Macron chez De Villiers (ICI), Macron et le Dalaï Lama ? Décidément LGS est une invite permanente à cogiter. Il s’agit en effet de la part de l’aspirant milliardaire (car il n’est que le petit dernier, par ordre décroissant, des quatorze millionnaires membres de notre actuel gouvernement, le 1er étant JM Le Guen et le 3ème M. Sapin) d’une manoeuvre communicationelle cohérente, qui tend à préserver la main-mise du bloc des droites et de sa presse sur le plus grand nombre des cerveaux disponibles.
Et d’abord, sur les cerveaux de ceux des Français qui, comme les grenouilles de la fable, demandent un roi ; et qui, grâce à l’inoculation continue, et à haute dose, de personnalisation de la vie politique, dans le cadre de notre (déjà) monarchie présidentielle, sont plus nombreux et surtout plus divers qu’on ne le croit, même s’ils ne sont pas directement royalistes –, à s’imaginer qu’il suffit d’un guide éclairé et tout-puissant pour que notre société aille mieux. Il était donc opportun pour Macron (tant de Français regrettent d’avoir coupé la tête à Louis XVI et surtout à Marie-Antoinette !) d’aller se montrer en compagnie du mémorable et fervent Vendéen : occasion de gagner la sympathie de tant de braves gens, qui ne connaissent guère l’histoire de France qu’à travers le mirage d’un spectacle son et lumière, pittoresque mais quelque peu orienté. Cela se passe aussi au moment où, en septembre 2016 et à l’heure de midi, dans une interview de FO Giesbert par JP Elkabbach sur Public-Sénat (Magazine Bibliothèque Médicis), on a pu entendre le directeur du Point, dans la droite ligne de son édito de juin 2015 intitulé « Au secours, Robespierre revient », vitupérer contre le ridicule, vicieux, hypocrite, xénophobe et précurseur du Lepénisme (sic) que fut selon lui Robespierre, symbole encore vivant de 1789. C’est tout un pan de la domination idéologique de l’euro-Medef que l’on peut reconnaître là. Et De Villiers fut certainement très honoré de l’hommage ainsi rendu à la noblesse d’Ancien régime par la nouvelle aristocratie financière.
Macron s’efforce aussi de capter pour lui-même et pour son camp les faveurs d’une certaine France profonde, sensible à la gravité intrinsèque de tout personnage et spectacle religieux ; le Dalaï Lama lui en offrait une occasion de plus. En effet, la cause de ce dernier a été populaire, d’abord parmi les contempteurs ordinaires de la Chine (on les a vus à l’oeuvre lors de JO de Pékin), puis chez beaucoup de jeunes qui avaient l’illusion de voir en lui une espèce de Gandhi, un symbole de la résistance spirituelle à l’oppression (d’où l’opportunité de l’ouvrage de Maxime Vivas mentionné par Théophraste). Par les temps qui courent, ce qu’on appelle la Spiritualité fait en effet recette. Elle a son rayon attitré, bien fourni et bien achalandé, dans toutes les librairies, notamment dans les grandes surfaces ; elle offre un facile dépaysement et un refuge personnel bienveillant à tous les dégoûtés de la citoyenneté politique. Elle peut inciter à la tolérance, mais aussi et surtout au repli sur soi et à la croyance aux gourous. Pour Macron, il s’agissait donc de faire Zen, et de gagner la confiance de tous ceux qui (disons) consultent avec anxiété leur horoscope, dans la rubrique zodiacale des magazines people. On devient ainsi Macron superstar (c’est toujours bon à prendre pour occuper la scène), comme le montre par ailleurs un article bien documenté d’acrimed ICI, illustrations à l’appui.