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Commercialisation du jeu vidéo «  Mercenaries-2 » : lettre ouverte à la Commissaire Européenne

Madame Viviane Reding
Commissaire européenne
Responsable de la société de l’information et des médias
VM :2 - 7/45
B-1049 Bruxelles

LETTRE OUVERTE

Madame la Commissaire,

Objet : Commercialisation du jeu vidéo « Mercenaries-2 » sur le sol européen !

"Welcome to Venezuela", sont les premiers mots de la bande annonce du jeu vidéo Mercenaries-2 (1). Les images, rythmées au son de musique « métal » et de fusillades d’armes de guerre, progressent en plein coeur de la jungle vénézuélienne ou au pied d’immeubles de Caracas en feu. « Ce jeu d’action, d’un réalisme ahurissant, dont la sortie est prévue le 5 septembre 2008, proposera au joueur-mercenaire de s’engager à son propre compte pour diverses missions, alors que le monde, pris en otage par un tyran (ndlr : Hugo Chávez) qui lorgne sur les puits de pétrole vénézuéliens, s’embourbe dans une crise internationale sans précédent ».

Outre la violence extrême véhiculée par ce jeu, l’incitation à la haine envers une nation s’y perçoit de façon honteusement ostensible. Car il ne s’agit pas, comme généralement dans ce genre de jeux, d’attaquer des monstres venus d’une autre planète ou de s’emparer d’un pays fictif. Non, le but du jeu est d’envahir et de mettre à feu et à sang un peuple existant : le Venezuela.

L’Union européenne et ses institutions s’engagent à défendre les droits fondamentaux et à lutter contre le racisme et la xénophobie. Maintes démarches et initiatives reflètent cette volonté :

- création en 2007 de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (2) à Vienne dont la mission est de collecter et d’échanger des informations et de données statistiques dans les pays membres de l’Union européenne dans le domaine du racisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme ;

- mise en place de la norme de régulation des jeux vidéo PEGI ;

- le traité de Lisbonne contient dans l’article sur les droits fondamentaux une mention de la Charte des droits fondamentaux (3) à laquelle il confèrera une valeur juridiquement contraignante ;

- refus d’enregistrer des marques « qui sont contraires à l’ordre public ou aux bonnes moeurs » par l’OHMI (Office de l’Harmonisation dans le Marché intérieur), organe de l’Union européenne (4) ;

- Dans son arrêt C-377/98 (5), la Cour de justice des Communautés européennes rappelle qu’il lui appartient, dans son contrôle de la conformité des actes des institutions aux principes généraux du droit communautaire, de veiller au respect du droit fondamental à la dignité humaine et à l’intégrité de la personne ;

- lancement du mandat d’arrêt européen et de l’Action commune contre le racisme et la xénophobie (6) ;

Ainsi, le point 3 de l’Action commune contre le racisme et la xénophobie précise qu’un comportement d’incitation publique à la discrimination, à la violence ou la haine raciale à l’égard d’un groupe de personnes, ou d’un membre d’un tel groupe défini par référence à l’origine nationale est passible de sanctions pénales dans les pays membres de l’Union européenne. Dès lors, les producteurs de Mercenaries-2 devraient faire l’objet d’une sanction !

Mais, bien sûr, le délit qui nous occupe n’est pas commis par un citoyen lambda … La société qui l’a édité est un géant étasunien, Electronic Arts (7) - ayant à son actif des jeux aussi populaires que Sims-city, Harry Potter ou les Simpson. Qui plus est, Mercenaries-2 est développé par un autre géant, Pandemic/Bioware (8). Pour la petite histoire, Bono, le chanteur du groupe U2, qui prétend se battre contre la faim dans le monde et le SIDA, est l’un des six fondateurs d’Elevation Partners (9), une société qui, non seulement a investi 300 millions de dollars dans Pandemic/Bioware en 2005, mais qui vient d’acquérir en janvier 2008, en partenariat avec Electronic Arts, le holding Pandemic/Bioware (10).

Des intérêts financiers plantureux sont donc en jeu. Il se trouve que le marché de la distribution des jeux vidéo représente 20 milliards de dollars, hors vente de consoles et qu’il dépasse celui du cinéma et de la musique.

Les membres du Cercle bolivarien Luxembourg-Venezuela sont convaincus que le respect des droits de l’homme et la lutte contre le racisme sont des priorités absolues pour l’Union européenne.

Nous sommes donc persuadés que vous ne tolérerez pas que les profits escomptés, aussi colossaux soient-ils, puissent primer sur les valeurs éthiques et morales telles que la dignité humaine.

Aussi, nous vous demandons de mettre tout en oeuvre pour faire interdire la commercialisation et la diffusion du jeu Mercenaries-2 sur le territoire européen.

Vous remerciant de l’intérêt que vous porterez à notre requête, nous vous prions de recevoir, Madame la Commissaire, l’expression de nos salutations distinguées.

Pour le Cercle,

Mail : cblvenezuela@yahoo.fr

Web site : http://de.geocities.com/cbluxv

1 Voir bande annonce : http://youtube.com/watch?v=bR3XgsDjM6E&feature=related

2 Voir http://www.eumc.at/fra/index.php

3 Voir http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ...

4 Article 7.1.f - Motifs absolus de refus - Règlement (CE) N° 40/94 du Conseil sur la marque communautaire

5 Texte de l’arrêt, voir : http://curia.europa.eu/jurisp/cgi-b...

6 Voir http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l33058.htm

7 Voir http://www.electronicarts.fr/games/11218,pccd/

8 Voir http://www.pandemicstudios.com/

9 Voir http://www.elevation.com/EP_IT.asp?id=112

10 Voir http://www.elevation.com/EP_port_item.asp?id=1

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