Les « journalistes » de BFMTV plantés dans la rue avec un micro, face à la caméra, doivent-ils, pour être titularisés, prononcer un maximum de « eh bien ! » en un minimum de temps ?
En vérité, ces perruches et perroquets apprennent le métier les uns chez les autres, vautrés dans un mou psittacisme qui nous impose cette « circulation circulaire de l’information » décriée par Pierre Bourdieu.
Nous avons déjà montré et prouvé ici, ici et ici comment ces petits soldats de la caserne de la Pensée Unique mentent et s’étonnent ensuite d’être huées, conspués, insultés, voire coursés (mais pas « quasi lynchés », chochottes, comme leurs confrères ont le culot de l’écrire).
Antoine Heulard, de BFMTV, est un enfumeur qu’on peut croiser aussi sur TV5 Monde, RMC, France 3, Le Figaro. La presse subventionnée est un village (Corleone, vous dites ?). Dimanche matin, il a commis un reportage en direct où il dramatise en montrant les stigmates de la violence des casseurs : un bout de rue dégoudronnée pour obtenir des projectiles ( gros comme une noix), des vitres cassées d’un abribus et, le sommum : une touriste américaine (terrorisée mais non montrée) dont il nous dit qu’elle s’était « barricadée » dans sa chambre d’un hôtel de luxe dont la façade a été « en grande partie taguée » . Parenthèse : impossible de retrouver le replay (disparu ?) de cette séquence que je rapporte donc de mémoire.
En fait, il s’agit de deux tags modestes dont le plus gros dit, sur trois lignes serrées :
« Macron,
suce mon
fion ».
On colle une moitié de gilet jaune devant chaque tag et la trop leste invitation disparaît avant que l’Elysée n’accuse réception et ne donne son avis.
Antoine Heulard est capable de mentir alors que l’image concomitante montre qu’il ment. Il s’en fiche ! Il sait que BFMTV ne lui en fera pas reproche. Ni aucun organe de presse. Ni aucun de ses confrères (sauf les journalistes libres sur Internet).
Antoine Heulard et ceux de sa bande sont comme le Macron d’avant les gilets jaunes, qui pensait qu’il pouvait tout dire et tout faire dans l’impunité. Et puis, soudain, ce qu’on avait prédit ici arrive : ça casse. Compris Heulard ?
Hélas, comptez sur l’ensemble de la profession pour protester si, lors d’une prochaine manifestation, les gilets jaunes font aux journaleux de BFMTV une conduite de Grenoble (1).
Et comptez aussi sur une partie de leurs syndicats pour nous reprocher notre combat pour une information honnête qui passe par la dénonciation de la concentration de la presse dans les mains de 9 milliardaires et, en même temps, par la dénonciation des journalistes (de plateaux et de terrain) menteurs, manipulateurs et droitiers.
Théophraste R. Editorialiste tireur de cartouches de sel pendant la chasse aux plumitifs.
(1) Note à l’intention des « journalistes » (sic) de BFMTV. Mes lecteurs me pardonneront cette précision pour eux superfétatoire : faire une « conduite de Grenoble » eh bien c’est chasser physiquement d’un groupe eh bien un individu qui a eh bien failli, volé, escroqué. Elle n’est pas brutale, mais humiliante. C’est eh bien une flétrissure. Celui qui a ainsi été exclu ne peut plus eh bien revenir sur les lieux où sa présence eh bien est jugée indigne.