Ci-dessous la traduction par mes soins d’un article de juillet-août 2018 de l’excellent site vénézuélien de contre-information Mision Verdad, qui vont dans le sens du message de L.A. et d’une guerre par procuration (qui mieux que le frère ennemi héréditaire pour être aux avants-postes ? Et le timing -sortie effective de la Colombie de l’UNASUR, fin annoncée des réserves colombiennes en hydro-carbures- est respecté avec le regain de tension actuel )
"Les signes avant-coureurs d’une prochaine agression colombienne contre le Venezuela
Sur l’échiquier géopolitique régional, quatre mouvements laissent présager d’une probable action militaire prochaine et d’une opération sous fausse bannière contre le Venezuela ; tout indique que l’Etat colombien en serait le principal opérateur.
L’emballement de la situation coïncide avec l’arrivée de l’uribisme (du nom de l’ancien président colombien d’extrême-droite Alvaro Uribe) au pouvoir à Bogota ; durant ses quelques 20 premiers jours de pouvoir, toutes les déclarations ou actions nationales ou internationales du nouveau président élu, Ivan Duque, ont ciblé le Venezuela.
Premier indice : mouvements diplomatiques et échec du magnicide
Deux de ses décisions diplomatiques mettent bien en évidence sa volonté de mener une politique hostile envers le Venezuela. A peine élu, et avant même son investiture, il a annoncé publiquement qu’il ne nommera pas d’ambassadeur au Venezuela, tant que Nicolas Maduro, qu’il estime illégitime, sera président.
D’autre part, mardi 28 août, 21 jours après son accession au pouvoir, Duque a signifié le retrait de la Colombie de l’UNASUR, avec effet dans 6 mois ; il a justifié sa décision par le fait que cette organisation aurait cautionné ce qu’il appelle « la dictature au Venezuela »
En fait tout autorise à penser qu’en se retirant de cette organisation la Colombie cherche à avoir le champ libre ; elle ne se sentirait plus liée, notamment par la résolution prise en Conseil de sécurité de l’UNASUR en 2009 selon laquelle « les états membres de l’UNASUR s’interdisent d’utiliser la force, les menaces ou tout type d’agression militaire ou d’atteinte à la stabilité, la souveraineté et l’intégrité territoriale des autres états membres »
Selon une pratique courante observée en d’autres points du globe, entre une décision et une autre on voit apparaître un fonctionnaire étatsunien de premier plan . Pour le cas qui nous occupe c’est Nikki Haley, ambassadrice étatsunienne devant l’ONU, qui a donné des ordres au gouvernement colombien depuis le département colombien de Norte de Santander, limitrophe avec le Venezuela ; elle a dit textuellement le 8 août dernier : « Il est temps que les pays de la région qui souffrent des conséquences de la migration de vénézuéliens, condamnent fermement le président Maduro et le somment de s’en aller ! »
A ces trois actions diplomatiques consécutives et marquées du sceau de l’agressivité, ajoutons la tentative de magnicide contre le président Maduro le 4 août dernier, organisée et financée du côté colombien, avec la bénédiction des autorités de ce pays.
Deuxième indice : des faux positifs contre le Venezuela
Le 21 août dernier, le gouvernement colombien a dénoncé une prétendue violation de son espace aérien par deux hélicoptères de la Garde Nationale Bolivarienne (GNB). Le Ministère Vénézuélien des Affaires étrangères a immédiatement répliqué en qualifiant cette accusation de « faux positif » motivé par l’impact des dernières mesures économiques et monétaires (annoncées par le président Maduro) sur les intérêts de certains secteurs économiques colombiens.
Au même moment un autre « faux positif » continue de prospérer : la prétendue crise des réfugiés vénézuéliens dans les divers pays de la région.
Le Pérou joue avec les personnes qui viennent du Venezuela, imitant le double jeu -connu sous le nom de « politique des pieds mouillés, pieds secs » que pratiquaient les Etats-unis à l’égard de Cuba. D’un côté les autorités péruviennes incitent à l’émigration vénézuélienne en promettant l’octroi d’une carte de travail à ceux qui viendront au Pérou avant décembre 2018, de l’autre elles décrètent ce 28 août une urgence sanitaire à sa frontière en raison de cette immigration.
