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Crise en Grèce, censure sur Arte (lettre ouverte)

Vicky Skoumbi

Sous ce titre de notre choix, nous publions, avec l’autorisation de son auteure, une lettre de Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue grecque αΠ»Î·thεια (Acrimed).

Chères amies, chers amis,

Le jeudi 16 mai, j’ai participé à l’émission d’Arte 28 minutes sur le thème : La Grèce, talon d’Achille de l’Europe ?

Je viens de visionner l’émission telle qu’elle a été diffusée et j’en crois pas mes yeux : le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays dans une récession de l’ordre de 20 % en le menant tout droit à la faillite, a tout simplement disparu ! Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non-fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat.

De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à -dire entre ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier d’une part, et d’autre part ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux et en fin de compte le droit à une vie digne de ce nom. Je prends à témoin Benjamin Coriat qui participait à l’émission et qui pourrait certifier que j’ai bien tenu ces propos dont la trace disparaît sous les ciseaux du censeur.

Car, cela relève tout simplement de la CENSURE. Une question s’impose : Qui donc contrôle Arte et qui filtre les infos ainsi ?

Je l’avoue, je n’en reviens pas. L’émission a été enregistrée "dans les conditions du direct" deux heures et demie avant sa diffusion et que je sache cette formule veut dire qu’on ne coupe pas, à la limite on refait une prise si on a un souci, ce qui a été le cas pour les présentations. Et même si la pratique établie est de couper un peu les longueurs, comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est à dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ?

Comme vous pouvez d’ailleurs sans doute le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers - peut-être même moins - de celui de monsieur Prévelakis. Celui-ci, avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de donner à Sarkozy (!) la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission.

Conclure l’émission sur ce propos est absolument scandaleux. Cela n’honore pas, loin de là , Arte qui se revendique d’une sensibilité démocratique. D’ailleurs, si vous regardez un peu attentivement le déroulement juste avant la fin, vous verrez que la dernière question s’adresse à moi, madame Quin se tourne bien vers moi et non pas vers M. Prévélakis. Et ma réponse concernant les deux Europe qui s’affrontent et qui précédait la conclusion de Georges Prévélakis, est passée complètement à la trappe.

Bref, les coupures, la répartition inégale du temps de parole, la conclusion sur un appel à suspendre la démocratie en Grèce, tout cela, si n’est pas de la manipulation de l’information, c’est quoi au juste ?

Voilà bien des questions sur le traitement de l’information par une chaîne européenne qui se veut indépendante.

Merci de diffuser ce message le plus largement possible et de l’afficher sur les réseaux, si vous voulez bien.

Vicky Skoumbi,

rédactrice en chef de la revue grecque αΠ»Î·thεια

http://www.acrimed.org/article3829.html

URL de cette brève 2601
https://www.legrandsoir.info/crise-en-grece-censure-sur-arte-lettre-ouverte.html
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Commentaires
23/05/2012 à 13:30 par Scual

Et une personne de plus qui se rend compte de ce qu’est le traitement de l’information par Arte.

Bon retour dans le monde réel. Ne vous inquiétez pas, si beaucoup vous regarderons avec de grand yeux quand vous le direz, de plus en plus le savent.

Vivement qu’on libère l’Information de la chape de plomb qu’exerce sur elle la presse.

#81931 
23/05/2012 à 19:21 par Emilie (ARTE)

Bonsoir,

Voici la réponse officielle à Vicky Skoumbi de la chaîne ARTE et de la production de 28 Minutes : http://www.arte.tv/fr/6688648.html

Bonne soirée,

Emilie (ARTE)

#81951 
23/05/2012 à 22:01 par mediacideur

Réponse à se pisser dessus de rire. Ne surtout pas rater ce monument d’hypocrisie. Hénaurme !

#81956 
24/05/2012 à 06:53 par calame julia

Qu’est-ce donc que cette révolutionnaire qui voudrait avoir le même temps de parole que celui qui
propose la nomination d’un "médiateur" ? Mais Madame un médiateur serait indispensable pour
vous obliger (la Grèce) à obtempérer, je pense que c’est le mot juste "obtempérer" !
Et puis, savez-vous qu’en France le droit à l’information réelle est soumis aux directeurs de chaînes ?
surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet politique ? Et que comme le commentateur précédent même si je ne
pisse pas sur me pieds je me tiens les côtes en riant jaune...!

#81971 
24/05/2012 à 16:47 par KOH

"Qui donc contrôle Arte et qui filtre les infos ainsi ?"

Des gens comme l’immense "philosophe" BHL, peut-être, qui est (encore ?) président du Conseil de Surveillance d’Arte ?

#81999 
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