Madame,
Hier, mercredi 23 mars, vous avez participé à un débat sur Canal+ dans le cadre de la campagne pour le 2e tour des élections cantonales. Pierre Laurent, du PCF, était l’autre invité. A la surprise de nombreux téléspectateurs, le journaliste de la chaîne Jean Michel Aphatie a violemment interpellé Laurent à propos de son soutien au "dictateur" Castro mis, pour l’occasion, au même rang que les autocrates misérables d’Afrique et du Moyen-Orient.
Réactionnaire désormais avéré, Aphatie était ainsi parvenu à faire participer Fidel à une discussion publique sur l’élection des conseillers généraux français ! On le sait capable de tout et cette extravagance ne m’a pas surpris, venant de ce personnage.
Plus surprenante a été votre réaction, Madame Duflot. Vous faites volontiers étalage de vos origines populaires (moi aussi j’ai habité Villeneuve Saint Georges), et vous vous situez volontiers à gauche de notre échiquier politique. Vous êtes en droit de ne pas apprécier la Révolution cubaine, de manifester votre désaccord avec son évolution. En revanche il est parfaitement malhonnête, intellectuellement s’entend, de ne pas équilibrer votre propos en présentant équitablement toutes les données du problème.
Ainsi vous ne tenez aucun compte de l’acteur majeur dans la politique de la région où se trouve Cuba, je veux parler, bien entendu, des Etats-Unis. Depuis plus d’un demi-siècle les gouvernements successifs de cette grande puissance n’ont cessé d’attenter contre la vie quotidienne du peuple cubain, organisé des dizaines d’attentats, notamment contre son principal dirigeant, et même couvert un massacre de sportifs dont la mafia de Miami a fait exploser l’avion. Il y a eu des tentatives d’invasion et l’embargo imposé par Washington soumet toujours la population de la Grande Ile à mille tracas et difficultés quotidiennes.
Par mauvaise foi ou par ignorance (je retiendrai la deuxième explication), vous oubliez que Cuba, grâce à la Révolution, est l’un des pays du monde le mieux doté en matière d’Education et de culture, de recherche scientifique ; comme il est aussi un exemple en matière d’égalité. Contrairement à ce que vous laissez entendre il n’y a pas de culte de la personnalité des leaders et le moindre soupçon de corruption y est durement réprimé. Fidel, personnellement ne possède rien. Quant à la répression des opposants ou qualifiés tels, elle ne présente nullement le caractère brutal que vous dénoncez. Le nombre de prisonniers qualifiés de "politiques" par les institutions internationales n’a jamais dépassé le chiffre de 70 et la plupart ont été libérés ou vont l’être. Il est vrai qu’un gréviste de la faim est décédé, c’est lamentable, mais les anciens détenus débarqués en Espagne respirent tous la bonne santé comme nous avons pu le vérifier.
A Cuba on ne torture pas, on n’organise pas d’attentats. Les seuls cas de torture en territoire cubain se sont produits à Guantanamo, sous la bannière étoilée.
Madame, consacrez plutôt votre énergie à dénoncer Georges W. Bush, criminel de guerre notoire, haut responsable de la mort de dizaines de milliers de civils Arabes.
Celui qui vous écrit est un militant du PS. Mais aussi un ancien ambassadeur français, diplomate de carrière et, pendant quatre ans, numéro 2 de l’ONU. Je vous envoie ce message par souci de rétablir la vérité que vous avez bafouée devant des millions de nos compatriotes. Encore une fois, la seule circonstance atténuante, est votre ignorance. Essayez de mieux vous informer à l’avenir ou allez visiter Cuba...Ou pourquoi pas, l’un et l’autre.
Bien sincèrement
Antoine Blanca