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Colombie : Les guérilleros héroïques, par Allende La Paz - ANNCOL.


ANNCOL, 10 octobre 2006.


Le 8 octobre dernier nous avons commémoré une nouvelle fois la Journée du Guérillero Héroïque. La mort du médecin Ernesto Guevara de la Serna -le mythique Che- fut le début de son immortalité. Ce 9 octobre 1967 le Che a été assassiné par un obscur membre des forces armées boliviennes aux ordres de la CIA et du gouvernement des Etats-Unis. A son bourreau, le Che a dit avec son caractère de révolutionnaire : « Visez bien et soutenez fermement votre arme, vous allez tuer un homme ! »

A ce moment-là Manuel Marulanda Vélez poursuivait sa voie de guérillero soulevé les armes à la main depuis 1948, depuis l’époque connue en Colombie comme La Violence. Le parti conservateur au pouvoir avait organisé La Violence contre les communistes, les libéraux, les socialistes et tout ce qui n’avait rien à voir avec les godos. Par la suite, quand le Parti libéral a abandonné les guérilleras du Llano, après l’assassinat de Guadalupe Salcedo, Manuel Marulanda et la direction du Parti communiste colombien transforment la guérilla en mouvement d’autodéfense paysanne. Une fois de plus la violence est organisée par l’Etat, est soutenue par la main sinistre des Etats-Unis et est orchestrée par le gouvernement de Guillermo León Valencia (du Parti conservateur).

Le Plan LASO est lancé contre 48 paysans dans le village de Marquetalia -département de Tolima, dans le centre du pays- ce qui a pour conséquence la relance de la lutte de guérilla et la transformation de ce mouvement d’autodéfense paysanne en guérilla mobile.

Aujourd’hui Manuel Marulanda est le guérillero le plus vieux du monde et il se trouve à la tête d’une puissante armée irrégulière - et en chacun des combattants de cette guérilla le Che vit. Ce sont des femmes et des hommes qui ont offert leur vie pour la construction de la Nouvelle Colombie, de Paix avec Justice Sociale, pluralisme, liberté, indépendance et souveraineté.


Aujourd’hui 8 octobre 2006, j’apprends la nouvelle du « procès » intenté aux Etats-Unis contre Simón Trinidad, guérillero des FARC-EP extradé vers ce pays avec l’approbation du narco-président Alvaro Uribe Vélez et à la demande du gouvernement des Etats-Unis. Simón a assumé son enfermement dans les geôles colombiennes puis impériales avec intégrité et fermeté révolutionnaires. Aux Etats-Unis il supporte des conditions indignes pour un être humain. Dans sa cellule de deux mètres sur deux avec une puissante ampoule allumée 24 heures sur 24, il ne peut voir le soleil qu’une fois tous les quinze jours. On ne lui permet ni de recevoir des livres ni d’étudier la langue. Sa situation est pratiquement équivalente à celle des prisonniers de Guantánamo. Sonia a supporté une situation similaire et elle a dû en plus faire face à des tentatives de séduction et elle a dû rejeter les propositions qu’on lui faisait de devenir une agent de l’empire.

Mais Simón et Sonia n’étaient pas été seuls. Spirituellement ils étaient accompagnés non seulement par leurs compagnons d’arme mais par des milliers et des milliers de personnes qui perçoivent la valeur d’un révolutionnaire et le caractère d’un révolutionnaire. Leur organisation guérillera, les FARC-EP à laquelle ils appartiennent l’un et l’autre, le fusil en main, a avancé sa proposition d’un Echange des Prisonniers de Guerre. Les premiers contacts ont déjà eu lieu et nous sommes certains qu’ils reviendront « à la maison ».

Le retour de ces deux guérilleros et le retour des centaines de guérilleros qui se trouvent dans les prisons colombiennes, ainsi que le retour à la maison des prisonniers retenus par les FARC, tout cela constituera le ciment sur lequel les futurs dialogues de Paix se construiront. Ces perspectives ne sont pas favorisées lorsque le président Alvaro Uribe Vélez, avec sa fameuse volubilité et son humeur inquiète, pleurniche en raison des déclarations d’un candidat présidentiel équatorien considérant que les FARC sont une organisation guérillera et non un groupe « terroriste », contraignant l’organisation insurgée à lui donner une leçon de haute diplomatie en exigeant, dans son dernier communiqué, que le président Uribe Vélez éclaircisse ses propos.

