Sur Médiapart, Edwy Plenel couine : abonnez-vous, « Ainsi, vous soutiendrez l’émergence dans notre démocratie d’un authentique média libre, alors que tous les grands médias sont aux mains d’industriels proches du pouvoir. ». Exactement ce que disent depuis toujours les sites Internet alternatifs, contredits avec dédain par la presse qui a fait Plenel et que Plenel a faite.
Ne reculant devant aucun artifice, Plenel, qui fut patron et licencieur avant de faire entrer Le Monde en bourse, a pris sa carte au Syndicat National des Journalistes CGT.
Mais, dans sa tête, il cotise au MEDEF.
Avant de venir s’encanailler sur la Toile, les vieux routiers du « journalisme » de papa s’aspergent d’épices pour masquer le fumet corrompu qui colle à leur costume. Regardons-les au maquillage avant qu’ils ne passent à la télévision qui les invite dans des élans de fausse audace : une once d’impertinence, un soupçon d’esprit Canard Enchaîné, un zeste de Voici, un saupoudrage d’analyse philosophique à la BHL. La casquette à l’envers, mais la calvitie en dessous, le jean troué sur un genou cagneux, la langue de bois en verlan, le slalom entre des portes, mais jamais du hors piste. Prêts à tout changer (dans leur accoutrement) pourvu que rien ne change (au Palais Brongniart), ils racolent le lecteur avec leurs appeaux, prétextant que le rejet par le public de leurs supports d’hier est dû à l’attrait d’une nouvelle technologie, mais se gardant bien de l’adopter sans des déguisements qui masqueront ce qu’ils sont, font et feront et qui ne diffère guère de ce qu’ils furent et firent naguère.
Ce n’est pas leur talent qui est en cause, ce sont les corsets qui les enserrent et dont ils s’accommodent jusqu’à les oublier ; presque de bonne foi, ils prétendent n’en point porter, à l’instar de David Pujadas qui réfute dans un livre la question dont tout le monde connaît la vraie réponse « Et vous subissez des pressions ? ».
Affectés du syndrome de l’âne de Buridan, ces néo-cyberjournalistes frayent, indécis, parmi les jeunes pousses d’Internet, les frais tendrons au regard franc et ils louchent vers les portes à tourniquet des médias traditionnels, en quête de reconnaissance par ceux-là même dont ils prétendent se distinguer désormais. Et qui les accueillent sans lever un sourcil, pas dupes. « Entre donc, fils prodigue, ton couvert n’a jamais été enlevé. Fais voir ta carte du SNJ-CGT. Ah, ah ! »
Théophraste.