Le Colombien Hernando Calvo Ospina écrit pour le Diplo, Le Grand Soir... Il a toujours écrit pour des journaux honorables. Plus jeune, cela lui valut d’être arrêté et affreusement torturé en Equateur.
Il vit en France depuis 30 ans, avec le statut de réfugié politique. Sa compagne est française, ils ont deux enfants français. La France lui refuse obstinément la nationalité française. Le dernier refus est motivé par sa « proximité avec l’idéologie castriste », ses « relations avec la représentation cubaine à Paris ». Autre grief : avoir rencontré plusieurs membres des FARC, « à l’occasion de vos activités de journaliste ». Ben oui, c’est le job. Mais la vraie raison est écrite crûment dans la lettre de refus : Hernando fait partie d’une « liste américaine de personnes interdites de survol de l’espace aérien des États-Unis ».
Ce trublion international a un talent sans pareil pour introduire dans ses articles des anecdotes qui éclairent tout un contexte. Tenez ici, où une mère colombienne vient chercher des nouvelles de son fils, Fair Leonardo Porras Bernal, disparu depuis huit mois. Un fonctionnaire lui dit qu’elle était la mère d’un chef narco-guérillero, mort dans un affrontement avec l’armée. Il précisa qu’il portait une tenue de camouflage et tenait un pistolet, déchargé, dans la main droite. La mère le regarda de ses yeux pleins de larmes. Elle inspira profondément et lui répondit d’une voix posée : « Non, monsieur, je suis la mère de Fair Leonardo Porras Bernal, un jeune homme de 26 ans, déficient mental de naissance, dont la capacité intellectuelle correspond à celle d’un enfant de 8 ans. » Elle ajouta que son fils « ne pouvait pas avoir tiré avec une arme, car la partie droite de son corps, y compris sa main, était paralysée ».
Pour en savoir plus sur les pays amis de la France et des USA en Amérique latine, lisez cet article de Calvo Ospina.
Théophraste R. Lanceur d’une souscription pour la fabrication d’une petite boite qui ferait « Colombîîîîîîê » quand on la retourne.