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« Ce n’est pas une fenêtre de tir qu’on a, c’est une baie vitrée »

Voici plus de 3 semaines que les travailleurs des raffineries sont en grève avec leur syndicat CGT pour leurs salaires. Exxon Mobil, Total, Esso gavent leurs actionnaires en dividendes. Elisabeth Borne, elle, vient de décider des réquisitions.

Tout au long de l’été, et depuis ce que l’on a coutume d’appeler la rentrée sociale, des grèves nombreuses, rassembleuses et sans précédents, souvent victorieuses, ont lieu en France. La journée du 29 septembre a été l’illustration de cette combativité nouvelle qui de nouveau est à l’ordre du jour. Celle-ci implique pour les confédérations syndicales et singulièrement pour la CGT de savoir en tirer les conséquences. Au moment où la crise économique, sociale et politique en France, en Europe et dans les pays occidentaux s’aggrave en vitesse accélérée, ce mouvement revendicatif significatif est révélateur d’un état d’esprit qui murit et peut s’avérer prometteur. Il ne s’agit plus de déléguer et d’attendre « que là-haut on se décide » ou encore les faux-fuyants et la temporisation de certains syndicats, mais d’assumer des responsabilités. Par ailleurs aux yeux d’un grand nombre de travailleurs, on ne saurait éternellement subir le rythme et les conditions imposées par le gouvernement et le patronat. Le besoin est celui d’une stratégie offensive permettant de prendre l’initiative depuis le lieu de travail. Il ne suffit plus de constater passivement la réalité de la lutte des classes, il faut la mener concrètement jusqu’au bout. « Ce n’est pas une fenêtre de tir qu’on a c’est une baie vitrée » selon l’expression du coordinateur CGT de Total Energies, Eric Sellini.

Un exemple en témoigne et il faut en parler !

C’est le cas de la mobilisation exceptionnelle des travailleurs des raffineries, dépôts et de la pétrochimie. Décidées à travers les assemblées générales, elles sont coordonnées dans les différentes branches de ces industries stratégiques par la combative Fédération CGT des Industries chimiques. Le taux de participation des grévistes sur certains sites atteint 85%. Ces luttes ont en commun d’être inédites par leur ampleur et leur détermination. Elles donnent le ton du type de mobilisation dont on a besoin. Elles se poursuivent et s’élargissent. Elles sont facteur de confiance, car elles ouvrent des perspectives.

C’est si vrai que Laurent Berger président de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) et nouvel expert en « grèves préventives » s’est empressé de voler au secours du patronat et du gouvernement. En effet, le secrétaire général de la CFDT désapprouve la grève. Il a ainsi encouragé la signature d’un accord au rabais entre le patronat de l’UFIPEM , la CFDT et la CFE-CGC. Cet accord va entériner une perte cumulée de pouvoir d’achat de 8,4% pour les salaires de cette branche notamment ceux proches des minimas. L’objectif étant par ailleurs de tout faire pour diviser et fragiliser le mouvement en cours. Certes, ce coup de poignard dans le dos des travailleurs en lutte, n’est pas une surprise, il est condamné largement par ceux-ci. Ils ont décidé de poursuivre leur action.

Faire le choix de la lutte des classes.

En fait, le contexte a changé et nous ne sommes plus dans le conformisme d’un « syndicalisme rassemblé » qui paralyse l’action entre immobilisme et grèves presse boutons que l’on décide à quelques-uns. Ces actions en cours dans la pétrochimie font le choix de construire depuis le lieu de travail et sur la durée le rapport de forces nécessaire pour gagner. Si elles ne prétendent pas au modèle, elles sont un exemple et sont déjà riches d’enseignements parce qu’elles traduisent une claire volonté d’agir tous ensemble. Elles ne tergiversent pas, elles anticipent avec une stratégie de conquête ! En passant à l’acte, les travailleurs font le choix démocratique de ne pas tourner autour du pot. Plus d’incantations, de bla-bla-bla dans lequel certains se complaisent, de journées sans lendemains, le choix fait est celui de la lutte de classes, de la confrontation sans concessions avec le capital en s’y mettant tous ensemble. Elles se donnent donc les moyens d’être utile et efficace pour elles-mêmes autant que pour l’ensemble des travailleurs inter professionnellement. Elles contribuent à clarifier les enjeux véritables de cette période. Elles placent chacun devant le devoir de choisir et de décider ce que doit être le contenu et l’engagement qui doit être la sien. C’est donc une interpellation forte au mouvement syndical dans son ensemble. Par conséquent, nul ne saurait se sentir dispensé d’en débattre, l’essentiel étant de décider.

Si l’on prend en compte d’autres mouvements revendicatifs comme ceux qui se développent également en Grande Bretagne, en Italie, au Portugal, en Espagne, en Grèce, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Tchéquie, en Autriche et ailleurs qu’en Europe, y compris aux USA malgré la répression anti syndicale dont J. Biden fait preuve à l’égard de 100 000 cheminots en grève, on peut constater combien ce mouvement international de luttes sociales est inédit par son étendue, sa diversité autant que par son contenu. Toutes ces luttes ont en commun le pouvoir d’achat, le paiement de la force de travail, de l’argent pour vivre dignement.

Cette force matérielle qui s’exprime dans l’action peut contribuer à changer la donne, créer les conditions d’alternatives sociales, économiques et politiques, en France, en Europe et internationalement. L’exigence est simple : il faut augmenter les salaires et les pensions, c’est une urgence ! Pas d’union sacrée face à la crise capitaliste et pas de sacrifices pour la guerre, ce n’est pas aux peuples de payer ce prix. Pour répondre aux nécessités, le moyen c’est la grève, en bloquant les profits florissants de multinationales qui pillent et rackettent sans état d’âme aux quatre coins de la planète. Par conséquent les travailleurs du pétrole et des industries chimiques ont raison, ils ouvrent la voie.

