Cette réforme des rythmes scolaires a été imposée aux enseignants, aux parents et aux élus municipaux par le ministère. La seule consultation autorisée n’a porté que sur son mode d’application et non sur sa pertinence pour améliorer l’efficacité du système éducatif.
Pour rappel, dès le début, le Conseil Supérieur de l’Education s’était prononcé à une écrasante majorité contre la promulgation du décret Peillon. De nombreuses grèves des enseignants et des agents territoriaux à l’appel d’une majorité de syndicats et auxquelles se sont joints des groupes de parents d’élèves et des élus se sont déroulées tout au long de l’année 2013 et 2014 pour demander l’abrogation ou d’importantes modifications du texte.
A ce stade, considérant les premières expériences de mise en place, il s’avère que malheureusement, il s’agit d’un fiasco, d’une usine à gaz qui va encore fragiliser un système scolaire déjà mis à mal par la saignée de postes imposées par le précédent gouvernement.
Au-delà de l’aspect organisationnel, c’est la remise en cause de la mission nationale de l’Education qui nous préoccupe le plus.
Pour rappel, avant la réforme Darcos sous le gouvernement Sarkozy, l’école publique française assurait 26 heures de cours obligatoires à chaque élève, assurés par des enseignants formés, alors qu’avec le décret Peillon on sera à 24 heures obligatoires plus 3 heures facultatives déléguées aux communes. Pour leur majorité, en milieu rural, elles devront recourir à des personnels précarisés, bien souvent sans formation adéquate pour s’occuper de groupes d’enfants. Dans les pôles urbains, ce sont les équipes d’animation qui verront une désorganisation de leurs horaires, dégradant leurs conditions de travail.
La CGT ne pense pas que les enfants ont trop d’école, mais que celle-ci ne dispose pas de moyens suffisants pour apprendre dans de bonnes conditions. Des programmes mieux adaptés, des enseignants mieux formés dans des classes aux effectifs réduits permettraient plus d’attention aux élèves les plus fragiles et moins de fatigue.
La modification des rythmes accentuera les inégalités entre les enfants de communes aux moyens inégaux, entre les enfants des familles modestes qui faute de moyens n’ont que l’école pour faire du sport, s’ouvrir à la culture sous toutes ses formes et ceux des familles aisées qui pourront offrir aux leurs des activités payantes de qualité.
C’est un renoncement de la République à traiter tous ses enfants à égalité.
C’est une dégradation du service public, contre l’intérêt général.
Ce sera un marché ouvert au privé, qui se verra petit à petit déléguer ce service par les agglomérations, passant ainsi d’un service public gratuit à une prestation payante comme l’autorise le décret.
Quelque soit le mode d’organisation, il n’y aura pas de solutions satisfaisantes. La CGT Educ’Action demande l’abrogation des décrets Darcos-Peillon-Hamon.
Dans chaque commune, comme certaines l’ont déjà fait, nous appelons enseignants, agents territoriaux, élus et parents à refuser la mise en place d’un décret qui va à l’encontre des principes républicains d’égalité.