même que certains mettent les mains en l’air, au milieu des incendies et des nuages de gaz lacrymo. Les syndicalistes CGT s’apprêtent à sortir du parking où ils se sont réfugiés, mais accompagnés cette fois du SO. Au milieu du chaos, le collectif inter-orga Front social continue de donner de la voix dans la sono pour marteler ses mots d’ordre, donnant un exemple réconfortant de combativité et de solidarité.

Près de la rue des Tourelles, au moment de franchir le cordon des flics, la brutalité se déchaîne, encore : les syndicalistes et le SO traversent une « haie d’honneur » formée par les flics en armure sur une trentaine de mètres, où ils sont copieusement frappés, à coups de boucliers et à coups de matraque. Les syndicalistes et le SO unitaire CGT-Solidaires atteignent enfin la porte des Lilas. Il est environ 18h30. La place est calme. L’air respirable. On s’occupe des blessés. Au chaos qui ravage les rues à seulement quelques centaines de mètres succède la vie tranquille et ordinaire du quartier. On commence à souffler. On croit en avoir enfin fini. Mais le répit ne dure que quelques minutes, la haine policière n’est pas encore tarie : des tirs nourris de grenades en direction des camionnettes syndicales noient en quelques instants la porte des Lilas dans un épais brouillard de gaz lacrymogène. Ils ne cesseront de nous poursuivre qu’au-delà du périph’.

Conséquences et interrogations en suspens

Première conséquence de cette journée délirante : les organisations syndicales ont renoncé à participer à la manif du samedi suivant, le 12 décembre. Impossible de garantir la sécurité des syndiqué·es dans un tel contexte, avec à la fois les flics et des agresseurs non identifiés sur nos arrières, dans une configuration (la place du Châtelet) encore plus dangereuse.

De cette expérience, les militantes et militants peuvent tirer des enseignements sur les stratégies policières, sur la porosité des cortèges informels et sur les conséquences de pratiques autoritaires qui dévoient le principe de la « diversité des tactiques ». Mais de nombreuses questions restent en suspens. Et notamment trois : à quel camp appartiennent les groupes qui ont aidé les flics, indirectement et directement, à réprimer la manifestation ? De quel camp se revendiquent les groupes militants qui s’en sont ultérieurement réjoui dans des publications sur le web ? Et au service de quel camp certains groupes encouragent-ils à s’en prendre aux cortèges syndicaux lors des prochaines manifestations ?

Des communistes libertaires syndiqués à la CGT et à Solidaires

 https://paris-luttes.info/des-flics-devant-des-agresseurs-14663
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COMMENTAIRES  

23/01/2021 18:31 par Geb

Alors ?...

Vous avez compris pourquoi "avant" les SO de la CGT et du PCF c’était des "gros bras " ?

Et surtout des "grosses têtes" qui pensaient "stratégies" avant que n’arrivent les coups fourrés, et pas pour ensuite les constater ?

Y a quarante ou cinquante ans ans les mecs qui ont mis le feu n’auraient même as eu le temps d’allumer l’allumette.

S’il y a d’autres "anciens" que moi ici ils peuvent en témoigner.

Et pas la peine de raconter que les flics "çi ou ça".

Les flics ils étaient au moins aussi mauvais avant que maintenant. Ceux qui se sont frittés avec les Hirondelles, (Les cyclistes), peuvent en témoigner.

Et les "Hirondelles" qu’on a foutues dans le Vieux Port avec leur matos aussi. Mais aussi les fouteurs de merde envoyés par les RG déguisés en manifestants.

Déjà, quand tu sais qu’il y a un chantier ou un point chaud sur le parcours, la première chose à faire est d’y envoyer des durs à l’avance en douce pour empêcher les provocations par des éléments incontrôlés. Si tu le fais pas soit tu n’as rien préparé, soit tu vas dans le mur et ceux qui te suivent avec..

Un service d’ordre, un vrai, ça se prépare en privé et ça s’organise avec des camarades motivés, formés, sans états d’âme, et prêts à aller loin. On peut pas prétendre vouloir protéger les citoyens qui manifestent face des brutes en armure sans comprendre qu’à un moment ceux qui aident les brutes en question doivent être mis hors d’état de nuire en priorité afin de ne pas servir de prétexte à la répression.

Ceux qui appellent à manifester sans prévoir des méthodes et des moyens pour protéger les simples citoyens sont des irresponsables ou des nuls. Faudra pas qu’ils se plaignent s’ils sont de moins en moins suivis.

