1) Préambule en forme de retour sur l’initiative biosphere
Du 7 au 12 avril, le collectif Biosphere a souhaité s’opposer à la tenue
à Lyon du forum biovision, « davos des biotechnologies », par diverses
initiatives d’actions et débats publics : perturbation vomitive de la
séance d’ouverture du forum, lancer de banderoles sur le trajet d’une
croisière biovision et déambulation sonore autour de leurs dîners-débats
en ville, information critique sur le sommet dans lyon, rencontre «
common ground » entre agriculteurs-trices et militant-es urbain-es,
discussion publique avec jean pierre berlan (directeur de recherche à
l’inra qui a adressé avec biosphere une lettre ouverte à Biovision),
bouffe bio, débat sur les luttes et alternatives aux biotechnologies,
ainsi que sur les optiques anti-naturalistes ou anti-industrielles...
(des comptes-rendus particuliers et images des actions et de ces
évènements sont disponibles en écrivant à biosphere@no-log.org, sur les
dépêches d’a-infos, sur le site d’a-seed « www.aseed.net », ou sur les
sites indymedia français et belges).
Ont participé à cette semaine diverses individu-es de lyon et de
diverses autres contrées impliqué-es (ou pas) dans des collectifs aussi
variés qu’A-seed (réseau écologiste et anticapitaliste hollandais),
longo mai (réseau de coopérative agricoles autogérées), cage (groupe
d’action directe anti-ogm basé en belgique), Biopiracy (campagne
allemandes contre les brevets sur le vivant), les tanneries (espace
autogéré et potager collectif squatté à dijon), bah (réseau d’échanges
rural-urbain et de production agricoleà Madrid), des agriculteurs-trices
en lutte et des individus de divers projets alternatifs et/ou squats
comme la charade (grenoble), l’ekluserie (rennes), ainsi que la duende,
le gourbi, la librairie libertaire « la gryffe » ou la boulangerie qui
nous ont accueilli à Lyon. L’initiative biosphere semble avoir essaimé
et de nouvelles rencontre common-ground ainsi que d’autres guerilla
jardinières s’annoncent. Certains évènements des mois à venir
s’inscrivent dans la continuité des thématiques de la semaine : une
journée internationale d’action « genespotting » proposée par CAGE, ou
encore l’implatation d’un village bio contre l’agriculture industrielle
proposé par A-seed dans un des villages autogérés anti-G8. Des
compte-rendus critiques et plus détaillés de la semaine devraient suivre
pour celles et ceux que cela intéresse.
2) Compte-rendu de l’action de guerilla jardinière du samedi 12 avril
2003 : « Sème ta zone »
La semaine s’est conclue sur une action de guerilla jardinière
extrêmement enthousiasmante à mon goût. Ce type de tactique
d’agriculture sauvage en milieu urbain avait déjà été essayé notamment à
londres, en hollande ou aux états-unis.
Elle s’inscrit dans une démarche anticapitaliste de réppropriation des
savoirs, de notre alimentation, de l’espace urbain et contre
l’agriculture industrielle (voir plus bas le tract distribué lors de la
manifestation) A Lyon, nous nous sommes d’abord retrouvé pour un
pique-nique sur une place ensoleillée pendant lequel furent établis des
tables de presse et un atelier de sambas auxquels se joignirent
joyeusement quelques gamins du quartier. Des manifestant-es sont peu à
peu arrivé-es armé-es de tout un tas de brouettes, pelles, piochons,
arrosoirs et de masse de plants et de graines. Derrière des banderoles «
sous les pavés, les potagers » et « biovision nous fait gerber », le
cortège s’est ensuite balladé pendant plusieurs environ deux heures dans
les quartiers du 3e et 7e arrondissement à Lyon au son endiablé d’une
samba carnavalesque qui avait pris forme en quelques heures grâce à
l’énergie de quelques musicien-nes internationalistes de rythm of
resistance.
Divers repérages avaient été fait et des arrêts avait été prévus sur un
certains nombre de plate-bandes, jardins publics, terrains vagues et
autre bouts de vert survivants au milieu du béton. A chaque fois, une
partie des manifestant-es se précipitaient pour creuser des trous,
essaimer et repiquer divers plants de choux, tomates, salades, épinards,
herbes médicinales, côtes de bettes et diverses herbes médicinales. A
Chaque fois était apposé un panneau vert donnant le nom et l’origine des
plants déposés avec le texte suivant : « "Je suis une semence sauvage !