Pourquoi la grève dans les raffineries  ?

La grève a été décidée spontanément en assemblée générale le 20 septembre par les salariés des raffineries Esso-Exxon Mobil à Notre-Dame-de Gravenchon en Seine Maritime le plus grand complexe pétrochimique de France. Ils ont été rejoints dès le lendemain par leurs camarades de la raffinerie de Fos-sur–Mer. Depuis l’action s’est élargie à d’autres entreprises. Ainsi, les sites Total sont en grève depuis le 27 septembre.

Sur les 6 raffineries hexagonales, 4 sont sans sortie de produits : Exxon Mobil Gravenchon, Exxon Mobil Fos sur mer, Total Gonfreville, Total Feyzin. Les trois premières sont à l’arrêt complet, la dernière produite en recirculation au débit minimum. Le dépôt de Total Flandres ne sort plus rien, celui de Grandpuits est en marche dégradé. L’usine d’agrocarburant de La Mède est en grève et arrêtée.

Concernant la pétrochimie, seul deux vapocraqueurs sur les 6 en France fonctionnent normalement, ceux de Feyzin et de Lavéra. Des sites Arkema ont également rejoints l’action à Saint Auban, à Pierre-Bénite ainsi que d’autres sites chimiques. Il faut donc prendre la mesure de ce mouvement, il peut et doit devenir contagieux.

Frappé le tout premier par la grève, le groupe Exxon Mobil fait partie des entreprises de taille mondiale ayant les plus importants bénéfices, il est l’un dix plus importants groupes pétroliers en terme de capitalisation boursière, un des « supermajors » ! Les champs pétroliers contrôlés par ce géant sont les plus importants au monde, ils sont estimés à 22,4 milliards de barils. Exxon Mobil a réalisé en 2021 le fabuleux chiffre d’affaire de 286 milliards de dollars. Pour le seul premier trimestre 2022 ses résultats sont de l’ordre de 17,9 milliards de dollars. Parmi ces principaux actionnaires on retrouve les requins de la finance internationale : le Vanguard group, BlackRock le concepteur nord américain auprès d’Emmanuel Macron de sa réforme des retraites, State Street Global Advisors. Quant à Esso France touchée par la grève, celle-ci a annoncé pour le premier trimestre 2022 un bénéfice de 409 millions d’euros.

Total n’est pas en reste, les résultats du groupe on fait un bond en avant spectaculaire. Sur l’ensemble de l’exercice de 2021, Total a dégagé un bénéfice net part de 18,1 milliards de dollars contre 4,1 milliards de dollars en 2020. Selon Patrick Pouyanné le PDG du groupe cela permettra “entre les dividendes et les rachats d’actions de retourner de l’ordre de 35% de cash aux actionnaires” ! En 2021, 5,9 millions d’euros lui ont été attribués au titre de ses rémunérations soit une hausse spectaculaire de 52% (!) par rapport à 2020 et cela en pleine crise sanitaire. C’est à ce point choquant que l’on parle dorénavant de taxer les « superprofits », ce qui a provoqué les cris d’orfraie du gouvernement. Mais disons le clairement ne faut-il pas plutôt en finir avec un système fondé sur la propriété privée et l’accumulation des profits ! Par conséquent les travailleurs ont raison, les patrons peuvent et doivent payer.

Les patrons milliardaires multiplient les provocations.

Malgré cette situation qui donne raison aux travailleurs en lutte, le patronat de ces industries s’obstine dans le déni, et font le choix de la provocation, ils refusent la négociation, et débauchent certains syndicats comme la CFDT et la CFE-CGC. Mais pire encore ils prennent la responsabilité de rompre les chaînes d’approvisionnements de carburants en France, en entretenant la panique dans le but d’installer le pays dans un risque de pénurie, ce qui s’ajouterait à celui de la ristourne de 0,20 euros de chez Total qui a déjà provoqué d’interminables files d’attente aux stations-services.

Au 10 octobre, 1073 stations sont en rupture partielle, 2352 en rupture totale. Le 9 octobre était en forte augmentation et 30% des pompes à essence étaient en difficulté d’approvisionnement sur au moins un carburant. Dans les Hauts de France, 54,8% des stations étaient au bord de la rupture, 44,9% en ile de France. Ces difficultés s’étendent à la fourniture des aéroports ce qui obligent déjà à recourir aux réserves nationales de carburants et de pétrole équivalentes à trois mois d’approvisionnement. Mais, le problème va bien au-delà, car c’est aussi la perspective de ruptures dans la production de plastique que Total exporte dans une soixantaine de pays qui est concerné comme bien d’autres activités annexes.

Dans le même temps le patronat liquide la souveraineté industrielle et énergétique du pays. Comme le démontre la CGT Total, « les fermetures des capacités dans le raffinage ou dans la pétrochimie sont intégralement compensés par des importations venant de pays comme l’Arabie Saoudite ou les normes sociales et environnementales sont dérisoires ». Le but est clair, il faut augmenter les profits afin de gaver les actionnaires. Là est d’ailleurs la raison principale de la hausse des prix à la pompe, alors que l’approvisionnement devient et deviendra plus difficile comme le montre la récente décision de l’OPEP de réduire de 2 millions de barils jour la production mondiale.