24/01/2021 09:07 par Assimbonanga

C’est hier que j’ai fourni le lien vers le site de Paris-Luttes.infos parce que je pense -à la louche- que c’est un média à consonance black bloc. Evidemment, je peux me tromper : je vois ça de loin. Moi je vis au fond des bois. J’aimerais bien savoir qui est l’internaute qui a posté ce texte au Grand Soir. Et avec quel objectif. Pour mettre quoi en lumière. Merci d’avance s’il ou elle me répond.

24/01/2021 11:20 par Autrement

Geb est bien injuste envers les camarades syndicalistes, qui sont pourtant expérimentés.
Une chose est de critiquer les directions, à juste titre, pour leur bureaucratisme et leur politique trop souvent négociatrice ou attentiste, autre chose est de taper à tort et à travers sur les organisations et sur les camarades qui assurent le SO, dans des manifs devenues de plus en plus difficiles et dangereuses.

Il n’est pas vrai que les formes de la répression sont les mêmes en France aujourd’hui qu’hier.
Il y a toujours eu des brutes dans la police et des manoeuvres diverses, mais avec la mondialisation, la crise générale du capitalisme et l’insurrection qui gronde de partout, il a fallu perfectionner les formations, les entraînements physiques, les méthodes d’encerclement et les stratégies anti-cortège, et ce qu’on voit aujourd’hui est d’une autre nature que ce que nous avons vu déjà par exemple en 68 (même compte tenu des fameux "Katangais" !).

On n’en est pas encore à tirer dans le tas, comme jadis les Versaillais (et comme le recommandait récemment Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation...c’est dire...), mais il est clair qu’il s’agit d’empêcher, de décourager et de défigurer toute manif pacifique, qui risquerait de gagner la sympathie et la plus large participation des citoyens, et de mobiliser ainsi une majorité politique solide pour la prise du pouvoir. À noter que pour cette manif contre chômage et précarité participaient de concert la CGT et la FSU, ce qui n’est pas toujours le cas. Il fallait donc frapper fort.

Le récit fait par les camarades CGT et Solidaires est particulièrement instructif de ce point de vue, et pour moi la réponse aux trois dernières questions ne fait pas de doute : les petits groupes violents et agressifs qui aident la police en déployant une tactique délibérée CONTRE LES MANIFESTANTS (incendie, barrage) sont peut-être des têtes brûlées - faux anars ou antifas enragés -, mais sûrement et de toutes façons des pions habilement infiltrés et manipulés depuis l’autre côté de la barricade.

Pas vraiment de quoi rigoler.

24/01/2021 19:57 par Geb

@ autrement...

Je "critique" les camarades syndicalistes parce que quand on est responsable on n’a pas le droit de faire n’importe quoi.

J’ai arrêté de participer aux services d’ordre dans les manifs à cause de ça.

Et ceci après au moins trois décennies de participations et d’actions, dans le cadre du Parti et de la CGT, dans des moments plus que difficile.

Les camarades, aujourd’hui en fait "ne savent pas". Ils sont "nouveaux", jeunes", pas formés, ni politiquement, ni syndicalement, et encore moins prêts à affronter des mercenaires qui eux ont la formation adéquate pour les manipuler.

Et les "anciens" après s’être fait traiter de "brutes" par les médias et par ceux des syndicalistes qui les écoutaient, ou simplement parce qu’ils n’arrivaient plus à courir ou agir vite et fort quand il faut, ont arrêté comme moi.

Les militants de ma génération quand on est dans une manif on passe son temps à regarder qui est qui, qui fait quelque chose de suspect, les nasses possibles, les échappatoires. Les lieux propices aux provocations. Même si on n’est pas au SO. Et la première chose qu’on regarde c’est qui l’organise et comment.

OK on est "paranos". Mais nous on a 75 ans, on s’est engagés contre ces enc...s toute notre vie, et on n’est pas morts même si on a un peu morflé parfois.

Et c’est pas parce qu’on est âgés. C’est parce que même à 15 ans on savait déjà comment les flics nassaient, comment ils provoquaient et qui le faisait, et comment on devait réagir. Et c’était les anciens du Syndicat ou du Parti, nos parents ou nos frangins, qui nous apprenaient.

C’est pas parce qu’on était des génies, mais quand comme moi, en 56 on a vu son paternel le crâne ouvert sur la Canebière par les mêmes brutos de flics, les mêmes qui l’avaient arrêté en 39 puis remis aux nazis, à dix ans ça marque.