Contre les Biotechnologies et les géants de l’alimentation capitaliste,
les mini-potagers urbains, sauvages ou non, permettent de sortir du rôle
de simple consommateurs-trices, d’échanger des savoirs-faires et de
retrouver petit à petit des possibilités d’autonomie alimentaire.
C’est un acte de solidarité avec les paysan-nes en lutte et une façon de
faire proliférer des plantes jugées comme illégales par l’industrie.
Sème ta zone et fais pousser ! Biosphere contre Biovision. »
C’était un bonheur rare que de voir une forme de manifestation ou la
majorité des personnes présentes pouvaient ainsi participer de manière
créative et ransformer l’espace urbain dans une joyeuse anarchie
potagère. Si bien que l’entousiasme aidant et en dehors des arrêts
prévus, n’importe quelle plate bande finit par devenir cible de légumes
squatteur-euses.(un groupe de lycéen-nes ayant perdu la manif à même
continué tout seul pendant quelques heures à planter dans lyon avec son
propre équipement). Des engrais verts et du petit épeautre (variété
rustique de blé) furent répandus allègrement.
Un autre bonheur rare, quand tant de manifestations ne reçoivent que
vague indifférence ou hostilité, fut de constater combien les
habitant-es de ces quartiers encore populaires (nous avions évité le
centre-ville et ses rues marchandes à dessein) réagirent positivement et
avec curiosité à cette action. La guerilla jardinière offre donc, me
semble-t-il, des possibilités de réappropriation constructive de
l’espace en lien avec un message politique radical sur des thématiques
qui semblent trop souvent impalpables et étrangères aux urbain-es. Pour
que ces actions puissent réellement sortir d’un cadre majoritairement
symbolique, il reste néanmoins à se poser de réelles questions quant aux
suivis possible sur les parcelles ensemencées et avec les gens des
quartiers concernés, ainsi que sur les possibilités que ces actions
aboutissent à des « squats » de terrain à plus long terme ou à
l’implication dans des projets existants.
Il est à espérer en tout cas, comme certain-es personnes l’ont annoncées
samedi dernier, que des guerillas jardinières se multiplieront et à Lyon
et ailleurs, ainsi que des potagers sauvages plus permanents. Si vous
voulez en parlez autour de vous, des photos sont disponibles à la
demande (nicolu@chutelibre.org).
Rappelons que c’est le printemps et donc le moment ou jamais (pour
autant qu’il se décide à repleuvoir un jour)
Compte-rendu réalisé par nicolu des tanneries en son nom et donc à
prendre comme des impressions individuelles.
3) Voici maintenant le tract distribué lors de cette actions et qui se
veut expliquer les objectifs politiques de cette démarche :
REJOIGNEZ LA "GUERILLA JARDINIàˆRE" CONTRE LES BIOTECHNOLOGIES ET LES
GÉANTS DE L’ALIMENTAIRE
Samedi 12 avril à partir de 12h place Guichard, Lyon 3e
Que se cache t-il derrière notre assiette ?
La production alimentaire implique en plus des transports de n’importe
quel aliment sur des milliers de kilomètres, un usage massif de pétrole,
de produits chimiques et d’emballages plastiques, la disparition de la
biodiversité et la destruction des sols et des cours d’eau, le contrôle
des ressources alimentaires par quelques grands groupes industriels, des
catastrophes sociales et des millions de sans-terre massé-es à travers
le monde dans des bidonvilles.
La biotechnologie parfait ce système totalitaire en produisant des
semences génétiquement stériles et des OGM qui vont se croiser avec les
autres espèces et rendre toute autre forme d’agriculture inenvisageable.
Et ce alors qu’il est aujourd’hui totalement impossible d’en calculer
les dangers ou de stopper après coup la pollution génétique. Les brevets
sur le vivant vont permettre aux firmes transnationales de s’approprier
et de disposer de droits exclusifs sur les plantes, animaux et gènes.
Une agriculture plus "libre" reposait notamment sur le droit des paysans
à garder chaque année une partie de leur récolte pour obtenir les
semences de l’année suivante.