Car les problèmes ne s’arrêtent pas là, les conditions de travail se dégradent, le sous effectif est permanent et le plus souvent au détriment de la sécurité, d’ailleurs les incidents se multiplient comme récemment à Feyzin en Normandie. Il faut donc conjuguer un projet social et un projet industriel. Au vu des résultats gargantuesques de ces groupes, les moyens existent pour cela.

Le patronat et les actionnaires milliardaires doivent assumer les conséquences de cette situation dont ils portent l’entière responsabilité. Depuis 6 ans aucun accord sur les salaires n’est intervenu ! Compte tenu de la poussée spectaculaire de l’inflation, c’est au moins une hausse de 12,4% que le patronat devrait concéder, alors que pour 2022 ce dernier s’en tient à 4%. Dans de telles circonstances, il est effarant de voir une entreprise comme Total pratiqué une forme de chantage à la négociation alors qu’il est totalement responsable de cette pénurie qui menace et dont il est certain qu’elle servira de prétexte comme en d’autres occasion pour faire pression sur l’opinion avec l’usage des médias et des lobbies.

Toute la CGT contre les réquisitions !

Cette fuite en avant est soutenue par le gouvernement d’Emmanuel Macron qui considère que « le conflit doit cesser » tout en soulignant le pas en avant positif fait par Total dans l’avancement de la date des négociations annuelles prévue en novembre alors que la grève en est à son vingtième jour ! C’est aussi le cas d’Aurore Bergé, la cheffe des députés macronistes pour qui « les grèves sont inacceptables », ou Bruno Retaillau de LR pour qui : « il faut sortir de cette culture de la grève, la grèviculture ».

Comme cela était prévisible cette rhétorique politicienne préparait le terrain pour Elisabeth Borne qui vient de décider d’ordonner les réquisitions des travailleurs des raffineries. Cela est sans précédent et parfaitement illégal. C’est une atteinte au droit de grève pour laquelle en 2010 la France avait été fermement mis en cause et critiquée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Cette nouvelle provocation du pouvoir vise les travailleurs des raffineries mais également les travailleurs dans leur ensemble dont le mécontentement est à son comble et qui font le choix de l’action. Cela se veut un avertissement aux luttes en cours et celles qui se préparent contre la destruction de notre système de retraites, de l’assurance-chômage, de l’emploi et du service public. Il faut relever ce défi par l’action ! C’est le sens de l’interpellation lancée à la Confédération CGT et à toutes les structures de la CGT par Emmanuel Lepine au nom de la Fédération des Industries chimiques de la CGT. L’heure est grave ! La meilleure réponse est de construire les convergences dont l’on a besoin et il faut le faire dans l’unité de toute la CGT, sans repousser à demain ce qui doit être fait aujourd’hui. A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle ! Tout doit être fait pour élever le rapport des forces au niveau des enjeux. « C’est au pied du mur qu’on voit le maçon » !

Comme en Grande Bretagne, on va chercher des boucs émissaires !

Dans un contexte de crise énergétique majeure et de mesures de rétorsion que le pouvoir entend imposer aux travailleurs et à leurs familles, on cherche donc des boucs-émissaires qu’on présentera peut-être demain comme les agents objectifs de Vladimir Poutine.

On en avait eu un avant gout à travers l’hystérie qui caractérise la presse britannique à l’égard de la lutte remarquable des cheminots du « National Union of Rail, of Transport Workers » le RMT, ce puissant syndicat des transports affilié à la Fédération syndicale mondiale (FSM) mais aussi, dans leur foulée à celle des postiers, des travailleurs des raffineries, des télécoms, des dockers, des centrales électriques, de la santé, de Ryan Air et même des avocats. Les objectifs sont identiques à ceux de leurs camarades français. En Grande Bretagne on lutte pour du pouvoir d’achat, hier contre la politique irresponsable de Boris Johnson, aujourd’hui contre celle de Liz Truss dont le modèle politique est celui de Margaret Thatcher.

Sans doute inspiré par les années 84/85 et l’historique grève des mineurs, la presse d’outre Manche menée par le Times, le Sun, le Daily Mail de l’oligarque Ruppert Murdoch stigmatise depuis des mois une grève qui rassemble des dizaines de milliers de travailleurs en l’assimilant à “une création d’agents russes” menée par un syndicat extrémiste qui « soutient les aventures meurtrières de Poutine en Ukraine ». Ainsi, le RMT est décrit comme dirigé “par des larbins de Poutine” appartenant à une « cabale d’extrême gauche ».

Aussi, les insultes ne varient pas et l’adversaire de classe demeure bien le même partout. Comme en France et partout en Europe, la situation sociale pour les travailleurs britanniques s’est aggravée spectaculairement, les prix ont fait un bond en avant, le plus haut niveau depuis 40 ans qui rappellent les conséquences de la mise en œuvre des politiques ultra libérales de la dame de fer, Margaret Thatcher, celle qui s’enorgueillissait « d’avoir tué et enterré la culture de la grève ». L’institut de sondage IPSOS assure que de nombreux britanniques sautent régulièrement un repas. Comme le montre le rapport 2022 de l’ONG britannique OXFAM, la plupart des gouvernements n’ont pas pris de « mesures concrètes » d’envergure pour atténuer la dangereuse augmentation des inégalités. L’accroissement de la pauvreté de masse est ainsi pointé dont la cause est la baisse des dépenses sociales et l’enrichissement obscène des nantis.

Il n’y a donc pas d’autres solution que le choix de la lutte face aux atermoiements et à l’indifférence des syndicats officiels, les « Trades Union Congress » (TUC) pilier de la CES et un des principaux obstacles à des luttes solidaires et coordonnées en Europe.