Ca donne de l’énergie mais ça donne aussi de la prudence pour une efficacité maximum. Une bonne partie de mes amis qui ont eux aussi participé à des SO sont de mon avis. Non seulement on ouvre la voie royale pour envoyer les camarades se faire massacrer, mais en plus on dégoûte nos meilleurs supporteurs , ceux qui nous soutiennent.

Qu’est-ce que tu pense de l’avis des pensionnaires de l’EPAHD après le petit épisode cité dans l’article ? Tu pense qu’il est positif ?

Quant au site des "Libertaires communistes", comme Assimbonanga l’a remarqué aussi, j’ai comme un doute sur qui fait quoi. Je peux me tromper, mais "communistes/libertaires" dans ma sémantique à moi ça n’existe pas plus que la "carpe/lapin".

Mais bon quand on voit qui se revendique du "communisme" y compris officiellement et comment, aujourd’hui tout peut sembler possible...

Alors vu que je n’y étais pas à cette manif et vu que je ne sais pas qui réalisait le Service d’ordre et au nom de qui ou même s’il y en avait un autre qu’autoproclamé, on n’ira pas plus loin.

Mais je maintiens ce que j’ai dis. Et comme ça va empirer ceux qui veulent pas mourir d’un coup de tonfa égaré, eux ou leurs camarades d’à côté d’eux, il vont devoir apprendre. Et vite.

25/01/2021 15:14 par Buffaud

J’étais présent à cette manif, je me permets de confirmer certaines descriptions mais m’inscrit en faux pour les analyses. Les violences dans les manifestations ont toujours existé, je ne me souviens pas qu’en mai 68 les manifestants envoyaient des fleurs aux CRS. J’étais présent lors de la marche des sidérurgistes sur Paris le 23 mars 1979, il y eut de nombreux magasins pillés et des voitures incendiées malgré l’important SO, dans une ambiance qui n’avait rien à envier à l’actuel black bloc. La manifestation du 5/12 n’avait rien d’exceptionnelle ni du coté des éléments manifestants violents que dans le domaine des violences policières qui en a vue de bien pires surtout pendant les Gilets Jaunes.
Je suis syndicaliste mais je déplore le manque de réactivité des centrales syndicales aux changements qui surviennent dans la société. Au lieu de se lamenter, il serait plus constructif de chercher à comprendre pourquoi il existe désormais un cortège de tête et pourquoi il est de plus en plus important. Comprendre pourquoi un nombre grandissant de personnes ne se contentent plus d’inutiles défilés de la République à la Bastille derrière le camion sono. Se demander pourquoi les centrales syndicales n’obtiennent plus aucune avancée au niveau national et n’arrivent même plus à contrer les attaques contre nos conquêtes sociales permettrait de comprendre pourquoi certains travailleurs se détournent (hélas) de plus en plus des modes d’action traditionnels. A la lecture du récit on comprend aussi que la stratégie du SO n’a pas été comprise par les gens.
Participant moi-même régulièrement à des SO, j’ai le souvenir d’un SO unitaire il y a 3 ans environ qui avait réussi à éviter la confrontation entre les éléments radicalisés, souvent des anarcho libertaires, et la police, grâce à une organisation et un dispositif bien préparé, réactif et mobile, et cela en douceur. Mais hélas, cela ne peut pas fonctionner en effet si la hiérarchie policière a décidé que de toute manière les incidents doivent éclater et fera tout pour cela.
Enfin, face à la marée de misère sociale qui continue de monter, il n’est pas surprenant que des personnes désespérées se laissent aller à des accès de colère, même si c’est contre productif parfois. C’est ce dont notre histoire sociale est parsemée : 1789, 1830, 1848, 1871, 1910, 1968, 2018, etc … à mon avis nous ne sommes pas au bout, au contraire. N’oublions pas l’échange de Jaurès et Clémenceau sur la violence, ou la célèbre phrase de Mark Twain.
Enfin, je déplore l’attitude qui a consisté à abandonner le terrain le samedi suivant, laissant les gens, surtout des jeunes, se faire massacrer sans aucune raison (car il n’y a pas eu de casse), donnant ainsi le point un peu facilement au préfet Lallement et donc au gouvernement. C’est une lutte contre le totalitarisme qui est engagée, elle sera âpre.

25/01/2021 18:04 par Assimbonanga

On ne sait toujours qui est le ou la camarade qui a pris la peine d’envoyer au Grand Soir ce texte copié sur Paris-Luttes.infos ... C’est bien dommage. Était-ce dans une intention louable ou tout le contraire ? En tout cas, les commentaires en dessous sont très intéressants.

