RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Le journal du jeudi

COTE D’IVOIRE : Enrayer la dérive guerrière

Appelz moi J.J.

Avec le Forum de réconciliation nationale, on espérait que la Côte d’Ivoire avait réussi, tant bien que mal, à exorciser ses démons. La mutinerie du 19 septembre dernier, muée en tentative de coup d’Etat, vient de nouveau administrer la preuve qu’on est loin, au bord de la lagune Ebrié, de ressouder la nation ivoirienne autour d’objectifs rassembleurs...

Le ciel de Côte d’Ivoire s’embrase de nouveau sous une pluie de projectiles de toutes sortes. Très tôt, on enregistre des morts, des blessés et de sérieux dégâts. Si on commence à parler d’une mutinerie dont les meneurs revendiquent ainsi bruyamment la décision annoncée de leur démobilisation, les autorités ivoiriennes concluront peu après que cette sortie musclée d’éléments armés est en réalité une tentative de putsch parrainée par le général Guéï. Celui-là même qui, on se rappelle, a pris le pouvoir le 24 décembre 1999. On parlait alors de "révolution des oeillets", saluée dans une allégresse retrouvée par la quasi-totalité des Ivoiriens.

Mais on a dû déchanter très tôt, le "père Noèl" de 1999 ne voulant plus se contenter de "balayer la maison Côte d’Ivoire", mais de s’établir durablement sur le trône suprême. Ainsi, sur fond de débats houleux sur l’ivoirité, la Côte d’Ivoire bascula dans une psychose de complots, de tentatives de renversement du pouvoir en place, d’intrigues diverses. Dans ce cafouillage politique, la résidence de Robert Guéï fut attaquée dans la nuit du 17 au 18 septembre 2000. C’est donc pratiquement deux ans plus tard que l’homme de Gouessesso a été tué à Abidjan pour motif de... tentative de coup d’Etat, alors qu’il dénonçait, une semaine plus tôt, l’état de "complotite aiguè" dans lequel était tombé le pays.

Coup d’Etat ou non ? Et si oui, Guéï a-t-il tiré les ficelles ? Le moins que l’on puisse en dire, c’est que les esprits restent très largement sceptiques à cette hypothèse. La lecture critique des actions et des contradictions ne permet pas, pour l’heure, d’y répondre formellement. Cependant, la thèse d’un règlement de comptes orchestré par le pouvoir, avancé par un certain nombre d’observateurs avertis, n’est pas moins plausible. Et cet énième bouleversement politique du côté de la lagune Ebrié est, assurément, annonciateur de mauvais augures, aussi bien pour le pays que pour la sous-région. Du reste, le Mali et le Burkina Faso - accusés de façon récurrente de représenter, pour leur voisin du Sud, "l’Axe du mal" - ont déjà dû se résoudre à fermer leurs frontières avec la Côte d’Ivoire, qui s’enfonce donc un peu plus chaque jour dans la spirale de feu et de sang qu’elle a inaugurée au lendemain de Noèl 1999. En effet, tous les ingrédients d’une explosion guerrière, pouvant embraser la sous-région, sont désormais en place, et les stigmates de cette dérive vengeresse mettront - hélas ! - du temps à se cicatriser.

Il faut noter tout d’abord que c’est la première fois que ce pays est ainsi en proie au langage de la canonnade, simultanément sur trois pôles de son territoire : Abidjan au sud, Bouaké au centre et Korhogo au nord. Ensuite, il y a eu tellement de personnes tuées dans la manifestation violente de cette contradiction interne qu’on se demande comment les Ivoiriens pourront recoller les morceaux du puzzle. Enfin, le discours et l’attitude du président Laurent Gbagbo, loin de réinventer une voie de sortie raisonnable, fondée sur l’apaisement et le rassemblement, ont fini d’attiser le feu et d’entretenir le chaos.

Mais pourquoi et comment des désaccords politiques doivent-ils entraîner une telle démonstration de violence ? De la mutinerie à la tentative de coup d’Etat, la Côte d’Ivoire se prépare, sans doute, à entrer dans une nouvelle ère de graves turpitudes politiques, turbulences sociales et incertitudes économiques. Déjà pas tout à fait remise des heurts survenus au lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 2000, la violente escalade de la semaine dernière n’augure rien de bon, ni pour la Côte d’Ivoire, ni pour la région ouest-africaine.
Plus que jamais, c’est à Laurent Gbagbo qu’il appartient désormais de s’atteler à se confectionner un art de gouverner qui allie le pragmatisme et le charisme politiques à une bonne dose de discipline langagière et à un sens élevé de la gestion diplomatique...

Site du journal du Jeudi


URL de cet article 262
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Sélection naturelle. Un roman capitaliste.
Alexandre Grondeau
John, Yan et Jean ont des quotidiens et des parcours professionnels très différents, mais ils arrivent tous les trois à un moment clef de leur vie. John est un avocat d’affaires sur le point de devenir associé monde dans un grand cabinet. Yan, un petit dealer toujours dans les embrouilles et les galères. Jean, enfin, est un retraité qui vient d’apprendre que ses jours sont comptés. Malgré leurs différences, ces trois antihéros se débattent dans les contradictions de la société de consommation, seuls (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le cynisme particulier des États-Unis est que durant toute l’existence de Cuba révolutionnaire, ils ont délibérément cherché une stratégie pour étrangler le pays, discriminer son peuple et détruire l’économie.

Maria Zarajova
porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères de Russie

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.