Voilà pourquoi, la contradiction capital/travail est une réalité concrète, n’en déplaise aux syndicalistes des deux côtés de la Manche, qui préconisent la compatibilité avec les très anti démocratiques institutions européennes, le partenariat social et le fluidification du dialogue social avec le patronat et la collaboration avec les programmes des gouvernements libéraux. Ainsi récemment on vient de voir le mouvement syndical européen se féliciter bruyamment après le vote positif du Parlement Européen en faveur d’un SMIC européen. En réalité, il n’y a là qu’enfumage car il faut rappeler que le social est de la compétence de chaque pays, les états sont libres d’une harmonisation par le bas, ce qu’ils font d’ailleurs, d’autant que la directive considère que ne sont concernés que les pays dont le SMIC est inférieur à 80 % d’un salaire médian. Ces derniers devront mettre en place par la négociation patronat/syndicats un calendrier permettant un plan d’action permettant de rattraper les retards. Autant dire que cette « prétendue avancée sociale » n’est pas pour demain. Les travailleurs devront d’abord compter sur leurs propres forces. Par conséquent la grève des travailleurs de la pétrochimie est bien la bonne voie à suivre.

La grève dans la pétrochimie comme une opportunité.

Cette grève dans les industries pétro chimiques en France, doit aussi être vu comme une opportunité pour le développement des luttes par toute la CGT, voilà pourquoi il faut contribuer partout à son soutien sous toutes les formes et d’abord confédéralement afin de mobiliser toutes les forces pour gagner et engranger des résultats qui seront un encouragement pour tous et toutes. L’enjeu est d’importance, et il faut en prendre toute la mesure. C’est pourquoi l’attitude de certains dirigeants confédéraux de la CGT, comme celui en charge des salaires n’est pas acceptable quand il entend déterminer un engagement de toute la CGT à des discussions préalables mais en fait très aléatoires en vue d’un accord préalable de la CFDT et de FO quant à une action nationale sur les salaires. Une telle approche semble plus motivée par le souci de continuer à légitimer le concept de « syndicalisme rassemblé » dont la faillite est illustrée par l’attentisme qui conduit au découragement comme aux illusions plutôt que de voir se développer un large mouvement revendicatif. Ainsi comme le fait remarquer Emmanuel Lepine secrétaire général de la Fédération CGT des Industries Chimiques « la confédération ne fait pas son boulot. Il a fallu attendre le 5 octobre pour obtenir un communiqué de soutien à la chimie, c’est vraiment tard ». Pour donner une impulsion faut-il encore le vouloir. « Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre ! »

Avoir une vision et une volonté

Ce qui manque à la direction de la CGT pour encourager les luttes dans la pétrochimie comme à l’égard de celles qui ont lieu ailleurs dans d’autres branches et régions c’est une vision autant qu’une volonté. En finir avec la méthode Coué en anticipant et en se calant sur une stratégie d’action convergente plutôt que de mettre l’accent sur des objectifs qui ne figurent pas au calendrier des urgences sociales des travailleurs.

Dans le même temps ceci exige de procéder en permanence à un examen lucide, concret, sans détours de la situation réelle ainsi que des difficultés auxquelles fait face l’activité syndicale. L’objectif n’est pas de s’accabler et de se flageller. Avec la perspective du 53e Congrès Confédéral, c’est tout un débat qui est nécessaire et auquel nous renvoie les luttes dans la pétrochimie. C’est aussi pourquoi il faudra aborder les causes des reculs et des échecs successifs. La CGT« est au pied du mur ». Elle se doit d’apporter collectivement des réponses convaincantes à une série de problèmes qui touchent à son devenir comme à son existence même.

Un style de travail qui banalise et s’accommode des attentes non satisfaites comme si de rien n’était ne peut qu’entraîner des insatisfactions. Il y a dans la CGT une exigence de débats qu’il faut avoir en prenant en compte l’aspiration à plus de démocratie, de consultations d’échanges y compris contradictoires qui sont des impératifs d’efficacité, de cohésion et de cohérence en particulier dans la diffusion des idées de la CGT. Cette façon d’être et de faire contribue profondément à l’unité. C’est d’ailleurs de cette unité dont la CGT a le plus grand besoin. La CGT se doit d’écouter ses militants et parmi eux les plus combatifs qui sont sa force de par leur attachement à des principes de classe, à toute une histoire dont ils sont fiers comme à des valeurs qu’ils entendent défendre avec sincérité et détermination.

Donner le coup d’envoi du 53e Congrès de la CGT.

Enfin, cette grève des industries chimiques et du pétrole peut permettre de redonner un sens concret à la solidarité confédérale, en renouant des liens distendus, en contribuant à unir interprofessionellement les luttes des secteurs les plus combatifs de la CGT, ceux de l’énergie, des cheminots, des services publics, de la santé, du commerce, et bien d’autres en les articulant concrètement avec l’activité des unions locales, départementales et régionales.

Nul ne saurait nier que le syndicalisme doit changer, et prendre en considération le monde réel dans lequel nous vivons, non pour s’y adapter mais pour mieux contester l’ordre capitaliste qui le domine ! Pour cela, on doit tenir compte de la radicalisation de l’affrontement de classes, des contradictions et des nouvelles conflictualités internationales. C’est ce que font les travailleurs en lutte de la pétrochimie comme d’autres dans d’autres branches, d’autres industries et entreprises. Un nouvel ordre mondial se met en place, comment le syndicalisme ne pourrait-il pas en tenir compte.

