La nouvelle est tombée ce matin sous la forme d’un communiqué de presse laconique : Cambadélis appelle à voter Macron. Chez les derniers militants socialistes encore présents au siège du PS, rue Solférino, l’annonce a été accueillie avec calme. « Il lui reste encore quelques semaines pour changer d’avis. Nous avons l’habitude » déclare Simone, membre du parti depuis 1974.
« En fait, ce qui est étonnant, c’est qu’il ne l’ait pas annoncé plus tôt » renchérit Régis, qui précise qu’il n’est pas membre du parti mais militant d’une association caritative d’aide aux exclus et personnes en situation de « rupture sociale ». « On a du mal à imaginer le degré d’isolement de ces gens, dit-il, en faisant un geste circulaire. Il faut un certain temps pour se faire accepter et renouer des liens. Ce sont des paumés. »
A la question de savoir s’il ne n’agit pas d’une forme de trahison, Philippe, cadre supérieur dans une banque française, intervient : « Non, je ne crois pas. Jean-Christophe (Cambédélis) fait ce que l’on attend d’un Premier Secrétaire du PS, à savoir déclarer une chose, compter jusqu’à cent, puis faire le contraire. »
Et Hamon ? demandons-nous. Soudain, les regards se vident. Régis interrompt la conversation pour nous offrir un café et murmurer « Attention, vous les stressez inutilement ».
Lors d’un échange téléphonique avec un responsable de campagne du candidat d’En Marche !, celui-ci nous a confié, sous couvert d’anonymat, que l’afflux d’égos surdimensionnés et de psychopathes commençait à poser de sérieux problèmes au mouvement, notamment pour les photos officielles de campagne. « Ils veulent tous être sur l’affiche. Ce qui est assez incompréhensible, vu qu’ils ne sont pas candidats ».
Rue Solférino, aucun des présents n’imagine la fin du PS. « Où irions-nous ? », demande, légèrement angoissée, une personnalité du show-biz recouverte d’un drapeau de l’Union Européenne. Plus loin, un vieux militant du PS est pris de spasmes devant un portrait délavé de Jean-Jaurès. Régis, omniprésent, tente de le contrôler. Il nous jette un dernier regard. « Ca suffit. Partez ».
Nous refermons la porte. Dehors, la vie insoumise paraît encore plus belle.
Théophraste R.
Chroniqueur, rubrique Nécro spirituel