Son manque de volonté pour la réalisation de l’Echange est évident ; il pose comme condition, pour la réalisation de l’Echange, le non retour des guérilleros libérés à la guérilla, entrave qui bloque d’avance le processus de l’Echange. C’est comme si les FARC exigeaient que les militaires et policiers qui seront libérés se retirent de leurs institutions respectives, ou bien que les politiciens libérés -représentants de la classe politicarde colombienne- renoncent à leur activité politique, ou bien que les trois espions états-uniens cessent d’être espions ! De telles conditions n’ont même pas été posées par Ariel Sharon lorsqu’il a accepté l’échange des Palestiniens membres de Hamas contre un ministre détenu par cette organisation.

Cette attitude est propre des représentants de l’oligarchie colombienne. Ils essaient de cacher le soleil avec un doigt et ils confondent la réalité avec les interprétations de leurs esprits fébriles. De plus ils parlent en faisant abstraction des gigantesques casseroles qu’ils traînent derrière eux. La réalité a montré que les FARC sont une organisation guérillera qui n’a pas été vaincue par l’appareil militaire de l’oligarchie et de l’impérialisme ; au contraire elle s’est imposée, se faisant l’interprète par son comportement, par ses actions et par sa présence militaire, du vécu et des souffrances des Colombiens, ainsi que de leurs sincères aspirations à une Nouvelle Colombie.

C’est ce que montre l’échec du Plan Colombie -aujourd’hui connu comme Plan « Patriota ». Les rapports militaires officiels montrent que, pendant le gouvernement d’Andrés Pastrana, il y a eu 3211 combats entre les forces officielles et les FARC (510 la première année, 682 la deuxième année, 825 la troisième année et 1194 la quatrième année). Pendant le gouvernement Uribe Vélez, en trois ans il y a eu 6080 combats (2050 la première année, 2248 la deuxième année et 1782 la troisième année.). Pourquoi les forces militaires officielles ne donnent-elles pas de chiffres officiels des pertes occasionnées par la guérilla ?

La concrétisation de l’Echange de prisonniers se produira malgré le gouvernement et malgré l’oligarchie, malgré l’empire. Si ce n’est pas aujourd’hui ce sera demain ! Et cela a été imposé par l’action politico-militaire des FARC, trouvant une grande réceptivité dans tous les secteurs de la société colombienne, qui a fait sienne cette proposition et qui s’est mobilisée autour de cette proposition. De plus cette proposition a eu un certain écho dans certains secteurs de la dite « communauté internationale ». [1]

Souvenons-nous que quelques unes des propositions émises par les FARC ont dues être reprises par l’oligarchie afin de moderniser son appareil étatique à contrecoeur. L’élection populaire des maires n’en est qu’un exemple. Et le rêve des Colombiens de vivre en paix, en démocratie et dans le pluralisme deviendra réalité très bientôt, même si l’oligarchie et l’empire se mettent en travers du chemin « comme des vaches mortes de l’histoire ».

Aujourd’hui en beaucoup d’endroits du monde nous avons commémoré et célébré le Jour du Guérillero Héroïque. Nous commémorons l’inoubliable Che, que l’empire souhaite convertir en icône, et nous célébrons les véritables guérilleros, lesquels, avec leur présence, leur action militaire, transforment la société, construisent de nouveaux modèles de société, donnant la priorité à la justice sociale, à la Paix, à la liberté, à l’indépendance et à la souveraineté. Ce seront les piédestaux pour le respect à la vie et à la dignité de l’être humain.

Allende La Paz


 Source : Agencia de Noticias Nueva Colombia ANNCOL
www.anncol.org

 Traduction : Numancia Martà­nez Poggi



La Colombie face à l’empire aujourd’hui, par Alberto Pinzón Sánchez.


Les FARC-EP sont-elles coca-dépendantes ? par J.J. Brittain, R. J. Sacouman.

Les véritables raisons de l’intervention nord-américaine en Colombie, par Doug Stokes.





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