Il est évident que les enjeux énergétiques placent en première ligne des grands défis mondiaux les travailleurs des industries chimiques. La grève dans ce secteur si stratégique et la manière dont les travailleurs avec leurs syndicats CGT conduisent leurs luttes peut être une forme de coup d’envoi du prochain 53e congrès confédéral lui permettant d’inaugurer ainsi ce grand débat si nécessaire à la mise en œuvre d’une orientation répondant aux nécessités, à partir d’une stratégie et d’une direction renouvelée qui donnera ainsi à toute la CGT les moyens de déployer les couleurs rouges qui sont les siennes.

Jean-Pierre PAGE

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COMMENTAIRES  

11/10/2022 21:54 par Anike

Honneur à toi, Camarade, pour cet appel lucide et courageux !

11/10/2022 22:02 par Anike

Honneur à toi, Camarade, pour ton analyse de l’élan donné à la lutte par l’action exemplaire des travailleurs du secteur de l’ Energie et pour ton appel lucide et courageux.

12/10/2022 00:17 par koursk

Espérons que cette fois sera la bonne ! Que le mouvement social va redonner puis conforter les acquis obtenus juste après la deuxième guerre mondiale et pendant les trente glorieuses *** Que les grèves se répandent donc comme une traînée de poudre dans toute l’otaneuro zone *** Gagner, c’est dissoudre le capitalisme, ruiner les multi-milliardaires qui règnent sur l’otaneuro zone et apparenté, pour que l’argent qu’ils ont volé soit intégralement restitué aux états et à la sphère publique de tous les continents *** Et que s’il y a des mouvements sociaux en Chine et Russie, qu’ils le soient pour conforter la prédominance de l’état propriétaire des moyens de production, de l’économie dirigée dans les deux grands pays, pour l’intérêt général dans l’esprit des révolutions de 1917 et 1949 *** Si on veut une meilleure répartition des richesses sur la planète, il faut dissoudre le capitalisme partout.

12/10/2022 03:31 par Chris

Merci pour cette grande bouffée d’oxygène !
et en contribution à cet article,
lus aussi ce jour :
https://aplutsoc.org/2022/10/11/pour-les-salaires-contre-les-requisitions-contre-macron/
et les 4 précédents.
Sans oublier de signer la pétition de soutien :
https://www.change.org/p/contre-l-exclusion-de-la-cgt-du-syndicat-cgt-psa-poissy-et-de-jean-pierre-mercier ?

12/10/2022 05:12 par barbe

La nupes se decredibilise à appeler à marcher contre la vie chère.
Si elle en chérit la cause, la guerre.
Quand y aura t il une mobilisation contre la guerre ?

12/10/2022 06:12 par Xiao Pignouf

Merci pour ce texte. Ancien prof, je suis devenu ouvrier pour manger. Mon peu d’expérience dans le domaine de l’entreprise et le fait que je ne suis pas un as en économie ne m’ont pas empêché de constater ceci : ce qui a considérablement aggravé les conditions de travail des ouvriers, ce qui a rendu encore plus implacable et sans pitié le patronat et l’État qui plus est tenu par un banquier, ce sont les actionnaires et l’actionnariat de manière général. Le patron, même d’une entreprise modeste, devient insensible à l’existence de ses ouvriers, sur qui pourtant la boîte tient presqu’entièrement, est prêt à les maintenir dans une précarité faisant d’eux des travailleurs pauvres destinés à devenir des retraités misérables, à leur demander de travailler comme des bêtes de somme pour des salaires de plus en plus dérisoires, à ériger entre eux et les cadres un mur de mépris faisant de ces derniers des kapos de ses intérêts, tout cela pour le bénéfice quasi exclusif des actionnaires...

Un exemple : de cette prime indigne pour laquelle Macron a laissé au patron le libre choix de la déterminer sur une fourchette allant de 300 à 6000 euros, notre patron d’une menuiserie locale mais appartenant à un plus grand groupe, devant les revendications des syndicats pour qu’elle soit fixée à 2000 euros n’a eu que ce mot, horrifié par cet affront et au bord de la crise cardiaque : « 300 euros, c’est amplement suffisant ! ». Ou encore : à un cadre qui avait répondu à un ouvrier déplorant des salaires trop bas que l’entreprise ne pouvait se permettre de les augmenter au risque de réduire ses bénéfices, celui-ci a répondu : « il suffirait de rendre ta voiture de fonction pour augmenter tout l’atelier de 200 euros... »

Alors oui, sortons les fourches... et les cordes pour les pendre.

12/10/2022 08:53 par Christophe B.

Merci pour cet article et merci aux travailleurs ! Assez de ce(s) gouvernement(s) au service des plus riches.

12/10/2022 10:20 par Geb

Quand y aura-t-il une vraie mobilisation contre ceux qui chez nous initient et déclenchent les guerres ???

Quand y aura t-il une vraie mobilisation contre ceux qui créent les situations de crise pour mieux les exploiter à leur usage ?

Les capitaines coulent le navire et réservent leurs canots et on se devrait se battre pour qu’une catégorie de prolos soit moins lésée qu’une autre le jour du naufrage.

Les luttes catégorielles ça n’est valable que si ça initie des luttes fondamentales pour éliminer les causes au lieu de tenter de minimiser les pertes qui leur sont dues.

Quand les trois quarts de la France seront au fond du trou, ça leur servira à quoi de meilleurs salaires aux travailleurs pétroliers, s’ils sont chômeurs sans compensations ou si plus personne ne peut remplir un réservoir ?

Et ça sert à quoi et à qui de mettre ceux qui vont ête privés du droit de vivre et dans la merde sans une puissante organisation de masse qui explique à ces derniers "pourquoi tout ça", et fournisse des solutions crédibles DANS LA RUE ?

Pas dans des documenst sybillins à usage restreint.

La solution c’est de raffiner et de distribuer à prix coûtant et hors taxes à la population et aux entreprises vitales en danger par l’intermédiaire des distributeurs.

