De la nécessité de s’organiser politiquement dans les entreprises.
Il y a un fait qui explique le recul des idées communistes, c’est-à -dire marxiste, dans les masses populaires, il s’agit de la presque disparition des cellules communiste dans les entreprises. Rappelons ce que Lénine avait dit : « chaque entreprise doit devenir notre citadelle ».
Aussi, même si le moment est à la désindustrialisation fomentée par le capital financier, il reste des entreprises et des usines où le développement des cellules communistes reste possible, même plus, elles sont nécessaires. Un parti communiste ne peut mener sa bataille et ses tâches les plus urgentes s’il n’est pas enraciné là où les travailleurs sont les plus conscients et les plus actifs. Ainsi, le parti de classe ne peut accomplir complétement ce qu’il entreprend sans un lien puissant avec la classe ouvrière, ses éléments d’avant-garde qui sont les meilleurs pour l’organisation.
C’est donc du rôle de la classe ouvrière qu’il est question, et c’est de cela que doivent se convaincre les dirigeants du parti pour l’apprécier à son juste niveau, mais aussi pour faire l’effort en direction de la classe ouvrière afin de satisfaire aux exigences de la situation. L’action unie avec la classe ouvrière est décisive et c’est de cela que dépend le cours futur de la politique qui sera menée par le parti en direction des larges masses populaires.
Un parti communiste est de fait révolutionnaire, il agit pour lui de renverser le capitalisme pour instaurer le socialisme, c’est-à -dire en premier, la socialisation des moyens de productions et d’échanges. Il se doit donc d’être lié au plus près avec la classe la plus à même de prendre sa propre destinée en main dans la transition révolutionnaire de la société, et cette classe est la classe ouvrière.
Certains pourront toujours avancer, c’est le cas de certains sociologues ou autres philosophes, que « la classe ouvrière d’aujourd’hui n’est plus la même que la classe ouvrière d’il y a 30 ans »,or il est un fait, la production ne se fait pas sans elle, même si aujourd’hui le capital a su transformer les mots pour décrire un ouvrier devenu - agent technique de production - technicien de surface - hôtesse de caisse… tout ce qui est produit, transformé et vendu n’est possible qu’avec la classe ouvrière. Aussi, même dans une usine où il n’y aurait que des robots et des ordinateurs pour produire des voitures… on parlerait de classe ouvrière, simplement parce qu’il faut regarder en amont et en aval de la production.
Nous sommes très loin de la « guerre des mondes » où des machines devenues intelligentes s’affronteraient avec des êtres humains…
La classe ouvrière étant la classe liée à la forme la plus avancée de la production, ses intérêts sont irréductiblement opposés à ceux de la classe dominante et son système capitaliste qui détiennent les moyens de production et accablent les classes laborieuses pour augmenter sans cesse les profits.
Ainsi, et c’est certainement la crainte de nos sociologues ou autres philosophes inféodés, c’est donc sous la direction des éléments d’avant-garde, les plus formés et les plus conscients, de la classe ouvrière, classe révolutionnaire jusqu’au bout marchant à la tête des masses populaires et laborieuses, que s’effectuera la transformation révolutionnaire de la société.
Même si la tendance actuelle est à la déconcentration des grandes entreprises en de multiples petites entreprises, il y a une concentration de la classe ouvrière, donc une puissance de feu contre le capitalisme animée par les éléments les plus déterminés et les plus avancés qui deviennent des dirigeants naturels dans la tâche révolutionnaire de renversement du capitalisme.
Les penseurs et intellectuels du capitalisme n’étant ni idiots ni naïfs, ils ont très bien compris que pour briser les éléments les plus rouges, il fallait diviser la classe ouvrière et la briser idéologiquement. D’où la création de multiples syndicats et de multiples partis, aux couleurs et programmes divers et variés selon le sens du vent de l’histoire en cours, pour former un arc-en-ciel qui met en concurrence les travailleurs entre eux, selon leurs situations personnelles ou leurs pseudos appartenances à une couche sociale, voire en opposition frontale de l’organisation de la classe ouvrière elle-même qui lutte pour ses propres revendications.
La bourgeoisie ne développe les forces productives que pour ses propres intérêts de classe, là où elle n’a pas d’intérêts, elle s’y oppose et les combat. Elle est donc un frein au développement des sociétés et des nations, quand les intérêts de la classe ouvrière coïncident avec l’intérêt national dans une nation souveraine. Reagan et Thatcher, et avant eux Eisenhower et le plan Marshall, n’ont eu de cesse de détruire cette logique afin de détruire la notion d’Etat qui, pour le libéralisme, est une entrave aux profits, puisque l’Etat peut mettre en place des barrières sous la forme de lois contraignantes. Quand ils n’ont pas réussi à mater les Etats, ils ont fabriqué et mis en place des dictatures militaires et violentes : du Chili à l’Argentine, les exemples sont nombreux…
La classe ouvrière étant dans la production et vivant dans les quartiers populaires, prenons donc un exemple concret. La lutte contre l’intensification des cadences, contre la flexibilité du travail, contre le chômage, contre le mal-logement, contre la malnutrition… sont des luttes ouvrières pour la santé et le bien-être du peuple, c’est donc une lutte nationale qui sert aussi les intérêts de tous les peuples du monde. En s’opposant à l’esprit de rapine des propriétaires des moyens de production et des propriétaires fonciers, la classe ouvrière oeuvre au renforcement des solidarités et des libertés démocratiques, mais aussi met en contradiction les gouvernements qui vont à l’encontre du progrès social.
