A l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore ce qu’il adviendra du « Rachel Corrie », molesté dans les eaux internationales par les pirates d’une armada israélienne qui veulent le dérouter. Il transporte mille tonnes d’aide humanitaire et quinze hautes consciences, parmi lesquelles l’Irlandaise Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la paix et un ex-haut responsable de l’ONU. Du gibier qu’on ne peut flinguer en pleine nuit comme un anonyme Turc « sympathisant du Hamas », n’est-ce pas ?
Mais de qui Rachel Corrie est-il le nom ?
Cette jeune Etats-unienne, membre du mouvement non-violent international de solidarité (ISM) est morte le 16 mars 2003 à l’âge de 24 ans dans la bande de Gaza, écrasée par un bulldozer israélien qu’elle voulait empêcher de démolir une maison. Elle s’était placée devant l’engin conduit par un soldat de « l’armée la plus éthique du monde » (voir dans notre rubrique "Nos lecteurs proposent" l’article : RACHEL CORRIE VIT ! Elle est de retour à Gaza ...").
La propagande israélienne, incapable de faire croire que cette douce jeune fille blonde était Turque, ou terroriste, ou armée d’un couteau suisse à décortiquer les bulldozers, a sorti le seul mensonge possible : le chauffard ne l’a pas vue à cause d’un « angle mort » (comme dans mon rétroviseur, mais DEVANT l’engin !). Pas davantage entendu les cris des compagnons de la jeune fille (à cause du casque du chauffard ?).
Le conducteur du bulldozer a délibérément tué Rachel en l’écrasant deux fois. Des membres d’ISM présents sur les lieux l’affirment (alors qu’ils ne sont même pas musulmans). La BBC, si peu sympathisante du Hamas, a diffusé un documentaire intitulé When killing is easy qui montre que Rachel Corrie a été volontairement écrasée.
Ce qui est sûr, c’est que personne, jamais, ne se positionnera plus devant un mastodonte d’acier conduit par un soldat d’Israël (qui « a le droit de se défendre »).
Mission accomplie, objectif atteint ! Dors bien, soldadito de Tsahal !
Bien entendu, si je raconte ça ici, aujourd’hui, les tripes nouées, c’est parce que les grands médias ne vont pas nous en faire des tartines. Demain, chacun saura où a accosté le Rachel Corrie, mais pas de qui il est le nom.
Pour que cet assassinat, épisode tragique d’une guerre sans loi soit connu des peuples, il eût fallu qu’il se produise il y a plus de 20 ans à Pékin, place Tien’anmen, un endroit que le monde entier connaît sans y avoir forcément mis les pieds.
Mais nos médias sélectionnent leurs émotions, leurs photos et les soldats israéliens ont des droits que ceux de Pékin n’ont pas eus dans le même cas de figure.
Et cela ne doit pas être dit.
Théophraste R.
PS. Un jour viendra où des lecteurs qui braquent sur ce genre de billet leur télescope à observer les planètes pour y déceler un atome d’antisémitisme ou de maoïsme feront plutôt marcher leur cerveau pour y lire en filigrane les malheurs futurs que l’auteur veut éviter aux juifs d’Israël et d’ailleurs.