Et l’expliquer aux masses, (Y compris aux FDO), c’est le rôle de vrais Syndicats et Partis révolutionnaires. Pour l’instant on les cherche à la loupe.

Et puis de voir venir en mobilisant de la bonne façon les bénéficiaires de l’opération qui sinon avec ou sans carburant vont mourir de faim et de froid cette année..

Parce que de toute façon, quand il n’y aura plus d’énergie électrique pour raffiner ni faire tourner les industries et l’économie, augmentations ou pas, carburant ou pas, tout le monde sera baisé. Militaires et FDO compris.

Mais on continue à jouer le jeu "démocratique politiquement correct" qui nous a tués depuis des lustres.

Alors qu’en plus de la misère noire proche ces enc...s de Yankees et leurs suceurs macronniens nous ont pendues des bombes sur la tronche en assassinant à 1000 km de chez nous tout en en nous coupant l’énergie pendant qu’ici tout lemonde affichait les petits drapeaux ulkainiens...

Et pourquoi pas la bite de Zelensky ou une Swatiska ???

50 ans de déculturation politique, sociale, stratégique, économique... et même géographique, et c’est pas fini...

Et au moins quarante ans que je vois les connards qui se préparent à nous zigouiller assassiner partout dans le monde au nom de la "Démocratie" avec le traitement qu’ils nous préparent sans que je voies un seul syndicat ou parti essayer d’arrêter tout ça en mobilisant les masses dans des actions concrètes au lieu de promener des pancartes ou se fritter entre eux sur des conneries déstructurantes venues d’ailleurs...

Y en a combien qui ont empêché Thalès ou Matra de produire un missile, ou GIATT Industrie de fabriquer des canons ??? Combien qui ont empêché Dassault de livrer un seul Mirage ? Combien qui ont empêchés les Arsenaux français de constuire des porte-hélicoptères ou des sous-marins ?

Ou même sont intervenus au Sénat ou à l’Assemblée sur le sujet, sinon pour se féliciter de la santé de ces entreprises de mort. Ou pleurer quand on nous nique le Marché.

En effet c’est "une baie vitrée".

Mais si on hésite à casser les vitres pour l’utiliser, autant mourir étouffés derrière en silence.

Ou aller à la pêche. Au moins on aura le poisson à bouffer.

12/10/2022 15:09 par daniel

Pendant que ce gouvernement remet en cause le droit de grève avec une réquisition ce dernier n’est pas capable de fournir de l’électricité à l’ensemble de la population, de qui se moque-t-on. C’est le moment de reprendre sa destinée...au lieu de critiquer comme le fond les merdias le seul syndicat qui fait avancer la société, la CGT.
@Jean-Pierre PAGE - Très bel article

12/10/2022 15:16 par Cesar

Merci Geb de remettre les pendules à l’heure.

Politiquement correct, petits pas, manifs pour le spectacle TV, messages portés par le virtuel à destination réduite, extrême discrétion de l’opposition (peut-on encore seulement utiliser ce terme pour la politique française et unionotanienne ?) sur les grands sujets.

Chacun y va dispersé de ses tentatives d’hammeçonnage, effets d’annonce à destination du public. CGT, SUD, CFDT, LFI, Verts, héritiers du communisme à la Brejnev ou danseuses comme Roussel.

Sinon, à part des syndicats et partis de gauche toujours inquiets de leur existence mais moins de leurs réussites, on peut compter sur qui ou quoi ?

Possiblement un grand élan de ferveur religieuse qui sera le dernier refuge des tondu(e)s.

Parce que le moment parfait où tout va basculer enfin du bon côté, vous y croyez encore ? Le contexte est pire chaque année, et le Pur Esprit Révolutionnaire, il se terre dans le virtuel et risque bien de s’abîmer dans des considérations très triviales pour une population ivre de son confort matériel, du type comment se chauffer, où habiter, comment circuler, comment manger...

12/10/2022 15:39 par Autrement

Geb :

...Et l’expliquer aux masses, (Y compris aux FDO), c’est le rôle de vrais Syndicats et Partis révolutionnaires. Pour l’instant on les cherche à la loupe.

Mais les masses, elles, n’y voient rien !
C’est bien ça le hic...

Il y a bien les retraites, les salaires, l’assurance chômage, le pouvoir d’achat, les super-profits, la pénurie, les services publics... mais voilà, ce n’est pas assez "politique", paraît-il...

À chacun ses propres motivations : c’est de là seulement qu’un mouvement peut faire boule de neige et...se transformer au point d’enflammer la rivière.

12/10/2022 15:39 par IMBERT ou kim jung un en idiotie internationale jean edern hallier tombé opportunément d'une falaise

