Chris :"À france inter les rires sont enregistrés."
Oui, c’est un procédé qui se répand depuis les séries américaines : j’ai vu jadis des numéros de "Madame est servie" ; ils étaient entrecoupés de tranches de rire préenregistrées et prédécoupées, commençant net et s’arrêtant net, effet ridicule. C’est la marque d’un mépris absolu pour le public.
Dans le bruitage ambiant, le rire, marchandise lui aussi, est devenu le propre de la machine, et les participants et spectateurs éventuels, s’ils adhèrent, sont eux-mêmes robotisés et leurs "cerveaux disponibles" farcis de faussetés et de platitudes qu’ils prennent pour de l’esprit. Du mécanique plaqué sur du mécanique.
J’ai aussi eu regardé jadis quelques numéros de Philippe Bouvard dans Samedi soir. J’en garde un souvenir atroce et humiliant.J’ai l’impression que les "animateurs" d’aujourd’hui sont ses héritiers encore plus dégénérés. Mais ils ont beau faire, il reste quelque chose d’irréductible dans le rire spontané qui naît de la vie de tous les jours, - au beau milieu des difficultés et tristesses de celle-ci, - et qui redonne confiance en l’humanité.
Comme disait Molière en se moquant des grands sentiments dont se guinde parfois le théâtre tragique : "c’est une étrange entreprise que de faire rire les honnêtes gens".