Les « mass médias », un acteur stratégique de premier plan pour faire passer des vessies pour des lanternes.
Henri Coston, dans son livre « Les 200 familles au pouvoir » (paru en 1977), au chapitre V intitulé « mass media au service du Grand Capital », commence par rappeler les conséquences, à l’époque, de cette mainmise du Grand Capital sur le secteur « Presse-Livre », et notamment, sur la prise de possession par un seul homme de deux mastodontes de la presse française : le Figaro et France-Soir. « Les journaux, la radio et la télévision, écrit-il, ont été prolixes sur l’affaire du Figaro et sur celle de France-Soir, mais ils l’ont été infiniment moins sur M. Hersant, le nouveau « patron » de ces deux quotidiens parisiens. Ils ont souligné ce qu’il y avait d’anormal dans la prise de possession de ces mastodontes de la presse par un seul homme, mais ils n’ont guère manifesté de curiosité pour le personnage lui-même (hormis quelques rares confrères plus soucieux de démolir un concurrent ou un adversaire politique, que d’expliquer un phénomène social inquiétant). Par exemple, ils ont omis de dire que M. Robert Hersant, à ses débuts, avait pour commanditaire le financier Haïm-David Igoin, homme de confiance de l’Union soviétique, arrêté par la D.S.T. en 1955 pour ce motif (et bientôt relâché), qui administrait pour le compte du Kremlin plusieurs sociétés françaises : Société Parisienne de Banque, Cie France-Navigation, Sté Européenne pour l’industrie et le Commerce, Sté Industrielle et Commerciale des Produits Récupérés, Sté d’Exploitation des Procédés Lafaille, Sté de Location des Sièges Dossiers, Sté de Construction d’Ouvrages Préfabriqués, Sté Parisienne de Banque, devenue Cie Financière de Paris, Consortium du Nord, Cie Française de Cultures et de Participations, etc. […] Dans ces deux dernières sociétés, liées à la Banque Française de la rue Vivienne, M. Haïm-David Igoin avait placé l’un de ses fidéicommissaires, l’ancien sénateur Lanet, un secrétaire d’Etat du gouvernement Mendès-France (1954-1955). Notons que M. Hersant est un ancien supporter de M. Mendès-France et un ami de M. Edgar Faure (On connaît les sympathies de M. Edgar Faure, qui est l’un des rares politiciens français parlant russe, pour l’Union soviétique) qui a joué un rôle important dans les négociations concernant le Figaro. »
« J’ai longuement expliqué dans « Les Financiers qui mènent le monde » et dans « Le Secret des Dieux » comment « Hachette », qui contrôle une grande partie de la distribution, exerce une dictature discrète mais réelle sur la pensée française. Je n’y reviendrai pas, renvoyant le lecteur à ces deux ouvrages qui expliquent le mécanisme de l’opération. […] Le monopole Hachette, notamment et très officiellement, dans les bibliothèques de gares et du métro parisien, est considéré par les écrivains lucides comme un véritable attentat à la liberté d’opinion. Des hommes de lettres comme Huysmans et Maupassant, Mirbeau et Barbey d’Aurevilly, des journalistes comme Drumont et Rochefort, des hommes politiques aussi différents que Barrès, Clemenceau, Deroulède et Millerand se sont, jadis, indignés du droit que la maison Hachette s’arrogeait déjà dans le domaine de la pensée. […] Aucun des livres dits « exclusivité Hachette » ne pouvait paraître sans un accord formel (c’est-à-dire sans que chaque manuscrit soit passé au crible et soumis à l’approbation d’un censeur de la puissante maison pour être retenu). Que de bons livres, trop peu conformistes, ont été ainsi écartés depuis cinquante ans et plus ! C’est cette censure que Drumont jugeait intolérable : « De quel droit, écrivit-il un jour (les patrons de la Maison Hachette) exercent-ils sur les livres qui traitent des questions sociales une censure qu’ils n’exercent pas sur les obscénités ? De quel droit se permettent-il d’empêcher le public de lire un ouvrage irréprochable en tous points sous le rapport des mœurs, et qui n’a que le tort de pas être suffisamment respectueux pour les Rothschild ? » Depuis quelques années, la situation est plus alarmante encore. Hier, il se trouvait des libraires assez courageux ou simplement connaissant leur métier et bons commerçants qui, se passant du « trust vert » (Nom donné avant la guerre à Hachette en raison de la couleur verte de ses voitures et de la devanture de ses dépôts), commandaient directement à l’éditeur le livre jugé trop non conformiste pour être diffusé par la voie normale. Ce sont ces quelques centaines de libraires qui ont permis à des dizaines de milliers de nos contemporains de lire ce que les financiers qui mènent le monde veulent leur cacher. Pour briser cette opposition latente au monopole, pour empêcher que trop de livres puissent se vendre en dehors du circuit, un malin au service des trusts et des banques eut une idée de génie : retirer aux petits libraires une partie de leur clientèle, donc provoquer à plus ou moins longue échéance leur disparition. Pour ce faire, deux moyens : la vente par correspondance à prix avantageux et les magasins de discount. C’est ainsi que furent créés, ici et là, des entreprises offrant à prix réduits, les derniers ouvrages à succès des grands éditeurs. Quant aux magasins de discount, qui font des remises atteignant 20 % sur les nouveautés de librairie, ils n’appartiennent jusqu’ici qu’à une seule entreprise : la F.N.A.C.. […] Les révélations de « Lectures françaises » furent comme un coup de projecteur donné dans la coulisse de la F.N.A.C. On découvrit alors, tapis dans l’ombre des grandes affaires, les véritables tireurs de ficelles. On s’aperçut que la F.N.A.C., qui s’était présentée au début comme une « Fédération d’Achats des Cadres » était une société anonyme au capital de plusieurs milliards d’anciens francs dont les dirigeants effectifs appartenaient aux oligarchies financières. Exactement comme le « trust vert », avec lequel la F.N.A.C. est d’ailleurs liée. »
NB : Serge Hutin, dans son ouvrage « Gouvernement invisibles et sociétés secrètes », dit que Jacques Bergier lui racontait un jour « qu’il existe une série de questions dont il est absolument interdit à la presse de parler et dont la liste se trouve stipulée avec précision sur un petit carnet noir qui, quel que soit le régime politique du pays, car l’interdit est universel, mondial, se trouve remis à tout directeur d’un important organe de presse d’information, qu’il soit tributaire du grand capitalisme ou communiste. ».