26/01/2021 11:53 par Alexandre Maffre

Bonjour,

Merci d’avoir publié cet article ! J’ai écris mon témoignage, similaire, il y a un an, lorsque je suis rentré catastrophé d’une manif Gilet Jaunes. Je l’ai écris sur le coup pour ne rien oblié, je vous fais un très court résumé. Il y a de nombreux points de comparaison, j’avais vu de mes yeux des manifestants (des RG infiltrés suivis par les débiles utiles) détruire ce qui s’annonçait comme la plus grosse manif du moment (tous les syndicats étaient présents, c’était une manif moitié GJs moitié "retraites"). Et le sabotage, prémédité, était le fait d’un double groupe de tête. Celui tout devant était parti très vite pour arriver bien avant la manif à Arnaud Bernard. Celui-ci n’a fait que provoqué les CRS. La deuxième moitié menait le cortège loin derrière, son rôle était de le ralentir au maximum. Avec un autre camarade GJ nous avions remonté la manif parce qu’elle allait trop doucement, anormalement doucement. Devant la banderole de tête, un gros groupe d’antifas menés à la baguette par les infiltrés (20 ans de manif avec batoucadas aiguisent la vue). Nous avons remonté jusqu’à la tête (200 mètres de rue déserte entre les deux). Lorsque la manif est arrivée au rond-point, une quinzaine de ceux qui y étaient, et qui étaient les meneurs (j’écoutais tout ce que je pouvais) ont foncé sur les CRS (très nombreux, avec canon à eau) en disant "tirez pas on est copains". Tirs massifs de lacrymos puis charge, coordonnée évidemment préméditée (la provocation était très légère). 4h de gaz lacrymos dans le centre ville et des dizaines de milliers de personnes qui ont eu peur, très peur. Je ne raconterais pas la suite.

Le jeunes légitimement énervés qui refusent toute "organisation politique" se font manipulés par des soit-disants "ultra gauche", et d’autres camarades GJs ont constaté la même chose.

Macaron l’a dit, nous sommes en guerre, les coups viendront de toute part.

Sincères salutation militantes.

27/01/2021 09:32 par Dominique

Comme beaucoup le disent, c’est une guerre, une guerre asymétrique et pour y faire face, les seuls que je connaissent qui aient autant des objectifs qu’une stratégie réaliste sont DGR : La Guerre Écologique Décisive.

29/01/2021 12:38 par Juan

@Assimbonanga

Bonjour @Assimbonanga, c’est moi qui a proposé ce texte au Grand Soir.

Effectivement tu as raison, le site Paris-Luttes.infos est plutôt de tendance extrême gauche / gauchiste et donc plutôt proche des Black Bloc.
En fait je n’aurai pas dû mettre ce site comme source car la source originale est le site de l’Union Communiste Libertaire
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Des-flics-devant-des-agresseurs-dans-le-dos-la-manif-parisienne-du-5-decembre
D’ailleurs l’article est signé "Des communistes libertaires syndiqués à la CGT et à Solidaires"

Ce texte m’a semblé très intéressant pour plusieurs raison :

 D’abord il faut savoir que j’ai moi même participé au SO de la CGT en renfort lors de plusieurs manifs entre 2018-2020 (mais pas à celle du 5 décembre 2020 à Paris). Par contre je n’ai aucun lien avec l’UCL, je suis + CGT proche PCF.

 J’ai toujours dit qu’un des énormes problèmes qu’on (le SO) avait était notre manque de communication en tant qu’orga : on se fait lyncher sur les réseaux sociaux et on n’a aucune stratégie pour répondre, se positionner, mettre les choses au clair, se défendre, attaquer, dénoncer, bref : communiquer, ce qui est embêtant quand on voit le rôle/le poids/la force qu’ont les réseaux sociaux aujourd’hui.