Comprenant ces principes et ces valeurs, il devient évident que le parti de classe, que doit être un Parti Communiste, se doit d’être enraciné au plus profond dans la classe ouvrière, donc dans les lieux de production et d’échanges, ainsi que dans tous les appendices destinées à maintenir à flot cette classe ouvrière.
Le lieu de production étant une école de la discipline ouvrière et de l’organisation collective que les intellectuels peinent à acquérir donc qu’ils s’emploient à casser, les travailleurs emmenés par la classe ouvrière et son avant-garde, sont la seule arme dans la lutte pour le pouvoir. Ainsi on comprend l’oeuvre de destruction massive des lieux où la classe ouvrière est fortement concentrée. Quand il sent la menace, le capital sait réagir rapidement puisqu’il détient les clés qui permettent d’ouvrir les vannes de surpression.
L’organisation politique communiste dans une entreprise est donc avant tout une question de bon sens, car être enraciné dans la classe ouvrière, c’est être organisé à l’endroit même où elle est la plus concentrée.
Aussi, même comme l’est : la Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas de Calais, s’il existe des cellules implantées au sein des quartiers et villes populaires ou dans la vie syndicale interprofessionnelle, il n’est reste que, même s’il ne faut pas sous-estimer leur action de terrain et d’analyses, c’est dans les entreprises que chacune de nos démonstrations trouveront des exemples concrets de l’exploitation capitaliste et des contradictions fondamentales, entre exploités et exploiteurs, qui ne cessent de s’agrandir.
Certes nous puisons dans nos expériences, notre vécu, nos débats et l’écoute, pour éclairer par nos écrits des Cahiers Communistes, sur les conséquences de l’exploitation capitaliste qui paupérisent les larges masses, mais un plus grand nombre de données concrètes venues de l’intérieur même, argumenteraient encore plus et apporteraient des pratiques nouvelles dans la lutte des classes, notamment en comprenant le cycle complet de production pour pouvoir agir organisé à chacune de ses étapes .
Il faut donc apporter un effort particulier à cette évidence de la réimplantation des cellules politiques communistes dans les entreprises, qui ne semble plus être une voie exploitée par l’appareil dirigeant du parti communiste… Et pourtant ! Aller vers la classe la plus exploitée, c’est aller où elle produit et où chaque conflit l’oppose à la classe capitaliste et où son action dans l’unité amène des rapports de force qui ont un retentissement bénéfique pour renforcer la liaison indispensable entre le parti et les masses décisives.
Que disait Lénine : « les cercles d’usines sont particulièrement importants pour nous, car la force principale du mouvement de classe est dans la bonne organisation des ouvriers étant donné que les usines englobent cette partie de la classe ouvrières qui est, non seulement la plus forte numériquement, mais aussi la partie prédominante par son influence, par son développement et par son aptitude au combat ». Comme quoi il est important d’accroître le nombre de cellules communistes dans les entreprises, notamment les plus grandes pour améliorer l’activité politique au coeur même de la classe sociale des travailleurs.
C’est bien de ces expériences vécues que le matériel de propagande à destination des masses populaires (tracts ou journal) sera une arme de destruction de la propagande bourgeoise et qu’il servira à l’émancipation collective sur la base de situations concrètes. C’est de là que la prise de conscience politique naîtra en alliant luttes pour les revendications, analyses politiques, et nécessité de l’organisation du parti de la classe exploitée pour faire face à la classe capitaliste qui exploite. Il devient donc important, pour ne pas dire nécessaire, de s’adresser à des ouvriers repérés et de confiance et de les aider à la création de ces cellules mais aussi de les faire participer selon leurs moyens et leurs possibilités, à préparer des actions collectives. Il ne s’agit pas de penser le Parti, il s’agit de faire penser les membres du parti afin qu’ils adhèrent à l’expression et à la détermination collective pour ne pas sombrer dans l’aventurisme dans lequel emmènent souvent les petits partis ou mouvements gauchistes.
Mais tout ceci doit être accompagné par un apprentissage théorique de la science marxiste-léniniste qui est un contre poison au capitalisme. Théorie-pratique / pratique-théorie, afin d’être en capacité de mener et de livrer toutes les batailles, économiques, politiques et théoriques. On ne peut soustraire les batailles les unes aux autres mais les lier pour combattre le « culte de la spontanéité » qui sera une arme du patronat pour diviser les travailleurs en les retournant au nom de l’emploi et de la concurrence. Il s’agit donc d’être éclairé pour éclairer afin de ne pas tomber dans les travers de l’anarcho-syndicalisme ou du gauchisme contre-productif.
Le parti de classe, le Parti Communiste n’est pas un auxiliaire mais fait partie d’un ensemble qui vise à supprimer l’exploitation et à mettre l’économie au service des travailleurs, l’inverse de ce que nous subissons.
Les Cahiers communistes du « Comité de Base » : comibase@gmail.com
n°14/ 27-10-2012
Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas-de-Calais.