Suite de l’article : « Le fantasme terroriste en Belgique »
Voir aussi : « Le cauchemar, lettre de prison »
Tout au long de la semaine dernière, jour après jour, nous avons vu les soupçons pesant sur les inculpés du « Secours Rouge » s’effondrer les unes après les autres.
- Les soi-disant explosifs se sont révélés n’être que d’inoffensifs pétards de feu d’artifice.
- Hormans, le truand « est rangé des voitures » depuis des années, le Parquet, d’ailleurs, ne semble pas lui reprocher d’activités en rapport avec le grand banditisme ou quelques autres affaires criminelles que ce soit.
- Sassoye, l’ançien terroriste, a un métier régulier et ,de plus, il est suivi régulièrement par la justice, qui n’a rien trouvé à lui reprocher depuis sa sortie de prison.
- Les autres inculpés Fayoumi et Abdallah, malgré leurs noms à consonance arabisante (ce qui pour certain serait certainement suffisant comme preuve de culpabilité), sont inconnus de la justice.
- Le cryptage des mails est un procédé légal en Belgique pour protéger ses données personnelles. C’est même, une pratique recommandée pour les courriers électroniques entre les avocats et leurs clients.
- Les écoutes téléphoniques qui devaient nous démontrer la collusion entre les inculpés en Belgique et les inculpés en Italie n’ont jamais existé selon les milieux judiciaires italiens, nous rapporte le journaliste Hugues Le Paige.
Enfin, en ce qui concerne les photos retrouvées lors de l’enquête sur le PCPM (Partito Communista Politico Militare) en Italie, on ne peut que spéculer, lancer des hypothèses, imaginer des usages illicites. Malheureusement, la spéculation, les hypothèses et l’imagination ne sont pas encore considérées comme des preuves pour la justice en Belgique...
On peut s’étonner, à ce propos, que l’imagination de la police et du Parquet suive toujours la même direction. Il ressort ainsi clairement que l’enquête menée par les autorités belges ne se fait qu’à charge. Maintenant que la machine est lançée, la police a besoin de justifier ses écoutes téléphoniques, ses perquisitions et ses multiples intrusions dans la vie privée de ces militants, aujourd’hui, inculpés.
C’est en persévérant dans cette logique que les pouvoirs publics ont fait appel de la décision de la Chambre du Conseil qui avait jugé que le maintien en détention des inculpés était inutile, sauf pour Bertrand Sassoye. Cet appel prolonge ainsi inutilement le séjour en prison de ces personnes.
Or, si l’on doit se baser sur ce qui est disponible dans la presse, il n’y a aucun élément objectif incriminant les quatre militants de « Secours Rouge ». Dans ce contexte, l’attitude Parquet apparaît de plus en plus comme un acharnement politique et judiciaire à l’encontre d’une simple association d’entraide aux prisonniers politiques.
Une autre explication à l’attitude du Parquet pourrait être aussi à rechercher du côté d’une fierté mal placée qui empêcherait le Parquet de reconnaître qu’il a fait une magistrale boulette avec cette affaire, que l’épouvantail du terrorisme international a été inutilement agité, que l’arsenal clinquant des nouvelles lois antiterroristes n’a servi qu’à réprimer de simples militants pacifiques.
Une autre hypothèse que nous pourrions faire c’est qu’en Belgique, comme en France et ailleurs en Europe se multiplient, ces dernier temps, les manifestations de plus en plus dures pour réclamer des interventions de l’État afin d’augmenter le pouvoir d’achat. Dans ce contexte, l’État pourrait avoir un intérêt à montrer sa sévérité dans le but d’intimider les mouvements sociaux actuels.
Par ailleurs, nous ne devons pas non plus oublier qu’une nouvelle audience concernant l’affaire "Bahar Kimyoungur/ DHKP-C" se tiendra à la même semaine que la séance de la Chambre des mises en accusation qui doit examiner le recours du Parquet pour le maintien en détention des quatre inculpés. On pourrait alors s’étonner de cette concomitance d’agenda et se demander si le Parquet ne cherche pas aussi à intimider les gens qui soutiennent Bahar Kimyoungur et ses camarades...
Enfin, il faut aussi constater que cette pseudo-affaire de terrorisme en Belgique fait couler beaucoup d’encre dans la presse. Le Parquet ferait-il alors du « storytelling » autour des lois antiterroristes pour en justifier l’existence ou, peut-être, pour détourner les journalistes d’autres affaires ?
A moins bien sûr que les avocats de la défense ne disposent pas de tous les éléments à charge. Mais dans ce cas de figure, il faudrait admettre qu’il existe en Belgique une procédure particulière avec sa section spéciale et son tribunal d’exception, des termes de sinistre mémoire qu’il ne faut pas simplement dénoncer, mais aussi combattre. Parce qu’un État de droit ne peut pas tolérer ce genre de pratique en son sein.
Pierre Capoue
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Sassoye et ses feux d’artifices :
La vidéo : http://www.lesoir.be/special/popup_...
l’article : http://www.lesoir.be/actualite/belg...
Les écoutes téléphoniques :
http://blogs.politique.eu.org/hugueslepaige/20080611_ccc_pas_d_ecoute.html
Les tribunaux d’exception :
http://www.vrid-memorial.com/Les-Tr...
http://www.fondationresistance.com/pages/rech_doc/cr_lecture-36.htm
Plainte d’« Amnesty International » contre la loi antiterroriste en Belgique
http://www.amnestyinternational.be/doc/article.php3?id_article=6586
Selon la plainte déposée par Amnesty auprès de la cours d’arbitrage : « Les avocats de la défense n’auraient accès qu’à des dossiers incomplets. En ne reconnaissant pas le droit des prévenus à un procès équitable, le projet de loi déposé par la ministre Onkelinx violerait la Convention européenne des Droits de l’Homme ; »
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Voir : www.secoursrouge.org/
Il y a aussi moyen d’écrire pour soutenir les détenus, toutes les informations sont disponibles sur le site de « Secours Rouge ».
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