 Ce texte m’a paru très intéressant car POUR UNE FOIS il donne la parole aux syndicalistes, à des membres du SO, à des manifestants lambdas, et relate les faits depuis leur point de vue.
 Il montre le niveau de connerie des gauchistes/black blocs (je mets tout dans le même ’bloc’ même si évidemment il faudrait nuancer, mais en gros pour moi ils servent les mêmes intérêts donc on va faire au + simple)

 Ce texte a suscité beaucoup de débats sur les réseaux sociaux, souvent enflammés entre gauchistes et gauche. Je suis plutôt de ce côté là : https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=732143460761520&id=327440517898485

 J’ai donc pensé qu’il fallait diffuser au max cet article, et j’ai pensé qu’il trouverait son public sur ce site (que j’apprécie énormément et suis depuis très longtemps. ça reste entre nous mais j’ai un poster dédicacé de VD et MV en petite tenue dans mon salon ;)

Voilà voilà, j’espère avoir répondu à ta question @Assimbonanga

29/01/2021 19:05 par jo nice

Et ceux qui ont saboté cette manif se voient comme le nec plus ultra de la résistance...
Geb à raison,rendez nous les affreux stalinien du SO de la CGT !

29/01/2021 20:07 par Autrement

Un très bon article sur le sujet dans Basta, avec d’autres témoignages : "Depuis le mouvement des Gilets jaunes, les peines d’interdiction de manifester se sont multipliées. Le dispositif s’ajoute à un arsenal de plus en plus fourni pour empêcher les rassemblements et la contestation sociale. Témoignages."
Notamment, outre les scènes de violences, rappelons-nous le cas d’Odile Maurin, la conseillère municipal d’Archipel citoyen en chaise roulante. C’est là qu’on voit aussi les progrès récents des méthodes répressives, grâce à l’invention du lawfare (instrumentalisation de la justice, énormité du chiffre des interpellations et des GAV) pour briser les militants et décourager les futurs manifestants :

Lors d’une manifestation toulousaine, les forces de l’ordre ne lésinent pas sur le recours aux grenades lacrymogènes et au canon à eau. Odile Maurin se place face au camion qui asperge les manifestants, pour l’empêcher d’avancer. Les forces de l’ordre tentent de la dégager. L’un des policiers finit par s’emparer de la commande du fauteuil roulant. « Au lieu d’aller tout droit, mon fauteuil s’est retrouvé propulsé sur le véhicule de police. Je me suis retrouvée la jambe prise entre le fauteuil roulant et le véhicule, j’ai eu des fractures au tibia », témoigne-t-elle. Elle est prise en charge par les « street medics » et mise en garde de vue sur le trottoir même. Faute d’ambulance adaptée pour la transporter, elle est laissée libre et convoquée quelques jours plus tard. Elle se rend au rendez-vous confiante, sans son avocat, tellement l’affaire lui paraît fantaisiste.

Mais elle apprend alors qu’elle est accusée de violences sur personne dépositaire de l’autorité publique avec arme par destination, en l’occurrence son fauteuil roulant. Deux policiers ont porté plainte contre elle : l’un a chuté lors du déplacement du fauteuil, l’autre a été blessé au genou. Lors de son procès, le 6 décembre 2019, le président du tribunal refuse que soient montrées les vidéos qu’elle produit pour sa défense. Un député, plusieurs élus, et un responsable de la police nationale, viennent témoigner en sa faveur. En vain : elle est condamnée à deux mois de prison avec sursis, un an d’interdiction de manifestation en Haute-Garonne et 2000 euros de dommages au policier blessé.

Merci à Juan d’avoir attiré l’attention sur les énormes moyens et procédés "raffinés" mis en oeuvre pour paralyser l’expression de la volonté populaire, avec la complicité cynique ou désespérée ou inconsciente de quelques-uns, eux-mêmes victimes du régime, et qui devraient réfléchir aux conséquences de leur choix pour le succès ou l’échec des luttes.
Même si ça peut soulager dans l’immédiat de casser des vitrines... Qui n’en a jamais eu envie ?!

31/01/2021 09:26 par Assimbonanga

@Juan : tout à fait ! Oui, tu as répondu à ma question et même au-delà. Mille mercis.
Je suis d’ailleurs très satisfaite de toute cette page, globalement, l’article ainsi que les commentaires. C’est à l’honneur de tous les participants. Des contributions honnêtes. Aucun troll n’est encore venu jeter d’agitation provocatrice et stérile. On arrive à mettre un peu de lumière dans la pénombre de toutes ces manifs dont les télévisions ne nous montrent que le minimum nécessaire, c’est à dire nécessaire au dénigrement.
Bon, je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai tout compris... On ne peut pas comprendre tout ce mouvement, contre-mouvement, anti-mouvement, actions contre-productives... On voit juste que ce n’est pas tout noir ou tout blanc. Et on ne sait pas trop dans quelles proportions il y a des maléfiques infiltrés là-dedans... Se parler semblerait pouvoir aider à améliorer le combat. J’en sais rien !

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