Attention camarade à la formule le patronat de total, comme à la demande de la consommation pharmaceutique du cnr des radsoc et des phalanges sous couvert d’octobre rose après vos conneries sur le prétendu covid ; et cela pour la france capitaliste et bourgeoise égoîste, un peu comme pour la fnsea et le chiraquisme réduit par vous au "principe de précaution" du medef assurantiel et écolochassepopulaire dont vous devenez favorable comme de la banque assurance protestante de france kahane et levy y compris mallet consorts et catholique à bruxelle bricmont dont on ne dit mot même à free, ou pierre levy, à force de ne pas dénoncer aussi les capitalistes et le marcelpaulisme et même la bande à la sécurité des bauers et sécurité sociale et pas socialisme médical, donc à dénoncer pas très correctement et parfois moins que martine aubry, donc pas correctement du tout ! J’oserai même dire, presque avec madame Frachon et sa dénonciation compatible avec la prigent-cgt ou la développement de l’emploi bancaire de jean levy soi disant résistance, et le cnr du monarchiste orléaniste ou le professeur baulieu de la banque lui blum au fond avec bio-mérieux et ciba gigy devenu novartis, dans sa critique des pharmaciens et labos industriels français et pas que usa ! attention à cela ! car total et le non productivisme et le non extractivisme et le pétrole après vous avec droit à la fin de l’aéronautique française et aviation française indépendante, et vous aussi ne dites rien sur marcel paul wurtz prigent et dassault de bukenwald ni sur hessel et semprun etc... attention d’après moi c’est chute très grave des graves !
Olivierdenishenri Imbert
voir ci dessous octobre rose chez jumel et aussi nuit debout et fakir car c’est exactement cela la prévention du cancer du sein et les profits pharmaceutique et l’irrationalisme auquel on a assisté, qui n"a rien à voir avec cuba et la santé populaire ni la chine le vietnam la russie et la santé populaire, je le redit cela est pire que totale le pétrole et la rémunération aussi du travail d’afrique d’amérique et aussi maritime un peu partout et pour la construction de pétrolier, la fin des charbonnages de la sidérurgie et aussi l’insulte faite à tata et la balance des paiements du travail indien par la cfdt colonialiste et impérialiste de l’union européenne et du parlement européen des verts et du pse comme au fond du pge qui est heureux avec le bHL et fabius en plan b pour l’otan sans la turquie en apparence mais toujours avec les phalanges de vals et des bourbons de hessel avec semprun et hollande et même et surtou montebourg et autre faure etc !

12/10/2022 19:34 par Chris

"Il n’y a donc pas d’autres solution que le choix de la lutte face aux atermoiements et à l’indifférence des syndicats officiels, les « Trades Union Congress » (TUC) pilier de la CES et un des principaux obstacles à des luttes solidaires et coordonnées en Europe."

Quand la CGT coupera t-elle les ponts avec la CES ?
Bravo aux grévistes des raffineries !

12/10/2022 20:44 par Chris

@Imbert ou kim jung un en idiotie internationale jean edern hallier tombé opportunément d’une falaise
excusez-moi, je n’ai vraiment rien compris à votre très long commentaire. Pouvez-vous être plus clair ? merci

12/10/2022 21:13 par Chklakla

@IMBERT ou kim jung un en idiotie internationale jean edern hallier tombé opportunément d’une falaise
Putain ! J’ai rien compris....c’est dommage parce qu’on devine une fulgurance

12/10/2022 21:57 par Danael

Entièrement d’accord avec chaque mot du commentaire de Geb à 10:20 ce qui n’enlève rien de mon soutien aux travailleurs les plus militants de ce pays qui choisissent l’occupation de leur lieu de travail plutôt que le petit tour et puis s’en vont. .

14/10/2022 14:51 par Lautaro

@Geb

Ouais l’échec est pesant et sera lourd de conséquence pour la génération à venir.
Des gosses lobotomiser qui n’existent qu’à travers un monde dématérialiser.
Ils ne sont pas là ils vivent dans un multivers et les vieux cons qui les soûlent avec leurs histoires de luttes ils n’ont en a rien à foutre…
Comment voulons-nous qu’il en soit autrement … Suffit de se connecter sur les médias ou sont présent les vieux : guerres, corruptions, mensonges, fakenews, moqueries, chacun sa version de l’histoire avec un grand H, planète bousiller, greenwashing, et ils appellent ça l’information …
Et si ça part en couilles les vieux chefs d’orchestre ont déjà tout prévu.
Suffiras de recruter parmi les amateurs de jeux vidéo pour dégommer « l’ennemi » … facile ils utilisent les mêmes techniques de combat, langages tout y est.
Comme tu dis, bonne pêche.

15/10/2022 09:02 par keg

après la sortie de gréve, gare à E=mc² !
https://wp.me/p4Im0Q-5Ha - JdG N° 56 (J + 243) – Qui qu’a appuyé sur le bouton « reset du monde », celui-là doit-être exécuté. Néron se fut auto- assassiné par l’incendie gré -joie de Rome

15/10/2022 14:49 par Jean-Yves Leblanc

Une fois de plus je donne raison à Geb qui a le courage de jeter des pavés dans la mare de notre pensée automatique de militants de gauche. Dans le cas des raffineries, cette pensée amène à applaudir inconditionnellement et sans analyse les grèves Total-Exxon et à y voir l’ouverture de la fenêtre des luttes.

J’extrais ces 3 citations de Geb :
 "Les capitaines coulent le navire... et on se devrait se battre pour qu’une catégorie de prolos soit moins lésée qu’une autre le jour du naufrage."
 "Les luttes catégorielles ça n’est valable que si ça initie des luttes fondamentales"
 "ça sert à quoi et à qui de mettre [les autre travailleurs] dans la merde sans une puissante organisation de masse qui explique à ces derniers "pourquoi tout ça".

