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De la prolifération des « jeunes barbares » révoltés à la rechute de l’humanité dans la (vraie) barbarie !…

Évidemment, les dégâts matériels, environnementaux, humains et autres provoqués actuellement par les guerres impérialistes (par exemple, en Ukraine) ou civiles (par exemple, au Soudan) sont incomparablement plus importants que ceux provoqués durant les récentes “émeutes” populaires en France ou celles de Londres en 2011 ou des États-Unis il y a trois ans. Au XXIe siècle, comme d’ailleurs au XXe et ses deux Guerres mondiales, la barbarie a toujours eu un visage, celui du capitalisme sous toutes ses formes et toutes ses variantes et manifestations.

Cela n’empêche que toutes ces “émeutes” populaires qui tendent à faire tache d’huile en Europe et dans le monde, se distinguent par leur violence – souvent – aveugle, ce qui fait que les bien-pensants de tout bord, gouvernements, extrême droite et flics en tête, peuvent les accuser de...barbarie. C’est ainsi que les jeunes révoltés des banlieues sont allégrement dépeints en « jeunes barbares », ce qui d’ailleurs « justifie » les appels au meurtre de l’extrême droite et autres syndicats policiers qui n’hésitent pas à qualifier ces jeunes de « nuisibles » qu’il faudrait exterminer !

D’abord, force est de constater que la qualification de « barbares » de ces jeunes révoltés des banlieues délaissés de nos métropoles, fait mouche et est adoptée par une part plus qu’appréciable des populations. Et ensuite, que cette part des populations de nos pays comprend une part importante de ceux d’en bas exploités, pauvres, opprimés et racisés, des gens qui côtoient les « jeunes barbares ». qui sont leurs voisins et même leurs parents ! Conclusion : le problème existe et demande urgemment des réponses claires et convaincantes.

Mais, si on a affaire à des « barbares », la question qui se impose logiquement tout de suite est comment on en est arrivé à une telle catastrophe. Et qui en est responsable . La réponse crève les yeux : la prolifération des ces « émeutes » presque partout de par le monde, leur tendance à s’étendre aussi hors des banlieues défavorisées, leur fréquence toujours plus grande, et surtout la participation des masses populaires de plus en plus importantes, tout ça fait qu’on n’a affaire ni à des explosions de rage dues aux... pulsions (auto)destructrices de leurs auteurs, ni à des révoltes isolées liées aux particularités de tel ou tel pays, ou à l’origine ethnique et la religion de leurs participants. En réalité, on a affaire à un véritable phénomène de masse toujours plus envahissant, propre à nos sociétés de plus en plus inégalitaires et violentes au temps des politiques néolibérales, des États policiers et des lendemains cauchemardesques !

Alors, s’il s’agit d’un phénomène de masse internationale, tout change. Et par conséquent, ceux que la droite qualifie de « jeunes barbares » ne peuvent plus être considérés comme un accident de l’histoire passager et éphémère, mais un phénomène venu non seulement pour rester mais aussi pour se développer au point d’influencer gravement notre quotidien. En somme, s’ils sont cohérents avec eux-mêmes, les détracteurs de ces « jeunes barbares » devraient tirer la conclusion que ce qui menace le plus nos sociétés et notre monde est la barbarie incarnée par ces « jeunes barbares » !

Une telle vision de notre avenir n’est pas totalement impressionniste et dépourvue de vérité. Nos sociétés transformées en jungles où règne le chaos et où tout le monde se bat contre tout le monde dans une ambiance d’extrême violence généralisée, n’est pas seulement un scénario de science fiction à la Mad Max. Elles pourraient très bien voir le jour si la crise actuelle continue à s’aggraver. C’est-à-dire, si les « jeunes barbares » continuent d’être non seulement fliqués et réprimés férocement, mais aussi de plus en plus flingués. Et aussi, si leurs conditions de vie continuent à se détériorer, si l’État capitaliste – des bourgeois apeurés – toujours plus autoritaire, qui les traite depuis bien longtemps comme des citoyens de seconde zone, décide de leur déclarer la guerre, comme d’ailleurs l’exige déjà la Sainte Alliance de la flicaille, de l’extrême droite et d’une partie toujours plus importante de la droite traditionnelle.

