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les guerres de quatrième génération

D’un terrorisme à l’autre.

La guerre de quatrième génération est selon des stratèges américains une spécificité de notre époque.

Pour ces derniers, l’humanité a connu à travers l’histoire, quatre formes de guerres.

Ils considèrent que la guerre de première génération reposait sur des masses humaines disposées en lignes et en colonnes sur le champ de bataille. L’emploi de l’arme blanche ou des armes à feu rudimentaires obligeaient les combattants de se battre directement. C’était les corps à corps sanglants qui caractérisaient ce type de guerre.

La seconde génération est née avec l’invention du canon. La physionomie de la guerre allait changer ; l’ennemi devenait en quelque sorte une abstraction qu’on pouvait éliminer à distance.

Avec la troisième génération on passe de la guerre de position vers la guerre de mouvement. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, la blitzkrieg ou guerre-éclair a permis aux Allemands de surprendre leurs ennemis grâce à leur mobilité. Les sionistes avaient appliqué, de leur coté, ce type de stratégie pendant la guerre des six jours.

La guerre de quatrième génération, selon ces mêmes stratèges est synonyme de la quatrième guerre mondiale, la troisième a été remportée, bien entendu, par l’occident face à l’URSS, après plusieurs décennies de guerre froide. Cette quatrième guerre mondiale oppose essentiellement le Nord au Sud. Des groupes dits"terroristes", ne possédant pas les moyens militaires dont dispose l’ennemi vont utiliser un ensemble de stratagèmes comme l’anonymat et les attaques sanglantes de civils dans des lieux publics. Ces carnages retransmis par les médias démoralisent l’ennemi et le poussent à faire des concessions. A en croire ces généraux américains il y aura d’un coté des groupuscules sans fois ni loi , ne reculant devant rien pour infléchir des troupes régulières armées jusqu’aux dents mais respectueuses des règles de la guerre.

Mais lorsqu’ on y regarde de plus près, on constate que tout autant que les terroristes, les grandes nations pratiquent sans aucune retenue le terrorisme d’’état. Depuis déjà 1945, les Américains, pour mettre à genou l’armée japonaise , bombardent à l’arme atomique deux villes, Hiroshima et Nagasaki tuant des centaines de milliers de civils.

Après la débâcle de Dien Bien Phu, certains officiers supérieurs de l’armée française , à leur tête le colonel Charles Lacheroy vont développer le concept d’« ennemi intérieur » pour faire face à un ennemi interne impossible à identifier, car disséminé dans la population. Dès lors, une place prépondérante est accordée tant au renseignement politique qu’à l’action policière .

En Algérie, ce concept va se traduire par quadrillage urbain, interrogatoires et torture. Ces exactions systématiques sont l’expression d’une "révolution dans l’art de la guerre" censée répondre à la "guerre totale" menée par les rebelles.

Ce concept d’« ennemi intérieur » ne tardera pas à franchir les frontières. A partir des années soixante des officiers français sillonneront les États Unis, l’Argentine, le Chili et d’autres pays d’Amérique latine pour enseigner la nouvelle théorie. Le terrorisme d’état a pris forme. Tout le monde sait à quel point ces leçons ont été fructueuses surtout en Argentine et au Chili.

L’artiste argentin Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la Paix 1980, décrit très bien comment s’est développée la dictature des militaires dans tous les pays du Cône Sud dans le cadre du Plan Condor et dans quel contexte s’est préparé et déroulé le coup d’État du 24 mars 1976 en Argentine, orchestré par le général Videla. Il dit :

"...La question centrale est d’arriver à comprendre les causes de tout cela et de ne pas nous en tenir seulement aux effets et à la douleur d’un peuple. La tragédie n’a pas commencé le 24 mars 1976, mais les fondements qui sont à la base de cette domination imposée à tous les peuples du continent latino-américain, ont surgi plusieurs dizaines d’années auparavant et sont le résultat de l’imposition de la « doctrine de la sécurité nationale » (DSN) et de l’application du Plan Condor. Plus de 80 000 militaires latino-américains ont reçu une formation à l’École des Amériques de Panama et dans les académies militaires des États-Unis, où était enseignée cette doctrine de la sécurité nationale basée sur les expériences de la guerre du Vietnam et de la guerre d’Algérie avec l’application des méthodes de torture, d’emprisonnement et de disparition forcée des personnes..."

Pour témoigner de ce qui se passait à cette époque en Argentine, il ajoute : "...Je me souviens de ma rencontre avec le capitaine de marine Scilingo quand il m’a avoué qu’il avait participé par deux fois à des vols de la mort, où ils jetaient à la mer une trentaine de prisonniers encore en vie. Au retour à la base, le chapelain militaire les recevait à la messe, les bénissait et leur disait que ce qu’ils avaient fait, c’était pour sauver le pays des griffes du communisme international et qu’en réalité, ils leur avaient donné une mort chrétienne pour le plus grand bien de la Patrie..."

Lors de la première invasion de l’IRAK en 1991, les missiles intelligents lancés des navires et les frappes chirurgicales avaient fait près de 300000 morts... Ponts, routes, alimentation en eau potable et en électricité, plus rien ne fonctionnait. Suivirent près de douze ans d’un embargo meurtrier, durant lesquels les USA, la Grande-Bretagne et la France étranglèrent la population. Pendant ces longues années, la mortalité des enfants de moins de cinq ans doubla, devenant l’une des plus élevées du monde. La malnutrition, inconnue auparavant, fit son apparition. Plus d’un million d’irakiens, dont la moitié étaient des enfants, moururent de ce blocus meurtrier. C’est à ce lourd bilan que viennent s’ajouter les centaines de milliers de morts de la seconde invasion, en 2003. L’histoire gardera en mémoire des évènements tels que le massacre de Fallouja qui prouve à quel point cette coalition d’armées régulières n’étaient en fait que des troupes terroristes "légales".

Le terrorisme d’état va atteindre chez les Israéliens son paroxysme au point d’être qualifié de "pathologique". Depuis les massacres de Sabra et Chatila en 1982, aux carnages des civils à Gaza en 2009 " en passant par la destruction du camp de réfugiés de Jénine et la destruction des infrastructures palestiniennes de Cisjordanie en 2002, les massacres dans le camp de réfugiés de Jabaliah et de Beit Hanoun en 2005 et les bombardements massifs sur le Liban en 2006 " "L’armée de défense israélienne" narguant toutes les conventions de Genève, tous les organismes de l’ONU, rêve d’une épuration ethnique par la pratique de la terreur. La soldatesque sioniste compte terminer la besogne de ses sinitres prédécesseurs, La Hagana et l’Irgoun qui avec des massacres comme celui de Deir Yassin ont poussé à l’exode la moitié d’une population Palestinienne terrorisée. Les puissances occidentales, en encourageant ces exactions utilisent Israel non seulement comme moyen de déstabilisation de la région mais aussi comme outil d’expérimentations stratégiques et militaires.

Tous ces exemples montrent bien que le terrorisme n’est nullement l’apanage de groupuscules qu’on rend la plupart du temps responsables de tous les maux dont souffre la planète. On peut même comprendre que des groupes d’individus démunis ou désespérés puissent plonger dans l’extrémisme le plus aveugle. Mais que des états comme la France en Algérie, les USA au Vietnam et en Irak, la Russie en Tchetchenie sans parler de l’Argentine, du Chili et d’Israel fassent fi des lois les plus élémentaires régissant les relations internationales, cela ne peut augurer pour l’humanité que d’un avenir encore plus sombre.

Fethi GHARBI

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