C’était au Village du livre de la fête de l’Huma. Je pris dans mes mains un livre sur Che Guevara et je demandai à son auteur, qui s’apprêtait à me le dédicacer :
- Et vous écrivez que c’est Fidel Castro qui l’a fait tuer ?
L’auteur fit un bond, ses épaules se soulevèrent, son dos se plaqua au dossier de sa chaise. C’est ainsi, je vous le jure, qu’il réagit à ma piqûre de scorpion. Il me répliqua, sans bonhomie :
-Non monsieur, je suis historien, pas journaliste.
Et paf ! Il avait bien résumé la problématique, la différence entre un intellectuel attaché aux faits, aux documents et un journaleux de notre époque.
Demain, après demain ou dans deux décennies, à la fête de l’Huma, un lecteur, feuilletant négligemment un livre sur Julian Assange, demandera à son auteur :
– Et vous écrivez que c’était un violeur en fuite ?
Théophraste R. Sous-chef par intérim du bureau du Grand Soir chargé d’échanger nos ordures contre l’or pur que les Anglais prévoient d’envoyer aux USA.
À Saint-André de l’Épouvante, on dit que quand le lapin est armé jusqu’aux dents, le chasseur prend son trou…