Dans un précédent billet (voir ci-dessous en archives « Essayez donc l’ignorance ») je regrettais que les Français ignorent que onze prix Nobel ont pris position pour Cuba. La faute exclusive à l’hostilité de notre classe politique envers Cuba ? Pas si simple.
A vrai dire, le NPA marque un prudent rapprochement, le PCF a revu sa mauvaise copie de naguère, J.L. Mélenchon n’hésite pas à évoquer Cuba dans la première réunion publique du Parti de Gauche, les gaullistes de gauche soutiennent l’île caribéenne depuis toujours, comme le fit Jack Lang à la télévision et, si l’on tremble à l’idée de ce qu’en dirait Martine Aubry, on sait que des parlementaires du PS aimeraient que leur parti se démarque des USA sur cette question.
Et l’UMP, alors ? Voici que Patrick Trémège, ancien député, conseiller de Paris, vice président du groupe UMP s’exprime : « J’entends depuis maintenant plusieurs semaines des voix autoproclamées bien pensantes nous dire toute l’horreur que leur inspire la situation de Cuba […] Je me méfie par nature des unanimismes confortables, j’ai encore en mémoire les pseudos informations concernant les usines d’armes nucléaires que l’on devait découvrir en Irak […] Mais ça n’est pas parce que la philosophie politique choisie par un pays est différente de la mienne que je dois m’exonérer de la considérer avec un minimum d’objectivité et ne pas reconnaître un certain nombre de réussites […] …c’est à un examen minutieux que j’appelle sachant que pour prêcher la vertu il faut être un peu vertueux soi-même » (voir texte complet http://s147752339.onlinehome.fr/cubadev
On avait déjà entendu un autre député UMP, Eric Raoult (si, si !), se solidariser sans ambages avec Cuba.
Oh, bien sûr, des coups viendront encore de quelques-uns qui sont ici loués pour ne pas défiler sous le drapeau de la pensée unique ! Mais, si l’on résume, il semblerait que le manichéisme, l’hostilité brute de décoffrage, la manipulation systématique aient déserté quelques pans de la classe politique. La caricature au front de taureau campe, compacte, granitique, borgne et hargneuse dans un réduit vindicatif et menteur qui s’appelle Média-city (pour ceux qui n’ont pas de GPS, c’est au fond du couloir à droite).
Quiconque en doute devrait lire (dans le lieu indiqué ci-dessus) les articles consacrés à Cuba par le Monde et Libération qui se la jouent en essayant de faire croire qu’Hubert Beuve-Méry et Jean-Paul Sartre continuent à tracer leur ligne éditoriale et à veiller sur leur déontologie.
Théophraste.