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Cinq de Miami : lettre du mois à Obama

Le 8 octobre dernier, à l’occasion de l’attribution du prix Nobel de la Paix au Chinois Lui Xiaobo, vous avez déclaré : « Les droits humains fondamentaux doivent être respectés pour chaque homme, femme et enfant ». Comment pouvez-vous, Monsieur le Président, tenir de tels propos et ne pas les mettre en application dans le pays que vous gouvernez ? Ce même 8 octobre, les cubaines Olga Salanueva et Adriana Perez étaient à Paris. Qu’ont-elles pu penser à vous entendre, elles qui ont sillonné l’Europe cet automne pour faire connaître l’histoire des cinq antiterroristes cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González, prisonniers aux Etats-Unis, dont les droits humains fondamentaux sont bafoués par votre pays, comme le sont ceux de leurs familles, pénalisées par leur absence.

Olga et Adriana ne peuvent même pas visiter leurs époux respectifs René et Gerardo, deux de ces cinq Cubains, votre pays leur refuse en effet systématiquement le visa d’entrée aux Etats-Unis sous les prétextes les plus fallacieux. Ne s’agit-il pas là encore, pour ces deux femmes, de droits foulés aux pieds par votre pays ? Voilà plus de douze ans que dure cette tragédie !

Monsieur le Président, vous pouvez pourtant d’une simple signature rendre la liberté à ces cinq hommes courageux.

Le cinq octobre dernier, à Paris, le journaliste Sebastien Madau a eu un entretien avec ces deux femmes, écoutons les. D’abord Olga, l’épouse de René :

« L’arrestation et l’emprisonnement de nos époux sont une injustice qui dure depuis trop longtemps. Ils ont été mis en prison, avec des condamnés de droit commun, comme espions. Ils ont été punis sans preuve. Ils sont restés 17 mois sans avocat. Ils n’ont pas pu se défendre, surtout quand on sait que 80% du dossier n’est pas déclassifié.
Contre eux, les Etats-Unis mènent une véritable bataille médiatique en manipulant l’information. On sait depuis que des journalistes ont été payés durant le procès pour écrire des articles contre eux. Dans ce cas, où est la justice, où est la liberté de la presse ? Le mouvement de solidarité avec les Cinq a dû payer 50.000 dollars pour obtenir une page dans le New York Times. »

Adriana, l’épouse de Gerardo ajoute :

« Nous sommes victimes d’une histoire qui nous a aussi punis en tant que famille. Malheureusement, nous n’avons pas la chance de voir cette affaire très médiatisée. Peu de monde s’est demandé pourquoi ils étaient allés aux Etats-Unis.

Depuis 12 ans, nous ne voyons pas nos maris. Nous voyageons dans beaucoup de pays pour parler de leur cas. (…) Les Cinq sont accusés d’avoir infiltré des organisations. Mais depuis quelques temps, plusieurs états occidentaux (Etats-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne...) ont aussi annoncé des menaces terroristes contre leurs pays. Qui leur a donné ces informations ? S’ils ont été prévenus de risques terroristes à leur encontre, c’est bien qu’ils ont des informateurs ? Pour nos époux c’est la même chose : ils ont informé notre pays pour empêcher des bombes d’exploser. Mais eux ont été arrêtés !
Malgré cette injustice, les Cinq lancent constamment des messages de paix, et Olga précise :

« Les Cinq se battent contre la violence qui a frappé notre pays. Nous étions attaqués par des terroristes. Ils sont en prison pour avoir infiltré des organisations qui nous ont remplis de douleurs et de deuils. J’ai vu ces personnes à Miami : elles ne veulent pas le bien-être du peuple cubain, elles veulent tuer. Dès 2000, les Cinq ont publié une lettre ouverte au peuple des Etats-Unis dans laquelle ils disaient que le terrorisme était l’ennemi de tous. Ils ont immédiatement subi des représailles de la part de l’administration. »

Ces deux femmes ont raison. Les Cinq ont risqué leur vie pour éviter que ne se reproduisent des attentats comme celui qui a coûté la vie aux 73 occupants de l’avion de la Cubana, et dont les concepteurs Luis Posada Carriles et Orlando Bosch coulent des jours tranquilles à Miami. Enfin,… presque tranquilles, car il y a quelques mois, Posada Carriles appelait à de nouvelles actions violentes contre Cuba (voir ma lettre de novembre).

Heureusement que de tels agents Cubains ont fait leur travail avec conscience en infiltrant les milieux terroristes de Floride ! Ils ont pu ainsi éviter bien des attentats dont celui contre le cabaret Tropicana, commandité par Santiago Alvarez, agent de la CIA qui n’en était pas à son premier crime. Vous imaginez, Monsieur le Président, le nombre de victimes qu’un tel attentat aurait fait ?

Ces cinq hommes courageux méritent d’être libérés avec les excuses de votre pays pour toutes les années qui leur ont été injustement volées. Ce serait de votre part un geste fort qui ouvrirait enfin la porte à de nouvelles relations entre les Etats-Unis et Cuba.
Espérant toujours un tel geste, recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie
xxxxx (France)

Le premier décembre 2010

Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Monsieur le Président,

Copies à  : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Messieurs Harry Reid, Eric Holder et M. l’Ambassadeur des USA en France.

URL de cette brève 1420
https://www.legrandsoir.info/cinq-de-miami-lettre-du-mois-a-obama-1420.html
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