Superbe !
C’est l’occasion de se rappeler qu’après le traité de Paris en 1763 , le français est devenu la langue diplomatique et le demeurera jusqu’à la guerre de 1914-1918.
"C’est cette langue aristocratique qui était parlée dans presque toutes les chancelleries de l’Europe et employée comme langue pour les tractations diplomatiques ; elle avait détrôné le latin, même si celui-ci demeurait encore d’usage courant. L’extension de la langue « françoise » (toujours prononcée [franswèz]) était alors considérable, en raison des conquêtes royales et de l’exode des huguenots hors de France.
Cette langue était particulièrement diffusée en Angleterre et aux Pays-Bas, mais aussi en Allemagne, en Suisse, en Italie, dans les pays scandinaves (Danemark, Suède et Norvège), en Hongrie, en Pologne, en Russie tsariste et jusque dans les Amériques (Canada, Acadie, Louisiane, Antilles). En fait, il n’existait guère une cour allemande ou italienne, où l’on ne trouvait pas des Français ministres, ingénieurs, fonctionnaires, chambellans, maîtres de ballet, académiciens, peintres ou architectes. Ceux-ci exportait le « françois » (toujours prononcé [franswè]).
Frédéric II (Prusse), le prince de Ligne (Autriche), Giovanni Giacomo Casanova (Italie), Jacob Grimm (Allemagne), l’abbé Ferdinando Galiani (Italie), Robert Walpole (Grande-Bretagne), Catherine II de Russie, Marie-Thérèse d’Autriche, Joseph II (Autriche), etc., écrivaient un français excellent. Paris était alors la « capitale universelle ». Rappelons cette remarque du grammairien jésuite, Dominique Bouhours (1628-1702), sur la langue française :
Il n’y a guère de pays dans l’Europe où l’on n’entende le françois et il ne s’en faut rien que je ne vous avoue maintenant que la connaissance des langues étrangères n’est pas beaucoup nécessaire à un François qui voyage. Où ne va-t-on point avec notre langue ?
On croirait entendre un Américain du XXIe siècle ! Des historiens racontent même que des écrivains allemands s’indignaient que certains de leurs compatriotes réservaient le français pour la « conversation » et ne parlaient l’allemand « qu’à leurs chevaux »."
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/HIST_FR_s6_Grand-Siecle.htm