Parallèlement en Colombie, on manipule les chiffres pour faire croire à une crise générée par l’afflux croissant de réfugiés vénézuéliens en territoire colombien. Des « casques blancs », constitués par la Commission norvégienne en faveur des réfugiés et par la Croix-Rouge colombienne, ont été positionnés à la frontière colombo-vénézuélienne ; cette semaine, à quelques kilomètres à peine de l’espace maritime vénézuélien c’est un bateau-hôpital étatsunien qui a accosté ; le président bolivien, Evo Morales, n’a pas hésité à critiquer haut et fort cette atteinte à peine voilée à la souveraineté du Venezuela.
Troisième indice : la Colombie perd son autosuffisance pétrolière à partir de l’an prochain !
L’annonce de mesures de contrôle sur l’essence vénézuélienne a failli coûter la vie au président Maduro, et continue d’agiter l’establishment colombien ; en effet ces mesures portent un coup sévère aux mafias qui tiraient profit de la contrebande de carburant ; et cela n’est pas sans danger pour l’état colombien lui-même, car la crise sociale qui s’ensuivrait -et cela s’est vu par le passé- dans la principale ville limitrophe de Cucuta mettrait en évidence l’abandon dans laquelle le pouvoir central a laissé cette région en la livrant aux trafiquants. La Colombie est en train de perdre son autosuffisance pétrolière.
C’est une des raisons encore trop peu connue, et pourtant publiée il y a deux ans dans une note sans détours des services du Contrôleur Général de la Colombie : le pays perdra peu à peu sa capacité d’auto-approvisionnement en combustible à partir de 2019, et définitivement en 2021, ce qui obligera évidemment le pays à importer du pétrole depuis le pays producteur le plus proche : le Venezuela.
Les techniques de fracking, que le président Duque promeut activement , semblent une solution désespérée pour parer à ce qui s’annonce ; mais la polémique sur ces techniques enfle dans le pays ; et par ailleurs il est peu probable qu’elles suffisent à récupérer l’autosuffisance perdue.
Quatrième indice : les manœuvres UNITAS LIX-2018
Ce dernier indice concerne les manœuvres militaires UNITAS LIX-2018 qui se dérouleront à Carthagène à partir de la première semaine du mois de septembre.
Cet exercice conjoint aura pour théâtre d’opérations la côte caribéenne colombienne à quelques encablures à peine de l’espace maritime vénézuélien. A cette occasion les effectifs militaires étatsuniens vont augmenter de façon conséquente sur le territoire colombien, et on notera une forte concentration de navires et de sous-marins en provenance des Etats-Unis et de 13 autres pays, parmi lesquels le Royaume-Uni.
Le 14 juillet dernier le président Duque s’est réuni avec le chef du Commando Sud, Kurt Tidd, pour renforcer les liens de coopération et de défense entre les deux armées. L’an passé, au tout début du coup d’état rampant entrepris par Washington et l’opposition locale, la Russie a mis en garde contre le rôle du Commando Sud dans ce processus de déstabilisation, notamment à la suite des provocations cherchant à attiser les violences. Toujours cette année-là, au mois de mars, Tidd a insisté auprès de la Commission sénatoriale des Forces Armées sur l’urgence d’une augmentation budgétaire pour tenter de contrer l’influence grandissante de la Chine et de la Russie dans la région, ce qui désignait indirectement le Venezuela.
Ajoutons à ce tableau trois faits notables : d’abord, après 11 ans d’absence, l’Equateur confirme son retour dans ces manœuvres militaires sous commandement étatsunien ; ensuite ce même pays vient d’annoncer son retrait de l’ALBA ; enfin les 30 et 31 août derniers les manœuvres militaires décrites plus haut ont coïncidé avec les manœuvres Estrella Austral 2018 commencée le 22 août au Chili, elles aussi sous commandement étatsunien et visant à l’entraînement de troupes aéroportées sur des missions internationales.
Les autorités vénézuéliennes doivent bien prendre la mesure de ces quatre facteurs ; mais également tous les acteurs latino-américains et caribéens soucieux de préserver la paix régionale et d’éviter l’embrasement général."