Alors, si « barbarie » il y a, c’est la bourgeoisie régnante, ses gouvernants et leurs politiques capitalistes qui l’ont non seulement inventée mais aussi et surtout créée. Et force est de constater que les « jeunes barbares » sont non seulement le produit automatique de leurs politiques néolibérales qui marginalisent des pans entiers de la population de nos sociétés, mais aussi le résultat voulu des politiques conçues pour exclure et “ lumpeniser ” ceux qui sont les « classes dangereuses » de nos temps, c’est à dire une certaine jeunesse des banlieues, que l’État bourgeois craint et veut « neutraliser » à tout prix !

Cependant, le succès de l’opération de « neutralisation » de ces jeunes des banlieues paraît plus que mitigé. Oui, ces jeunes sont ghettoisés, et donc isolés du reste de la population. Oui, ils sont coupés de la gauche et des syndicats, et donc dépourvus de soutiens, d’alliances et d’expression politique de leur rage. Oui, ils sont confus dans leurs idées et brouillons dans leurs actes, ils sont depolitisés et manquent d’organisation. Mais, sont-ils pour autant inoffensifs pour ceux qui ont tout fait pour les rendre inoffensifs ?

Évidemment que non. L’inquiétude sinon la peur que leur provoquent les « émeutes » de ces jeunes, est manifeste. En témoignent les mesures extraordinaires et autres états d’exception qu’ils adoptent pour les réprimer. En somme, nos bourgeoisies et leurs exécutants se découvrent maintenant pris au piège de leur propre machiavélisme : en bons Docteur Frankenstein, ils voient leur créature se radicaliser, devenir de plus en plus incontrôlable et même potentiellement dangereuse pour leurs intérêts !

Mais, attention : ces jeunes révoltés des banlieues sont, pour l’instant, seulement « potentiellement dangereux » pour ceux d’en haut. Pourquoi ? Mais, parce que plus que les discriminations racistes, plus que la pire misère et plus que la répression la plus féroce, c’est le manque de projet unificateur aux objectifs précis et clairs et aussi l’absence de soutien politique de masse, qui poussent ces jeunes révoltés au désespoir de la violence aveugle et même autodestructrice !

En d’autres mots, ce qui manque à ces jeunes radicalisés pour qu’ils deviennent vraiment dangereux pour ceux d’en haut, ce n’est pas de leur responsabilité. C’est de la responsabilité des forces politiques, syndicales et associatives de gauche, en somme de tous ceux qui ne se contentent pas de ce monde monstrueux. Alors, il va de soi que ces forces de gauche doivent au plus vite rattraper leur retard pour s’investir corps et âme dans le travail de solidarité active avec les révoltés des banlieues, afin de tisser des liens organiques et militants stables avec eux. Le progrès sera formidable tant pour les uns que pour les autres.

Toutefois, il faut admettre l’évidence : le danger de la transformation progressive de nos sociétés en « jungles où règne le chaos et où tout le monde se bat contre tout le monde dans une ambiance d’extrême violence généralisée », est tout à fait réel. Et la menace de la rechute de nos sociétés, et de toute l’humanité, dans la – vraie cette fois – barbarie sera inévitablement de plus en plus grande et directe tant qu’on n’aura pas un nouveau projet et message messianique humaniste et communiste capable d’inspirer et de mobiliser les masses, les jeunes des banlieues inclus, partout dans notre monde. Et pour tout dire, le spectre de la barbarie généralisée continuera de planer sur l’humanité tant que le dilemme (éco)socialisme ou barbarie ne sera pas résolu définitivement en faveur de l‘écosocialisme. Ni plus ni moins...

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« Cuba mi amor », un roman sur le Che de Kristian Marciniak (Rebelion)
Leyde E. Rodri­guez HERNANDEZ
Publié chez Publibook, une maison d’édition française, le roman de Kristian Marciniak : « Cuba mi amor » circule dans Paris ces jours-ci. Dans un message personnel adressé au chroniqueur de ce papier, l’auteur avoue que Cuba a été le pays qui lui a apporté, de toute sa vie, le plus de bonheur, les plus grandes joies et les plus belles émotions, et entre autres l’orgueil d’avoir connu et travaillé aux côtés du Che, au Ministère de l’Industrie. Le roman « Cuba mi amor » est un livre (…)
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