A l’heure actuelle, les paysan-nes ne peuvent plus utiliser de graines
non-brevetées par l’industrie et doivent racheter chaque année des
graines hybrides conçues pour ne plus produire de semences valables. Le
développement de l’agriculture industrielle et capitaliste fait
disparaître la majorité des paysan-nes sur la planète, où les
transforment en simples "techno-serfs" à la botte des multinationales.
Quant aux consommateurs-trices des villes ou des campagnes, nous vivons
le plus souvent coupé-es de tout rapport concret à la production de
notre alimentation et sommes à la merci de ces logiques capitalistes et
scientistes.
Les mythes du "progrès" et du "développement" visent à empêcher tout
raisonnement lucide sur les dangers et l’irréversibilité des
biotechnologies et de la production agricole industrielle..
La "Guerilla jardinière" : une lutte et une alternative concrète !
Samedi 12 avril à partir de 12h place Guichard, le collectif biosphere
qui a lancé une semaine d’initiatives et d’actions en opposition au
forum biovision, "davos des biotechnologies", vous propose de participer
à une action festive de "guerilla jardinière". Il s’agira après un pique
nique, de se ballader dans Lyon en "repiquant" des légumes et en semant
des graines sur tous les "p’ti bouts de vert" qui jalonnent la ville :
plates bandes délaissées, terrains en friche, jardins publics...
L’entretien de ces multiples petits potagers sauvages est une manière de
résister à l’empire des biotechnologies :
– la guerrilla jardinière permet de sortir du rôle de simples
consommateurs-trices, d’échanger des savoir-faire et de retrouver petit
à petit des possibilités d’autonomie alimentaire.
– les semences plantées seront majoritairement non-brevetées et
non-hybrides : leur échange et leur prolifération permettra de
sauvegarder des espèces illégales aux yeux de l’industrie (vous pouvez
refaire chaque années des graines en laissant certaines des plantes
"monter en graine").
– ces pratiques sont un acte de solidarité avec tous-tes les paysan-nes
en lutte, une façon de les sortir de leur isolement en montrant que
d’autres se préoccupent de ces problèmes et de recréer des liens
urbain-es- ruraux-ales. Si la "guerilla jardinière" s’inscrit dans la
durée et devient un jeu plus quotidien, c’est aussi une excellente façon
de se réapproprier un espace urbain réservé à la vente et la circulation
automobile, de découvrir le plaisir de faire "pousser" et de produire
d’excellents légumes gratuitement. Ces expériences d’agriculture urbaine
peuvent paraître anecdotiques quant à l’enjeu de nourrir une population
entière. Pourtant, même si la "guerillla jardinière" n’est évidemment
pas une solution suffisante, de petites parcelles, pots, toits ou
terrains abandonnés et bien exploités peuvent apporter des quantités de
nourriture parfois surprenantes.
Vous pouvez leur amener quelques sacs de compost, faire de temps à
autres un petit tour à vélo de vos endroits préférés, où les placer au
fil de vos parcours quotidiens pour en prendre soin.
Un grand nombre de plantes nécessitent peu de travail pour pousser et se
reproduire : épinards sauvages, menthe, topinambours, mâche, courges ou
choux. Alors que les multinationales pharmaceutiques laissent mourir des
millions de personnnes à travers le monde et fabriquent des maladies
autant qu’elles les soignent afin d’écouler leurs stocks, il est
possible aussi de retrouver des médications douces et alternatives à
base de plantes et huiles essentielles. Nous mettrons en place à cet
effet une mini-arpent de pharmacie alternative avec quelques herbes
vivaces : sauge, thym, marjolaine... Il est même possible à long terme de
s’entendre avec des gens du quartier pour occuper un petit bout de
friche et en faire un potager permanent près de chez vous (A Dijon,
Toulouse, Grenoble ou Rennes, les potagers collectifs squattés se
multiplient actuellement). Il existe aussi bien sur encore quelque
potagers associatifs et jardin ouvriers en milieu urbain.
Ouvrez l’oeil, des légumes vont pousser dans lyon et n’attendent que
d’être entretenus, de se reproduire librement ou d’être ramassés !
Collectif Biosphere vs Biosquare
contact : biosphere@no-log.org