Nous avons là l’essentiel de la critique de l’action syndicale de ces dernières décennies.
La majorité des classes populaires travaille aujourd’hui dans des petites boîtes, a des petits boulots, fait dans l’artisanat auto-entrepreneur ou bien est dans des services ubérisés. Ces gens sont en dehors du syndicalisme et les syndicats n’ont rien pensé pour les y intégrer.
Les luttes syndicales ne concernent plus qu’une minorité de travailleurs de grandes entreprises ou de personnels à statut - une "aristocratie ouvrière"- qui sont le plus souvent mieux payés et mieux traités que les autres.
Si les luttes de cette minorité défendent les droits de tous les travailleurs (retraites par ex.), nous sommes bien dans la mission d’un syndicat comme la CGT au service de l’émancipation de tous les travailleurs mais alors il manque l’action de masse et la défaite est au bout du chemin.
Si ces luttes sont catégorielles (salaires, régimes spéciaux, points d’indice) et ne sont pas amenées en convergence avec les intérêts des autres travailleurs par la confédération (lutte générale pour les salaires ou les retraites), elles deviennent une source de divisions. Et c’est pire encore si ces actions pourrissent la vie des autres travailleurs. Nous l’avons souvent vu avec les grèves SNCF et nous sommes dans ce cas en ce moment avec la grève des raffineries qui, osons le dire, est très impopulaire parmi les dizaines de gens modestes qui font la queue pendant 2 heures devant les pompes Leclerc de ma petite ville.

De plus, depuis des années, la CGT ne cherche plus à rassembler et centraliser les luttes et chaque branche agit séparément selon des calendriers différents, ce qui mène une nouvelle fois à l’échec. Lorsque des mouvements montent de la base (Les Gilets Jaunes par ex.) loin d’y prendre appui pour mobiliser, elle les traite avec méfiance voire hostilité.
Par ailleurs, la CGT d’aujourd’hui s’est dépolitisée vis à vis de la lutte des classes et de l’aspiration au socialisme mais elle s’est politisée dans le sens de son soutien aux valeurs de la gauche bourgeoise et de sa dérive européiste et atlantiste. Elle se met ainsi à chérir les causes dont ses syndicats de branche combattent les effets !
Elle soutient l’Ukraine, l’hystérie anti-russe, et les "sanctions" mais prétend combattre la guerre et l’appauvrissement de la population mise en état de guerre.
Comme la NUPES, Elle s’inscrit totalement dans la transition énergétique voulue par le pouvoir et l’UE, approuve la fin du gaz et du pétrole et la "sobriété" électrique mais elle se plaint de la hausse des factures et des risques de coupures. Tout cela pendant que ses fédés de la chimie et de l’énergie revendiquent le renforcement des filières du pétrole, du nucléaire et du gaz.
Tout cela aussi alors que Macron jubile devant ce renfort inespéré qu’il reçoit dans la construction de la pénurie, ce nouvel état d’exception qui fait suite au Covid et qui est basé cette fois sur la terreur du rationnement et du froid.

Moi, je trouve la fenêtre de tir bien petite. J’espère sincèrement me tromper.

15/10/2022 15:04 par Francois Jacques
15/10/2022 16:08 par Assimbonanga

@Lautaro, tu penses donc que désormais la lutte c’est entre les vieux et les jeunes ?
Je sens que l’humanité est vraiment sur la pente de l’intelligence et du progrès avec ces nouvelles théories qui émergent.

15/10/2022 16:17 par Assimbonanga

Jusque-là, tout va bien. Une vague de chaleur empêche le froid du mois d’octobre. Le chauffage et l’électricité n’ont pas encore fait sentir tous leurs effets qui auraient fédéré toutes les victimes de cet appauvrissement par-delà les corporations professionnelles. Donc, avec Macron et ses lieutenants zélés, on peut casser du sucre sur les syndicats, les privilèges des ouvriers des raffineries et patata ! On se réveillera quand il sera trop tard ! Et Macron aura encore gagné.
Y a un facteur chance, un alignement des planètes, la conjonctions des circonstances. Ou pas.

15/10/2022 22:50 par François de Marseille

100% d’accord avec Geb.
La gauche a un algorithme simpliste qui tiens de l’aveuglement idéologique pur et simple

Immigration : +
Grève : +
Nucléaire : -
Éolienne : +
UE : +
Actionnaires : -
...

Ces grèves me font penser aux grèves des policiers. Ils auront leur prime car ils ont un pouvoir de nuisance.
Mais celui qui verra l’un ou l’autre en soutien aux rond points tenus par les gilets jaunes il peut aller direct faire une grille de loto.
Leur seule motivation est le fric mais si ça égratigne le petit doigt d’un groupe estampillé "méchant", la CGT fait sont cinoche.
La CGT, parlons en ... est ce nécessaire de rappeler ce que le moustachu en chef pensait de ces moins que rien de gilets jaunes. Mais les salariés CSP++ de total ca le fait, on est avec eux. Là au moins ils peuvent gagner.
Pendant ce temps, l’UE pètes ses derniers boulons en alimentant une guerre qui est une folie absolue, mais personne n’ouvre les yeux sur ce monstre et ne pense à partir.

J’en profite pour recommander la chaîne youtube "Trouble fait". Ça fait du bien de revenir au fait, l’ideologie a ses limites..

19/10/2022 14:32 par Cesar

Mais non Assim, vous n’avez ríen compris.

Il s’agit d’une lutte entre les trans et les zoophiles, les premiers soutenus par les sikhs pakistanais, l’association des mamans fières-de-leurs-enfants-quoi-qu’il-en—coûte, et les seconds pas les adeptes du yoga primitif, les protestants d’Irlande et les chasseurs de sardines de 2 m. au large des côtes marseillaises.

Les groupe de pression du parlement pop comme les vieux patriotes râleurs, celui des jeunes hommes au sourire dynamique, ou encore celui des jeunes femmes moi aussi n’ont pas encore pris position, surtout depuis que le syndicat Tik Tok dirigé par des ex-staliniens et basé à Shanghai ne leur en a pas donné l’autorisation.

22/10/2022 08:21 par keg

https://wp.me/p4Im0Q-5Hp - JdG N° 57 (J + 250) – Réquisitoire : Une prime n’est pas une hausse de revenus, mais un colis fiché et plombé

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